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Lettre ouverte d'un électeur à tous ceux qui font de la politique à gauche

Chers camarades,

Comme disent les Chinois, il est des coups de massue qui rendent lucides : si la gauche veut remporter les élections présidentielles de 2012, elle devra aller unie au combat dès le premier tour.

Imaginer que tel ou tel candidat ou candidate évitera la dispersion des voix à gauche entre vos différents partis, provoquera le réflexe d'un vote « utile », est un pari dangereux, une illusion entretenue par des sondages dont on connaît la volatilité? et la fiabilité.

Enterrer Nicolas Sarkozy trop vite est tout aussi illusoire. C'est un redoutable adversaire en campagne électorale, chacun le sait. C'est un des rares domaines où sa compétence n'a pas encore été mise en doute.

Mais surtout, Marine Le Pen sera vraisemblablement au second tour, nul besoin de sondages pour le craindre.

L'élection présidentielle de 2012 se gagnera donc au premier tour. Autrement dit, celui des deux candidats, de gauche ou de droite, qui aura le plus rassemblé son camp avant le scrutin présidentiel aura de fortes chances de l'emporter, soit parce qu'il sera face à Marine Le Pen, scénario hélas le plus probable, soit parce qu'il aura obtenu un score élevé au premier tour et aura donc créé une dynamique suffisante pour gagner le second.

C'est le bête et implacable raisonnement arithmétique qu'impose notre scrutin majoritaire à deux tours. On peut regretter qu'il en soit ainsi, qu'il ne nous soit plus permis de faire un « choix de coeur » au premier tour. Mais c'est comme ça.

Cette réalité électorale doit conduire les politiques que vous êtes à agir en conséquence, c'est à dire à vous battre pour que ce soit bien le candidat de gauche qui rassemble le plus efficacement son camp dès le premier tour, et non celui de droite, Nicolas Sarkozy.

Inutile d'attendre le dernier moment pour bâcler un marchandage de circonstance, purement politicien, ou le programme et les idées passeront à la trappe. Inutile encore de compter sur un accord entre les deux tours, vite fait bien fait, entre les partis de gauche au cas où ce serait l'un des leurs qui accède au second tour. Dans le premier cas, face à Le Pen, pourquoi le candidat s'embarrasserait-il d'une négociation avec ses amis politiques alors qu'il est pratiquement certain d'être élu ? Dans le second cas, face à Sarkozy, redoutable candidat, le spectacle de chefs de partis de gauche se rabibochant opportunément après une campagne qui les aura durement opposés sera d'un effet déplorable et ne peut que favoriser le candidat de la droite.

Avez-vous le droit d'envisager cette défaite ? N'avez-vous pas, au nom de la confiance et des mandats que vous ont confié le peuple, des obligations, dont celle de gagner pour mettre un terme à la politique désastreuse menée par Nicolas Sarkozy ?

Chers camarades, il est temps d'atterrir. D'arrêter d'avancer en ordre dispersé, avec des candidatures tactiques, « providentielles » ou fantaisistes. Bref, il est temps de prendre la mesure de cette nouvelle donne électorale et d'en tirer les conséquences. Dès que possible, vos partis doivent travailler ensemble à une plateforme commune et à la désignation d'un candidat unique pour toute la gauche. Après tout, les primaires ont bien été imaginées pour cela, non ?

Rappelez-vous : n'avaient-elles pas vocation, à l'origine, à sortir des logiques partisanes en s'adressant à tous ceux qui « partagent les valeurs de la gauche », qu'ils soient roses, verts ou rouges ? Imaginez la dimension que prendraient ces primaires si elles mobilisaient tous les partis ! Elles donneraient un autre souffle à la campagne et un autre poids au candidat ainsi désigné. Et avouons-le, elles seraient sûrement prises beaucoup plus au sérieux qu'aujourd'hui.

Pour vous, responsables politiques, ce ne sera pas facile de dépasser les clivages et les rivalités d'appareils, on l'imagine. Certains d'entre vous ne souhaiteront peut-être pas monter dans le train de l'unité. Mais l'enjeu est à la hauteur de l'effort : pour que la gauche remporte ce scrutin présidentiel, l'unité et les concessions qu'elle implique, sont le prix à payer et, soyons plus positifs, le défi à relever.

D'ailleurs pensez-vous sérieusement qu'un programme qui rassemble tous les partis de gauche soit un défi aussi insurmontable ? Nous partageons tous un socle de valeurs communes : écologie, services publics, société solidaire, emploi pour tous, fiscalité redistributive, laïcité, régulation de la finance, éducation, innovation, recherche, et bien sûr, l'ambition d'une France forte, généreuse et influente sur la scène mondiale.

Chers camarades, quelle tâche plus stimulante qu'un programme unitaire pour ceux qui aiment la politique et veulent changer les choses ! Ce n'est pas une utopie, c'est une nécessité. Les électeurs le sentent et multiplient les appels dans la presse et sur le Net. Nous sommes à un an de l'échéance, vous avez encore le temps de vous y mettre. N'attendez pas.

Un programme, un candidat? la victoire en 2012 !

Liste des blogueurs signataires de cette lettre :

Captainhaka : Le grumeau, Custin d'Astrée : 365 mots, Cycee : bahbycc, Dominique Darcy : dominiquedarcy, Eric Citoyen : Mon Mulhouse, Gaël : De tout et de rien, Jean-Claude : Slovar ? Les nouvelles, Jean Renaud Roy : @jr_roy, Juan : SarkoFrance, Jules Praxis : @jules_praxis, Le Coucou : Le coucou de Claviers, Melclalex : A Perdre la raison, MrsClooney : La femme de George (s) , Nicolas : Partageons mon avis, Nicolas : La rénovitude, Nicolas Cadène : Débat soc
ialiste
, Rimbus : Rimbus le Blog, Romain Pigenel : Variae, Ronald : Intox2007, Jacques Rosselin : @rosselin, Seb Musset : Les jours et l'ennui de? , Stef : Une autre vie,  Sylvie Stefani : Trublyonne, Vogelsong :
Piratages, Yann Savidan Carnet de notes de?, Zeyesnidzeno : La France a peur

Arnaud Montebourg répond aux internautes sur 20minutes.fr

 

Une vision à long terme pour le pays :

 

« Je défends une transformation de notre société sur 4 plans:

d’abord la transformation du système économique qui doit remettre la finance au service du re-développement de notre économie, ce que j’appelle le renouveau productif car la France est en voie de marginalisation économique,

ensuite la mutation écologique de nos modes de vie qui est, à mes yeux un outil de relance économique,

troisièmement la naissance d’un capitalisme au service des êtres humains, ce que j’appelle le capitalisme coopératif,

enfin l’édification de la VIe république, qui transformera les conditions dans lesquelles nous prendrons les bonnes décisions ensemble. »

