Les prélèvements fiscaux en hausse, le déficit qui se creusait, le pouvoir d’achat qui baissait : nous ne pouvions pas perdre.
Les écoles, les hôpitaux, la justice, la recherche dont les budgets avaient été réduits et qui peinaient à assurer leur mission de service public : nous ne pouvions pas perdre.
Le Karcher, les banlieues en feu, le CPE, les français dans la rue, Clerarstream, la chiraquie à l’agonie, la piteuse tentative de privatisation de GdF, c’était il y a moins de 18 mois : nous ne pouvions pas perdre.
L’arrogance au Fouquet’s et sur le Yacht, l’amateurisme dans l’élaboration des réformes concernant les heures supplémentaires ou la défiscalisation des intérêts d’emprunts, les tâtonnements sur la TVA sociale, c’était hier.
Nous ne pouvions pas perdre.
Nous ne devions pas perdre, nous avions un devoir de victoire.
Hier encore les media nous serinaient la vague bleue et nous prédisaient 500 députés UMP. Certes il ne seront que 340 mais la gauche n’avons pas gagné.
Nous avons perdu, tout perdu, la présidentielle, les législatives, de peu finalement mais perdu. Pourquoi ?
Face à nous : une droite décomplexée, organisée, professionnelle, qui a su parfaitement s’adresser aux instincts de conservation parfois les plus réactionnaires et toujours les plus égoïstes, et qui a su brillamment communiquer, segment par segment, en s’asseyant sans pudeur sur un bilan calamiteux et en se contentant de faire miroiter un futur enviable.
A gauche, qu’avons-nous vu ?
En un an, une synthèse, puis un projet, puis une primaire, puis un pacte présidentiel, ce dernier plutôt bon sur le fond mais incompréhensible de la plupart des français, et qui plus est relayé de façon réductrice par des media à la botte.
Des leaders éléphantesques incapables de la moindre solidarité, qui n’ont eu de cesse que de se neutraliser, de régler leurs comptes, de ménager leur avenir au mépris des militants qui se démenaient sur le terrain.
Mais trop souvent localement, des petits chefs incapables ou indignes de mener ces campagnes, incapables car dépassés par la modernité de la démarche participative, indignes car jouant le petit jeu nombriliste de la municipale ou de la cantonale de 2008. Et parfois, cette incompétence et cette malignité qui s’allient en une implacable machine à démobiliser puis à perdre.
Dans ces conditions nous ne pouvions pas gagner, ce projet auquel nous avons contribué et que nous avons défendu ne se réalisera pas . C'est dur à admettre mais c'est un fait.
Nous avons perdu, et le résultat du 2ème tour des législatives ne peut que nous laisser des regrets éternels.
Les leaders doivent assumer cette défaite et en tirer toutes les conséquences. In Capita Venenum cette fois-ci, sachant que certains auraient mieux fait de garder leur Cauda dans leur poche mais ceci est une autre histoire?
On se réfugie commodément derrière une révolution idéologique lorsqu'on évoque la nécessaire rénovation du PS. A la base les esprits sont prêts, les gens ne sont pas idiots, ils observent et comprennent ce qui se passe.
C'est en fait la manière de mener à bien cette réforme qui est captée, détournée par les postures et les déclarations des prétendants à la direction qui attachent plus d'importance à leur propre positionnement qu'au rayonnement de leur parti. Pour chacun d’eux, réformer le parti = me mettre à sa tête.
Basta, ils ont échoué sur toute la ligne, ils doivent passer la main.
Paradoxalement, cette rénovation se jouera avant tout sur la forme, sur la communication, sur l'organisation interne du PS, sur la tactique, plutôt que sur un terrain purement idéologique.
Une vision claire de la société à construire, un projet lisible, une communication laser, des leaders incontestés car exemplaires à tous les niveaux, des alliances durables et solides, voilà ce que doit nous apporter cette réforme pour laquelle certains d'entre nous ont milité sans succès depuis 2002.
Pour que cette réforme voie le jour et pour que l’on accepte d’y participer, il est hors de question d'attendre l'automne 2008, date annoncée du prochain congrès, faute de quoi il pourra se tenir dans n'importe quelle cabine téléphonique.
Cela doit démarrer… ici (et ailleurs) et maintenant.