Ce mois de mai débute par un long moment de silence. Pendant plusieurs jours, on n'entend ni ne voit Sarkozy dans les media. Seul compte le raid des spéculateurs sur la Grèce et sur l'Euro. Il semblerait que le Président ne bouge pas, ne parle pas.
A la sortie du Conseil des Ministres du 7 mai, les brailleuses et brailleurs de service exhibent fièrement une brochure bleu-blanc-rouge modestement intitulée « 3 ans d'action au service des Français »
Voir sur le site RUE89 « Trois ans de Sarkozy : les contrevérités du bilan de l’Elysée »
Il apparait de plus en plus que ces prétendues réformes, au titre souvent trompeur, ne sont pas si radicales qu'elles tentent de le laisser croire.
Lire à ce propos le livre de Thomas Legrand « Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps »
Attendons-nous à un joli tintamarre dans deux ans lorsqu'il s'agira de vanter les « succès » de 5 ans d'action.
Or donc, silence, même pas une apparition sur le perron de l'Elysée lors de la libération d'une otage. Que se passe-t-il ? Il se présidentialise ? Il prend du recul ?
Rien de tout cela.
Il suffit en fait de passer quelque temps loin de l'hexagone pour réaliser qu'effectivement, ce n'est rien que beaucoup de bruit dont les échos s'estompent rapidement dans l'espace. Souhaitons qu'il en soit de même dans le temps, et le plus rapidement possible.
Ce mois se poursuit avec la saga de la réforme des retraites, dernière ?uvre majeure du quinquennat parait-il. Dernière chance avant le total fiasco, espère-t-on dans la majorité.
Une communication savamment organisée, mais issue d'une logique tellement prévisible que l'on est en droit de se demander qui peut encore y croire. Sondages, reportages, articles, fuites, comptages divergents du nombre des manifestants : tout l'attirail besogneux de l'intox et de la manipulation d'opinion est déployé pour reculer l'âge légal de la retraite au-delà de 60 ans et déclarer au soir du 26 mai que « la réforme est largement approuvée par les français ».
Bien évidemment le PS saute à pieds joints dans le plat et ne perd pas une occasion de se déchirer voire de se ringardiser autour de la notion, dogmatique pour les uns, symbolique pour les autres, de retraite à 60 ans.
C'est bien regrettable. Lors des ateliers ou universités d'été en septembre dernier, nombre des participants s'accordaient pourtant à penser qu'il serait plutôt judicieux de ne pas chercher de clivage autour de cet âge légal mais de travailler plutôt sur le fond : durée de cotisation, pénibilité, financement par la fiscalité etc. La contre-réforme existe, mais elle est éclipsée par la bataille des éléphants sur fond de primaire présidentielle.
>> Retraites: toutes les propositions du PS ici
Côté Sarkozy guère plus de cohérence, à bien y regarder :
En 1993, «J’ai voté pour la retraite à 60 ans» déclare-t-il à la télévision. La loi a été votée en 1981, il est devenu parlementaire en 1982, mais un an avant il était déjà en mesure de voter pour. C'est sans doute ce jour là qu'il a également réservé sa place dans l'avion du 9 novembre 1989 pour Berlin ?
En 2007, il déclare à nouveau que « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer ».
Cela ne l'empêche pas de déclarer en 2008 qu’il n’a «pas de mandat» pour réformer les retraites, car il n’en a «pas parlé» dans sa campagne.
Les mensonges sont tellement imbriqués les uns dans les autres que l'on finirait presque par s'y perdre.
Mais tout d'un coup, tout le monde s'en foot puisqu'il parait que c'est grâce à lui que la France remporte l'organisation de l'Euro 2016. Panem et Circenses?
Le mois se termine par une vraie-fausse polémique autour des déclarations de Martine Aubry lors de la convention du PS le 29 mai : ?Alors, j'entends bien M. Sarkozy nous donner des leçons en matière de gestion. (?) J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu Monsieur Madoff qui administre quelques cours de comptabilité?.
Aussitôt, le tintamarre lefevro-moranesque se remet en marche, relayé par des journalistes pour partie malcomprenants et pour partie aux ordres.