  

Dquestions précises, des réponses argumentées et pertinentes :


  • le capitalisme cooperatif pour redonner du sens au travail et remettre l’économie au service du bien commun
  • l’indexation des salaires sur la productivité des entreprises pour renforcer le pouvoir d’achat
  • « Il y a des services publics qui devront réembaucher: dans l’éducation, dans la police, dans la gendarmerie, dans la justice »
  • « définir avec les Français le niveau de service public qu’ils attendent et le niveau d’impôt qu’ils sont prêts à y mettre »
  • « pour une taxation universelle sur les transactions financières en contrepartie des impôts qui frappent excessivement le travail.« 

 

l’intégrale sur http://www.20minutes.fr/article/631903/chat-vous-interviewe-arnaud-montebourg-

Pour parler explicitement d’ avant-projets dans le cadre des primaires de 2012

Sachons tirer les enseignements des erreurs du passé. Pour gagner en 2012, les sympathisants progressistes, socialistes, démocrates, écologistes devront se rassembler derrière un/une candidat(e) et un projet.

 

Il serait illusoire, naïf et contre-productif de penser que « seul compte le projet » , et que le/la gagnant(e) des primaires se rangera d’emblée au service d’un projet livré « clés-en-mains », et encore moins d’un projet 100% PS. Nous l’avons douloureusement vécu en 2007.

 

Il s'agirait donc de parler explicitement d'avant-projets portés par les candidats à la candidature.

 

Cela suppose bien évidemment que les primaires se tiennent au-delà du PS, selon une formule proche de celle décrite dans le livre de Montebourg/Ferrand. On n'oserait imaginer qu'il puisse en être autrement, et que de telles primaires se limitent à désigner tardivement, au sein du seul PS, un/une candidate devenant l'otage d'un projet 100% PS.

 

Afin de nous positionner d’emblée sur une trajectoire gagnante, ma proposition est de parler explicitement d'avant projets, que devront porter les candidats aux primaires. Il serait demandé à chaque candidat de proposer une plate-forme, constituée de valeurs fortes, de grandes lignes, de priorités, où rien n’est figé, et qui ne soit pas (trop) prétexte à des clivages ou des regroupements comme le sont les motions du PS.

 

 

Au-delà de la sémantique, cette notion d'avant projet revêt un caractère symbolique. Cela permettrait de créer et d'entretenir une vraie dynamique d'ouverture, de participation, de rassemblement.

 

Charge ensuite à le/la candidat(e) élue, sur la base de son avant-projet, d’en faire un projet fédérateur et rassembleur

 

Pour résumer : les avant-projets, puis la primaire et le/la candidat(e), puis le projet.

54 mesures pour la politique industrielle

Deux semaines avant les moulinets présidentiels de Marignane, le PS a proposé le 22 février dernier, dans un silence médiatique assourdissant, une série de 54 mesures pour la politique industrielle en France et en Europe, vers un modèle de production social-écologique, en résumé :


  • Créer un Pôle public d'investissement industriel (2P2I).
  • Moduler l'impôt sur les sociétés en fonction des bénéfices réinvestis ou versés sous forme de dividendes.
  • Repenser le ciblage stratégique du crédit impôt recherche et le réorienter  vers les PME.
  • Elaborer une politique de filière en sélectionnant les domaines les plus porteurs et en réglementer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants
  • Favoriser une meilleure information aux consommateurs, par un étiquetage approprié des produits
  • Transformer la gouvernance des pôles de compétitivité, en donnant un vrai rôle d'orientation stratégique à l'État et aux régions.
  • Décourager les fermetures de sites pour des raisons financières.
  • Promouvoir la création d'un grand ministère européen de l'Industrie
  • Réorienter les politiques européennes pour créer un cadre macroéconomique et financier adapté au développement de l'industrie et pour lutter contre le dumping fiscal, social et environnemental au niveau européen.

L'intégralité du rapport est téléchargeable ici.

Monsieur le Président, devenez camusien !, par Michel Onfray

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Vous venez de manifester votre désir d’accueillir les cendres d’Albert Camus au Panthéon, ce temple de la République au fronton duquel, chacun le sait, se trouvent inscrites ces paroles : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Comment vous donner tort puisque, de fait, Camus fut un grand homme dans sa vie et dans son oeuvre et qu’une reconnaissance venue de la patrie honorerait la mémoire de ce boursier de l’éducation nationale susceptible de devenir modèle dans un monde désormais sans modèles.

De fait, pendant sa trop courte vie, il a traversé l’histoire sans jamais commettre d’erreurs : il n’a jamais, bien sûr, commis celle d’une proximité intellectuelle avec Vichy. Mieux : désireux de s’engager pour combattre l’occupant, mais refusé deux fois pour raisons de santé, il s’est tout de même illustré dans la Résistance, ce qui ne fut pas le cas de tous ses compagnons philosophes. De même, il ne fut pas non plus de ceux qui critiquaient la liberté à l’Ouest pour l’estimer totale à l’Est : il ne se commit jamais avec les régimes soviétiques ou avec le maoïsme.

Camus fut l’opposant de toutes les terreurs, de toutes les peines de mort, de tous les assassinats politiques, de tous les totalitarismes, et ne fit pas exception pour justifier les guillotines, les meurtres, ou les camps qui auraient servi ses idées. Pour cela, il fut bien un grand homme quand tant d’autres se révélèrent si petits.

Mais, Monsieur le Président, comment justifierez-vous alors votre passion pour cet homme qui, le jour du discours de Suède, a tenu à le dédier à Louis Germain, l’instituteur qui lui permit de sortir de la pauvreté et de la misère de son milieu d’origine en devenant, par la culture, les livres, l’école, le savoir, celui que l’Académie suédoise honorait ce jour du prix Nobel ? Car, je vous le rappelle, vous avez dit le 20 décembre 2007, au palais du Latran : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé. » Dès lors, c’est à La Princesse de Clèves que Camus doit d’être devenu Camus, et non à la Bible.

De même, comment justifierez-vous, Monsieur le Président, vous qui incarnez la nation, que vous puissiez ostensiblement afficher tous les signes de l’américanophilie la plus ostensible ? Une fois votre tee-shirt de jogger affirmait que vous aimiez la police de New York, une autre fois, torse nu dans la baie d’une station balnéaire présentée comme très prisée par les milliardaires américains, vous preniez vos premières vacances de président aux Etats-Unis sous les objectifs des journalistes, ou d’autres fois encore, notamment celles au cours desquelles vous avez fait savoir à George Bush combien vous aimiez son Amérique.

Savez-vous qu’Albert Camus, souvent présenté par des hémiplégiques seulement comme un antimarxiste, était aussi, et c’est ce qui donnait son sens à tout son engagement, un antiaméricain forcené, non pas qu’il n’ait pas aimé le peuple américain, mais il a souvent dit sa détestation du capitalisme dans sa forme libérale, du triomphe de l’argent roi, de la religion consumériste, du marché faisant la loi partout, de l’impérialisme libéral imposé à la planète qui caractérise presque toujours les gouvernements américains. Est-ce le Camus que vous aimez ? Ou celui qui, dans Actuelles, demande « une vraie démocratie populaire et ouvrière », la« destruction impitoyable des trusts », le « bonheur des plus humbles d’entre nous » (?uvres complètes d’Albert Camus, Gallimard, « La Pléiade », tome II, p. 517) ?

Et puis, Monsieur le Président, comment expliquerez-vous que vous puissiez déclarer souriant devant les caméras de télévision en juillet 2008 que, « désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit », et, en même temps, vouloir honorer un penseur qui n’a cessé de célébrer le pouvoir syndical, la force du génie colérique ouvrier, la puissance de la revendication populaire ? Car, dans L’Homme révolté, dans lequel on a privilégié la critique du totalitarisme et du marxisme-léninisme en oubliant la partie positive – une perversion sartrienne bien ancrée dans l’inconscient collectif français… -, il y avait aussi un éloge des pensées anarchistes françaises, italiennes, espagnoles, une célébration de la Commune, et, surtout, un vibrant plaidoyer pour le « syndicalisme révolutionnaire » présenté comme une « pensée solaire » (t. III, p. 317).

Est-ce cet Albert Camus qui appelle à « une nouvelle révolte » libertaire (t. III, p. 322) que vous souhaitez faire entrer au Panthéon ? Celui qui souhaite remettre en cause la « forme de la propriété » dans Actuelles II (t. III, p. 393) ? Car ce Camus libertaire de 1952 n’est pas une exception, c’est le même Camus qui, en 1959, huit mois avant sa mort, répondant à une revue anarchiste brésilienne, Reconstruir, affirmait : « Le pouvoir rend fou celui qui le détient » (t. IV, p. 660). Voulez-vous donc honorer l’anarchiste, le libertaire, l’ami des syndicalistes révolutionnaires, le penseur politique affirmant que le pouvoir transforme en Caligula quiconque le détient ?

De même, Monsieur le Président, vous qui, depuis deux ans, avez reçu, parfois en grande pompe, des chefs d’Etat qui s’illustrent dans le meurtre, la dictature de masse, l’emprisonnement des opposants, le soutien au terrorisme international, la destruction physique de peuples minoritaires, vous qui aviez, lors de vos discours de candidat, annoncé la fin de la politique sans foi ni loi, en citant Camus d’ailleurs, comment pourrez-vous concilier votre pragmatisme insoucieux de morale avec le souci camusien de ne jamais séparer politique et morale ? En l’occurrence une morale soucieuse de principes, de vertus, de grandeur, de générosité, de fraternité, de solidarité.

Camus parlait en effet dans L’Homme révolté de la nécessité de promouvoir un « individualisme altruiste » soucieux de liberté autant que de justice. J’écris bien : « autant que ». Car, pour Camus, la liberté sans la justice, c’est la sauvagerie du plus fort, le triomphe du libéralisme, la loi des bandes, des tribus et des mafias ; la justice sans la liberté, c’est le règne des camps, des barbelés et des miradors. Disons-le autrement : la liberté sans la justice, c’est l’Amérique imposant à toute la planète le capitalisme libéral sans états d’âme ; la justice sans la liberté, c’était l’URSS faisant du camp la vérité du socialisme. Camus voulait une économie libre dans une société juste. Notre société, Monsieur le Président, celle dont vous êtes l’incarnation souveraine, n’est libre que pour les forts, elle est injuste pour les plus faibles qui incarnent aussi les plus dépourvus de liberté.

Les plus humbles, pour lesquels Camus voulait que la politique fût faite, ont nom aujourd’hui ouvriers et chômeurs, sans-papiers
et précaires, immigrés et réfugiés, sans-logis et stagiaires sans contrats, femmes dominées et minorités invisibles. Pour eux, il n’est guère question de liberté ou de justice… Ces filles et fils, frères et soeurs, descendants aujourd’hui des syndicalistes espagnols, des ouvriers venus d’Afrique du Nord, des miséreux de Kabylie, des travailleurs émigrés maghrébins jadis honorés, défendus et soutenus par Camus, ne sont guère à la fête sous votre règne. Vous êtes-vous demandé ce qu’aurait pensé Albert Camus de cette politique si peu altruiste et tellement individualiste ?

Comment allez-vous faire, Monsieur le Président, pour ne pas dire dans votre discours de réception au Panthéon, vous qui êtes allé à Gandrange dire aux ouvriers que leur usine serait sauvée, avant qu’elle ne ferme, que Camus écrivait le 13 décembre 1955 dans un article intitulé « La condition ouvrière » qu’il fallait faire« participer directement le travailleur à la gestion et à la réparation du revenu national » (t. III, p. 1059) ? Il faut la paresse des journalistes reprenant les deux plus célèbres biographes de Camus pour faire du philosophe un social-démocrate…

Car, si Camus a pu participer au jeu démocratique parlementaire de façon ponctuelle (Mendès France en 1955 pour donner en Algérie sa chance à l’intelligence contre les partisans du sang de l’armée continentale ou du sang du terrorisme nationaliste), c’était par défaut : Albert Camus n’a jamais joué la réforme contre la révolution, mais la réforme en attendant la révolution à laquelle, ces choses sont rarement dites, évidemment, il a toujours cru – pourvu qu’elle soit morale.

Comment comprendre, sinon, qu’il écrive dans L’Express, le 4 juin 1955, que l’idée de révolution, à laquelle il ne renonce pas en soi, retrouvera son sens quand elle aura cessé de soutenir le cynisme et l’opportunisme des totalitarismes du moment et qu’elle « réformera son matériel idéologique et abâtardi par un demi-siècle de compromissions et (que), pour finir, elle mettra au centre de son élan la passion irréductible de la liberté » (t. III, p. 1020) – ce qui dans L’Homme révolté prend la forme d’une opposition entre socialisme césarien, celui de Sartre, et socialisme libertaire, le sien… Or, doit-on le souligner, la critique camusienne du socialisme césarien, Monsieur le Président, n’est pas la critique de tout le socialisme, loin s’en faut ! Ce socialisme libertaire a été passé sous silence par la droite, on la comprend, mais aussi par la gauche, déjà à cette époque toute à son aspiration à l’hégémonie d’un seul.

Dès lors, Monsieur le Président de la République, vous avez raison, Albert Camus mérite le Panthéon, même si le Panthéon est loin, très loin de Tipaza – la seule tombe qu’il aurait probablement échangée contre celle de Lourmarin… Mais si vous voulez que nous puissions croire à la sincérité de votre conversion à la grandeur de Camus, à l’efficacité de son exemplarité (n’est-ce pas la fonction républicaine du Panthéon ?), il vous faudra commencer par vous.

Donnez-nous en effet l’exemple en nous montrant que, comme le Camus qui mérite le Panthéon, vous préférez les instituteurs aux prêtres pour enseigner les valeurs ; que, comme Camus, vous ne croyez pas aux valeurs du marché faisant la loi ; que, comme Camus, vous ne méprisez ni les syndicalistes, ni le syndicalisme, ni les grèves, mais qu’au contraire vous comptez sur le syndicalisme pour incarner la vérité du politique ; que, comme Camus, vous n’entendez pas mener une politique d’ordre insoucieuse de justice et de liberté ; que, comme Camus, vous destinez l’action politique à l’amélioration des conditions de vie des plus petits, des humbles, des pauvres, des démunis, des oubliés, des sans-grade, des sans-voix ; que, comme Camus, vous inscrivez votre combat dans la logique du socialisme libertaire…

A défaut, excusez-moi, Monsieur le Président de la République, mais je ne croirai, avec cette annonce d’un Camus au Panthéon, qu’à un nouveau plan de communication de vos conseillers en image. Camus ne mérite pas ça. Montrez-nous donc que votre lecture du philosophe n’aura pas été opportuniste, autrement dit, qu’elle aura produit des effets dans votre vie, donc dans la nôtre. Si vous aimez autant Camus que ça, devenez camusien. Je vous certifie, Monsieur le Président, qu’en agissant de la sorte vous vous trouveriez à l’origine d’une authentique révolution qui nous dispenserait d’en souhaiter une autre.

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à mes sentiments respectueux et néanmoins libertaires.

Pendant que le Gouvernement s'enferme dans ses certitudes, la France s'enfonce dans la crise industrielle.

Parti socialiste

Communiqué de Guillaume BACHELAY,

Secrétaire national à l’Industrie et aux NTIC

 

 

Pendant que le Gouvernement s’enferme dans ses certitudes,

la France s’enfonce dans la crise industrielle.



La production industrielle a, une nouvelle fois, fortement reculé en mars (-1,4%).


Ce chiffre contredit l’optimisme qu’affichent les ministres, à commencer par le premier d’entre eux.


La bourse repart peut-être à la hausse, mais certainement pas l’économie réelle. Les PME sont les plus touchées, et notamment les sous-traitants de l’industrie. Alors que la survie de ce tissu est essentielle pour la reprise, il n’a bénéficié d’aucune mesure de soutien digne de ce nom.


La France en paie le prix.


Les aides accordées aux banques dans la tourmente l’ont été sans contreparties effectives : loin d’?uvrer au redémarrage du financement de l’économie réelle en relançant l’accès au crédit, elles permettent aux établissements concernés de reconstituer leurs marges aujourd’hui pour afficher des bénéfices demain et verser des bonus aux dirigeants et les dividendes aux actionnaires après-demain.


La désindustrialisation n’est pas une fatalité. Le Parti socialiste demande au gouvernement de prendre enfin les mesures qu’impose la situation. Le Parti socialiste a fait de nombreuses propositions dans son plan de relance.


Il a notamment proposé la création d’un pôle public d’investissement industriel, financé massivement et mobilisable rapidement par les Régions, pour agir au plus près des besoins réels des entreprises et des salariés, là où les banques n’interviennent pas. C’est la condition d’une présence durable d’activités industrielles en France, fondée sur la formation et l’accompagnement des salariés, l’innovation et l’éco-conception des productions, les réseaux de compétences entre donneurs d’ordres et sous traitants, la revitalisation des territoires frappés par la crise.   

Une proposition pour favoriser l’investissement, l’innovation, l’emploi et la croissance dans les PME & TPE.

Il existe une multitude de contrats aidés sensés faciliter le retour à l’emploi tout en proposant des allégements de charge pour l’employeur.

Dans la pratique, ces contrats sont difficiles à mettre en ?uvre dans une TPE (< 50 personnes), pourquoi ?

1/ l’accès à l’information et le décryptage des différentes formules proposées est difficile : CIE, CAE, CI-RMA, CTP, Contrats d’avenir, entreprises « gazelles », etc. tous susceptibles de changer à partir de juin 2009 avec l’avènement du RSA

2/ leur mise en place suppose la signature de conventions bi ou tripartites, paperasserie chronophage que le dirigeant de PME abhorre en général.

3/ des conditions d’applicabilités portant sur le secteur économique, le profil de l’entreprise recruteuse le profil et la situation sociale du collaborateur recruté, le type de contrat proposé telles que bien souvent l’entrepreneur constate qu’il ne pourra bénéficier de rien, et  au final renonce.

4/ en supposant que l’on parvienne à identifier une formule applicable, les allègements correspondants représentent en général une fraction du SMIC pour des contrats plus ou moins précaires, largement insuffisant pour compenser le coût d’un emploi très qualifié ou d’un jeune ingénieur.

Bref, pas grand-chose d’incitatif.

Une proposition pour favoriser l’investissement, l’innovation, l’emploi et la croissance dans les PME & TPE.

Les activités de services (aux entreprises + aux particuliers) représentent environ 20% de la valeur ajoutée et 25% de l’emploi en France (6,5 millions de personnes).

Que peut bien signifier « investir » dans le monde des services ? Comment s’y matérialise un investissement ? Grosso modo, un investissement, c’est une dépense visant à assurer la croissance et la profitabilité future de l’entreprise. On investit pour vendre plus, ou pour dépenser moins en vendant autant, ou les deux.

Cas simple : comment vendre plus (sans croissance externe c’est-à-dire sans acquérir une autre société) ?

Pour vendre plus, il faut embaucher du monde, les former aux démarches ou aux produits de l’entreprise, les accompagner dans les premiers temps. Cela a un coût, celui du temps à y consacrer.

Pour être efficace dans cette approche de recrutement/formation/accompagnement, pour être plus efficace aussi en clientèle, mieux vaut disposer de supports papiers ou informatiques qui vont par exemple exprimer les étapes clés d’une démarche, constituer des supports de présentation, d’entretiens, de formations. L’élaboration de ces supports demande pas mal de travail de prise de recul, de réflexion, de synthèse, d’écriture. Et cela prend du temps, également. Et pendant ce temps là, on ne vend pas, on ne produit pas.

Donc, en résumé, investir pour une société de services c’est consacrer du temps homme à

1/ capitaliser son savoir-faire

2/ le transmettre à des nouveaux arrivants, qu’il faut recruter, afin de se démultiplier

3/ prospecter, chercher de nouveaux clients


Pour financer cela, pas d’emprunt possible à la banque en général. Pas d’achat de matériel (non soumis à la taxe professionnelle !), ce qui signifie que les nouvelles mesures Sarko ne servent à rien dans le monde des services.

Reste l’augmentation de capital mais pas facile de se résoudre à être dilué s’il s’agit d’actionnaires extérieurs.

Pourtant, une solution en auto-financement serait envisageable.

Prenons le cas simple d’une TPE se services de 10 personnes pour un CA annuel de 1 200 000 Euros. Sa contribution aux ASSEDIC sera de l’ordre de 45 à 50 000 ? par an, soit environ 4 000 ? par mois.

Cette somme représente à peu près le cout chargé d’une personne à temps plein, qui pourrait se consacrer à ces tâches de documentation, ou de prospection, évoquées plus haut. Bref il s’agit d’un capital humain consacré à du développement et à de la croissance.

Si donc une telle TPE pouvait déduire, soit de ses cotisations ASSEDIC, soit de son Impôt, les sommes consacrées à ces activités « de développement », eh bien tout d’abord elle créerait un emploi, puis elle créerait de la croissance. CQFD

C’est vertigineux de signer chaque mois ou chaque trimestre un chèque de plusieurs milliers d’euros, de ce dire qu’il part dans un puits (sans fond ?) nommé UNEDIC/ANPE et bientôt « Pôle emploi », alors qu’il y aurait tant de choses à faire tout de suite.

Le problème est bien là. L’idée, pas nouvelle, serait de pouvoir mobiliser directement la trésorerie disponible pour créer de la valeur au lieu de payer des charges.

Quelques mesures, simples en apparence, inciteraient les PME à créer ces emplois « de croissance ».


L’idée serait d’étendre la notion de crédit impôt-recherche à toute activité d’étude, de capitalisation, de développement, de promotion initiale de produits ou de prestations dits « de service ».

Par exemple, pouvoir déduire de l’IS ou des charges ASSEDIC une somme correspondant à cet investissement en capital humain. Ce pourraient être les 6 premiers mois de salaire brut chargé, finançant ainsi l’effort décrit précédemment.

Pour éviter tout abus il est toutefois indispensable de réguler un tel dispositif, de bien en définir ses limites, son assiette de clacul, et de conserver une dimension de risque pour l’entreprise. Par exemple cela pourrait être plafonné à 3 ou 4 fois le plafond de la sécurité sociale, être applicable à  un accroissement de l’effectif de 10% (soit 1 nouvel emploi pour 10 existants), être remboursable toutalement ou partiellement, si le nouvel employé quitte l’entreprise trop rapidement (1 an ?) sans être remplacé, etc…


Trop simple, trop terrain pour mériter un effet d’annonce ?

Propositions du PS pour les retraites

Le Parti socialiste milite pour une réforme négociée des retraites, fondée sur la justice sociale, la solidarité intergénérationnelle, et la confiance retrouvée des générations actuelles de quadra et quinquagénaires. Il en va du contenu et de l'authenticité de notre contrat social.

La loi  Fillon de 2003 a échoué. Elle n'a rien réglé sur le plan social. Elle n'a pas évité le déséquilibre financier puisque le premier déficit date de 2004, pour atteindre près de 5 milliards d'euros en 2007. La déconvenue de la réforme Fillon de 2003 s'explique par la contre-performance économique de la droite depuis 6 ans. Le pari de la croissance et du pouvoir d'achat n'est pas au rendez-vous.

 

Le pouvoir d'achat des retraites devient la question centrale ; 6 millions de personnes âgées vivent avec des pensions largement inférieures au Smic. 1 million de personnes retraitées connaissent la pauvreté. 620 000 relèvent du minimum vieillesse. On ne peut pas maintenir durablement  des millions d'hommes et de femmes de plus de 60 ans au terme de leur activité professionnelle sous le niveau du Smic ou pire sous le seuil de pauvreté.

 

La baisse du taux de remplacement, liée à la précarité salariale, génère un risque de fragilisation des mécanismes solidaires de retraite. La Loi Fillon de 2003 se révèle particulièrement dangereuse et perverse, puisqu'elle sape les fondements mêmes de la confiance, notamment des jeunes générations, dans le système par répartition.

 

Nous souhaitons une véritable négociation avec les partenaires sociaux, pour faire aboutir une vraie réforme des retraites. Les partenaires sociaux ne peuvent être des alibis. Ils doivent être respectés et entendus à l'occasion d'une authentique négociation collective.

 

Nous sommes plus que jamais favorables au maintien et donc à l'amélioration d'un système de retraite par répartition solidaire, universel, fondée sur une démarche intergénérationnelle, juste et efficace, et une politique dynamique de l'emploi durable et correctement rémunéré.

 

Nous voulons une réforme qui permette l'amélioration pérenne du pouvoir d'achat de tous les retraités et d'abord des petites retraites, en particulier par la mise au point négociée d'un mécanisme à la fois actualisé et annualisé sur le taux réel de l'inflation. C'est une question de confiance et de justice.

 

La loi Fillon n'a pas tenu ses engagements sur trois autres points essentiels : le recul de la précarité salariale n'est pas au rendez-vous. L'amélioration du taux d'activité des salariés âgés de 55 à 60 ans n'a pas eu lieu. La question de la pénibilité des métiers et son corollaire, la profonde inégalité d'espérance de vie à 60 ans n'est pas traitée. Aussi, nous récusons, en l'état actuel, tout allongement de la durée de cotisations qui réduirait encore davantage la proportion des salariés parvenant dans l'avenir, à une retraite à taux plein et donc le taux de remplacement moyen, sans procurer de recettes supplémentaires pour le régime de base.

 

Alors que l'âge moyen de cessation d'activité ne dépasse pas 58 ans et 8 mois et que plus de 60 % des salariés de plus de 55 ans sont évincés du marché du travail, nous souhaitons :

– Le maintien d'une durée de cotisation de 40 ans

– L'amélioration sensible du taux d'activité des plus de 50 ans

– La préservation de l'accès à la retraite à 60 ans, conquête sociale majeure pour des millions de salariés. Il en va de la sauvegarde du niveau des pensions.

– La poursuite active des négociations sur la question de la pénibilité des métiers conformément aux engagements de la Loi Fillon. En cas d'échec de ces négociations, nous engagerions des consultations nécessaires avec les organisations syndicales.

– La proratisation du nombre d'années de référence pour le calcul des pensions en fonction du nombre d'annuités pleines pour les carrières incomplètes.

 
En termes de financement, nous préconisons :

  • Le réabondement régulier du fonds de réserve, à travers la rétrocession par l'État d'une partie des dividendes des entreprises publiques, et le versement du produit des pénalités financières exigées des entreprises qui ne jouent pas le jeu de l'emploi des seniors. Le fonds de réserve des retraites fait partie du contrat social. Son renforcement est indispensable. Il pourrait l'être en particulier à travers les cessions d'actifs de l'État et des cessions du patrimoine immobilier de l'État.
  • La sollicitation des revenus financiers et des niches sociales dans le financement des retraites, ce qui peut dégager au moins 3 milliards.
  • L'analyse critique du montant des exonérations des cotisations sociales, et le remboursement scrupuleux des sommes dûes par l'Etat au régime général ; le seul remboursement régulier représente un gain potentiel de 3 milliards.
  • L'annulation d'une partie du paquet fiscal, notamment celle relative à l'exonération des grosses successions pour un montant de 2 milliards environ.
  • Un transfert éventuel d'un ou deux points de cotisation Unedic sur l'assurance vieillesse.

Appel à un congrès anticipé

PARIS, 4 juil 2007 (AFP) ?

Des élus socialistes, dont plusieurs partisans de Ségolène Royal, ont décidé de se lancer sans attendre dans la rénovation du parti, estimant que le processus proposé par la direction « n’est pas à la hauteur de l’enjeu ».
« Le Parti du mouvement ne doit pas devenir aujourd’hui une machine à broyer les énergies neuves, comme l’issue du dernier Conseil national, plus que décevant, peut le laisser craindre », écrivent dans un communiqué plusieurs élus du parti, dont les députés Gaëtan Gorce, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Christian Paul, Patrick Bloche, Patricia Adam, Christophe Caresche, le maire de Bondy Gilbert Roger…
« Pour combattre les idées claires de la droite dure, le PS ne saurait se contenter d’idées floues, de vieilles recettes », ajoutent-ils, refusant « la tentation dominante » de l’immobilisme et défendant « une transformation profonde » du parti.
Pour eux, « le processus proposé par la direction n’est pas à la hauteur de l’enjeu »: « réplique pure et simple de la méthode déjà proposée en 2002 », il risque d’amener aux « mêmes funestes résultats » en 2012 qu’en 2007.
« C’est d’un changement beaucoup plus radical et beaucoup plus profond que nous avons besoin », affirment-ils.
Pour ce faire, il faut que « tous ceux qui en ont assez des querelles de personnes, des luttes de clans et des ambitions présidentielles se rassemblent, non pour fonder un énième courant ou une énième sensibilité mais pour ouvrir un dialogue franc, approfondi, sans tabou ni a priori, sur les causes de nos défaites et sur les moyens d’y répondre ».
« Il faut changer de méthode pour changer le fond », a précisé à l’AFP Gaëtan Gorce, qui craint que le parti n’organise qu’un débat « personnalisé et instrumentalisé par les luttes de clans ». Et si la direction du parti ne lui « inspire pas confiance », il affirme qu’il ne s’agit en rien d’un procès de personne contre François Hollande, à qui il reproche d’être « la clef de voûte d’un système » qui n’a pas de capacité à « changer rapidement ».

 


Signez la pétition pour commencer la rénovation MAINTENANT ! >>> http://www.mesopinions.com/Renovation-du-PS—petition-pour-un-congres-anticipe-petition-petitions-2c973d79c206ad6767f33c71b7f40c58.html

le programme du PS pour les législatives

FACE À LA DROITE, DES RÉPONSES DE GAUCHE

Vous avez été 17 millions à voter pour Ségolène Royal lors de l’élection présidentielle pour manifester un réel désir de changement et une volonté de défendre notre modèle social. La victoire n’a pas été au rendez-vous. Et une nouvelle étape s’ouvre avec les élections législatives des 10 & 17 juin prochains. L’enjeu est décisif pour toutes celles et tous ceux qui veulent une France forte et juste.

Nicolas Sarkozy affiche des intentions inquiétantes. Le discours de la compassion remplace la solidarité concrète, la reconnaissance du mérite est au seul bénéfice des plus favorisés et le style personnel du nouveau pouvoir révèlent une complaisance avouée vis-à-vis de l’argent. Les choix économiques et fiscaux du nouveau gouvernement aggraveront inévitablement les inégalités ; quant aux suspicions à l’égard de certaines populations et de certains quartiers, elles accroîtront inéluctablement les divisions du pays.

Les socialistes ont entendu votre message dans la campagne présidentielle. Vous nous demandez de défendre des valeurs, celles de la République, et d’apporter des réponses concrètes à vos préoccupations : l’emploi, le pouvoir d’achat, le travail, le respect des droits et des devoirs, la sécurité.

Nous vous proposons un programme de législature construit autour de quatre principes : la vérité, car nous prenons des engagements réalisables dans les cinq années qui viennent ; la protection de nos concitoyens face aux conséquences prévisibles de la mise en ?uvre du projet de Nicolas Sarkozy ; le dialogue, car chacun doit être entendu, et les réformes ont besoin d’être débattues pour être réussies ?c’est nécessaire au Parlement, c’est indispensable avec les élus locaux, c’est impérieux avec les partenaires sociaux ; enfin, le renouvellement des pratiques politiques, des institutions et de l’action politique. Notre volonté, dans ce contexte si essentiel pour notre avenir, est de faire des socialistes une force pour agir et protéger et, enfin, de tout faire pour donner ses chances à une majorité de progrès.

Les 10 & 17 juin, la participation doit être la plus forte possible pour permettre l’élection du plus grand nombre possible de députés de gauche. La droite, avec la Présidence de la République aujourd’hui, et le Sénat depuis longtemps, concentre l’essentiel du pouvoir, elle dispose d’une influence déterminante sur les médias. Elle a des intérêts communs avec les milieux d’affaires. Il faut donc un équilibre, un contrepoids, une force pour vous défendre. Dès lors, les élections législatives revêtent une importance pour garantir la cohésion du pays et le pluralisme de notre démocratie.

Nous vous proposons quatre grands objectifs :

I ? TRAVAILLER MIEUX ET TRAVAILLER TOUS
La droite a un slogan « travailler plus pour gagner plus ». C’est une supercherie qui conduit à moins d’emplois et plus de précarité pour le plus grand nombre. Elle présente un programme fiscal (suppression des impôts sur les gros patrimoines) qui favorise la rente et non l’effort. Alors qu’elle a été incapable de relancer la croissance depuis 5 ans, elle risque de l’étouffer davantage demain en augmentant la TVA.

Nous socialistes, voulons au contraire créer les conditions d’une croissance soutenue en plaçant la valeur du travail et du plein emploi au c?ur de nos politiques économiques et sociales. Le modèle de développement que nous défendons repose sur quatre piliers : l’innovation ; la sécurité des carrières professionnelles ; le pouvoir d’achat ; le respect de l’environnement. Parce que la France n’est pas seule dans la compétition internationale, nous inscrivons notre action tant au niveau national qu’au niveau européen.

Nos principales propositions :

En matière de croissance et d’emploi : effort d’investissement, notamment dans le domaine industriel, avec un plan de soutien aux PME innovantes. Augmentation progressive sur cinq ans des moyens dévolus à la recherche ; progression de 10% par an et pendant cinq ans du budget de l’enseignement supérieur ;
Défense du Contrat à durée indéterminée comme élément central du contrat de travail et refus de l’extension du Contrat nouvelle embauche et du CPE sous l’appellation de Contrat unique.

Création « d’emplois tremplins », à l’instar de ce qui se fait déjà dans les régions, et mise en place de nouvelles sécurités professionnelles assurant une garantie de revenu et une démarche de formation tout au long de la vie ;

En matière de pouvoir d’achat
Augmentation du pouvoir d’achat, du SMIC à 1500 euros le plus vite possible, des bas salaires et des petites retraites, allocation d’autonomie pour les étudiants sous conditions de ressources, réforme et simplification de la fiscalité au bénéfice du travail et de la consommation, suppression du bouclier fiscal qui favorise les plus riches.

En matière du respect du dialogue social
Promotion de la démocratie sociale pour renforcer le rôle et la place des partenaires sociaux, avec une réforme de la représentation syndicale fondée sur le vote des salariés et le respect des accords majoritaires. Et refus des projets annoncés par la droite qui remettent en cause le droit de grève dans le secteur public et le secteur privé.

II ? PROTÉGER LE PRÉSENT ET PRÉPARER L’AVENIR

La droite avance des solutions qui mettent en cause la protection sociale, affaiblissent les services publics et réduisent les moyens de l’école de la République. Elles contribueraient à aggraver la situation de millions de Français.

Nous, socialistes, voulons préserver la cohésion nationale et pensons que lutter pour une égalité réelle est le meilleur moyen de préparer l’avenir.

Nos principales propositions :

1)-Pour le présent
Nous voulons l’égalité devant la santé : priorité à l’hôpital public, aujourd’hui menacé ; limitation des dépassements d’honoraires ; refus de toute forme de nouveaux déremboursements qu’envisage la droite à travers les « franchises » ; priorité à la prévention et à la santé publique ; enfin, l’aide à l’installation de jeunes médecins en zone rurale ou dans les quartiers sera renforcée.

Nous voulons l’accès à un logement de qualité. C’est pourquoi nous proposons, de construire 120 000 logements sociaux par an, d’engager un plan pour l’accès à la propriété, et de lancer un effort accru de construction de logements intermédiaires, afin de créer une fluidité profitable à tous. Parallèlement, sera créé un service public de la caution et mis en place un bouclier logement pour les familles modestes garantissant un budget logement toujours inférieur à 25 % des revenus ; nous réaffirmons la nécessité d’une application stricte et rigoureuse de la loi SRU, face au scandale des 3,5 millions de mal logés. Nous mettrons en ?uvre une nouvelle politique de solidarité urbaine avec notamment un Fonds de national pour l’égalité entre les territoires.

Nous voulons un droit effectif à la sécurité et à la tranquillité. Face à la progression, depuis 5 ans, des violences aux personnes, nous proposons la création d’une vraie police de quartier et de mener une politique fondée sur la prévention et la sanction. Les deux démarches sont indissociables. La prévention est indispensable pour éviter le tout carcéral, mais tout acte de délinquance doit trouver une sanction clairement affichée et assumée.

Nous voulons favoriser l’égalité réelle afin de lutter contre toutes les discriminations. Nous proposerons trois lois, la première pour lutter contre les violences faites aux femmes, la seconde pour ouvrir aux couples de même sexe le mariage et l’adoption, la troisième pour que chaque loi votée prenne en compte le handicap.

Nous voulons une politique d’immigration maîtrisée et partagée. Nous voulons une politique d’immig
ration juste et efficace qui lutte contre les filières clandestines et qui favorise une réelle intégration des immigrés en situation régulière et qui soit liée aux politiques de développement des pays d’émigration. Nous reconnaîtrons le droit de vote pour les scrutins locaux aux résidents étrangers, habitant depuis cinq ans dans notre pays.

2)- Pour l’avenir
Nous voulons une éducation pour tous et une attention portée à la réussite de chacun : mise en place d’un service public de la petite enfance ; études dirigées ou encadrées pour tous les élèves ; diminution du nombre d’élèves par classe en ZEP ; révision de la carte scolaire pour supprimer les « ghettos » scolaires, soutien à l’intégration des handicapés ; renforcement de l’enseignement professionnel pour qu’il devienne une véritable voie d’excellence ; revalorisation du métier d’enseignant ; amélioration de la relation avec les familles dans l’école.

Nous voulons pour chacun, une retraite décente et sûre. Cela suppose une renégociation globale de la Loi Fillon, avec pour enjeux principaux un minimum garanti des retraites, la prise en compte de la pénibilité des métiers et donc la réduction des disparités d’espérance de vie selon les catégories socio-professionnelles, un financement juste, assis également sur de nouvelles ressources (revenus financiers), le renforcement du taux d’activité des salariés âgés de plus de 50 ans. Le défi du vieillissement de la population doit être relevé : il faut s’appuyer sur l’allocation personnalisée d’autonomie créée par la gauche afin de faire triompher une logique de solidarités entre les territoires et les générations ; la mise en place d’une cinquième branche de sécurité sociale doit permettre d’éviter le recours désastreux aux assurances.

Nous voulons aussi, face aux dérèglements climatiques, à l’épuisement prévisible des ressources énergétiques, une politique vigoureuse d’économies d’énergie et une diversification de nos sources d’énergies. Nous développerons massivement les énergies renouvelables. À l’encontre de la privatisation engagée d’EDF et de GDF, il faut affirmer la nécessité d’un pôle public de l’énergie qui prenne en compte le long terme. Nous souhaitons le développement de modes de transport alternatif à la route, un basculement progressif d’une part importante du FRET vers le rail. Nous préconisons la discussion d’une nouvelle loi sur l’eau, enjeu majeur de ce siècle. Nous introduirons une véritable fiscalité écologique. Nous entendons soutenir une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement et réorienter la Politique agricole commune vers les productions de qualité et le développement rural.

Nous voulons concilier protection sociale et réhabilitation du travail. L’instauration d’un Revenu Social d’Activité permettant la majoration d’1/3 de ses revenus pour toute personne reprenant un emploi rémunéré répond à cet impératif.

Nous voulons réduire la dette que la droite a laissé augmenter de manière inconsidérée, particulièrement par ses baisses d’impôt en faveur des catégories sociales les plus favorisées, car la dette est socialement injuste et économiquement irresponsable. Sa résorption passe par une politique de croissance, la restauration de notre compétitivité, une fiscalité juste, une gestion rigoureuse des finances publiques. Et la lutte contre les gaspillages : un euro dépensé doit être un euro utile.

III ? RÉORIENTER L’EUROPE POUR PESER DANS LA MONDIALISATION

1)-L’Europe
La droite n’a pas d’ambition européenne. Son projet : un mini-traité au rabais soumis au seul Parlement, pour une Europe réduite aux politiques de marché.

Nous, socialistes, nous voulons redonner une volonté à l’Europe : pour l’emploi, pour la croissance et le développement durable, pour la recherche et l’innovation, pour les grands projets industriels. L’Europe, en effet est un outil irremplaçable face à la mondialisation, un levier décisif pour agir et ne pas subir.

Nous avons besoin d’une Europe qui protège, ce qui suppose qu’enfin l’emploi, la croissance, l’investissement, la recherche soient au c?ur des objectifs de la Banque Centrale Européenne (BCE) qu’un gouvernement économique émerge dans la zone Euro, que l’Europe défende le respect de normes sociales et environnementales dans le commerce international, et que le rôle des services publics soit reconnu.

Il nous faut aussi une Europe politique et plus démocratique. À cette fin, il faut dépasser l’impasse politique et institutionnelle et favoriser la négociation d’un traité institutionnel plus simple, soumis à référendum, pour que l’Europe se fasse avec les citoyens.

2)- Le monde
La construction de l’Europe prend tout son sens au regard de la mondialisation libérale en cours qu’il faut maîtriser et surtout réorienter en fonction d’objectifs publics, sociaux et environnementaux.

La France doit porter une voie forte dans le monde, avec ses partenaires européens, au service de la paix et du développement, sans s’aligner sur d’autres puissances.

Nous proposons une réforme de l’Organisation Mondiale du Commerce, du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale qui doivent être mises au service du développement avec l’instauration d’une taxe de type Tobin sur les mouvements de capitaux.

Il nous faut conduire également une vraie politique de co-développement avec les pays du Sud en particulier l’Afrique et les pays du Bassin Méditerranéen.

IV ? DÉMOCRATISER ET RENOUVELER NOTRE RÉPUBLIQUE

La droite propose le statu quo, autant dire le prolongement d’un système de concentration des pouvoirs, qui date du milieu du siècle dernier. Elle veut disposer de tous les leviers sans contrôle ni contrepoids.

Nous socialistes, nous voulons faire évoluer profondément nos institutions, et nos pratiques, en allant vers une VIè République.

Nos principales propositions:
Un parlement respecté et renforcé dans sa capacité à légiférer, à contrôler le pouvoir exécutif, à irriguer le débat démocratique ; ce qui implique notamment la suppression de l’ articles 49/3 qui permet à un gouvernement de passer en force comme pour le Contrat Première Embauche.

Un mandat unique pour les parlementaires afin qu’ils se consacrent totalement à leur mission;

L’instauration d’une part de scrutin proportionnel, à l’Assemblée Nationale, pour une plus juste représentation des courants politiques minoritaires ;

Une vraie parité homme/femme pour toutes les élections.

Une démocratie participative avec notamment le principe de lois d’initiative citoyenne ;

Une charte de la laïcité annexée à la Constitution ;

Une nouvelle étape de la décentralisation, garantissant aux collectivités locales des moyens financiers pour assurer pleinement les charges qui leur sont transférées, pour mettre en ?uvre une démocratie territoriale plus juste et plus solidaire en métropole et dans les Outre-Mers.

Une profonde rénovation du système judiciaire qui. passe par une augmentation substantielle de ses moyens, alors que le budget de la justice place notre pays au 23ème rang au sein de l’Union européenne, une plus grande égalité d’accès pour chaque justiciable, une justice digne de ce nom pour les mineurs, la reconnaissance d’une instruction collégiale, suite au rapport de la Commission Outreau, une réforme de la composition et du rôle du Conseil Supérieur de la Magistrature, pour l’indépendance et la responsabilité des magistrats

La lutte contre la concentration dans les médias et la confusion des intérêts économiques et politiques ; nous favoriserons un audiovisuel public fort, nous réformerons le Conseil Supérieur de l’audiovisuel pour garantir l’indépendance des médias et son pouvoir de régulation.

Les 10 & 17 juin, le choix sera clair. La droite veut amplifier et aggraver la
politique menée depuis 2002, en pensant que l’économie ne fonctionne bien que si le social régresse, Nous les socialistes pensons au contraire qu’il faut concilier le progrès économique et les avancées sociales, la croissance et la sécurité, la création de richesses et la réduction des inégalités, l’industrie et l’écologie. La droite, avec son parti l’UMP, veut concentrer tous les pouvoirs dans une même main, rendant ainsi impossible les promesses d’un État impartial et d’une démocratie renouvelée. Les socialistes luttent au contraire pour une démocratie vivante, transparente et équilibrée.

À vous de décider. L’avenir du pays vous appartient. Avec vous, nous sommes prêts à prendre toutes nos responsabilités au service de la France.