En route pour le grand chambardement !

(ou : de l'analyse de besoins aux préconisations)

Après la défaite (toute relative) à l'élection présidentielle, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir pourquoi elle/nous avons perdu et pourquoi il a gagné ? (ce sont deux aspects distincts)

Y répondre requiert d'abord à mon sens de passer par une rapide analyse socio-politique sur le plan historique.

La pensée collective de gauche s'organisait (l'usage de l'imparfait s'expliquera dans la suite du propos) depuis très longtemps en France selon un vieux fond de sauce marxiste de lutte des classes. Héritée du Front populaire (largement mythifié d'ailleurs quand on regarde la réalité des faits et des avancées réelles qui en sont issues), revivifiée par Mai 68, dont on se souvient à tort comme un bouleversement politique à cause des accords de Grenelle, alors qu'il se situait surtout sur le plan de la Morale et des moeurs (ce qui est déjà beaucoup !), elle fonde principalement l'opposition droite-gauche sur les questions de propriété des moyens de production, de partage du pouvoir dans l'entreprise, de répartition des profits (c’est-à-dire de la plus-value au sens marxiste) au bénéfice du salariat et au détriment du Capital, bref dans le champ socio-économique. Tout cela est bien connu et ne nécessite pas de s'y étendre davantage.

Il faut cependant ajouter que c'est là une spécificité française, qu'on ne retrouve dans aucun autre pays développé et qui s'enracine dans notre histoire. Nous la devons d'abord à l'esprit des Lumières qui a affirmé le primat de l'égalité par essence des Hommes, d'où découle l'égalité des droits (« ?tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ») en passant par la Révolution (sans égale dans le monde car la Révolution d'Octobre en Russie a substitué une dictature, celle du prolétariat, à une autre, celle des Tsars, d'où son échec historique) qui a remplacé un ordre divin, de nature ségrégative, par un ordre social humain fondé sur cette égalité. Dès lors, le sens de la vie humaine devenait la réalisation de soi en tant qu'individu et non la construction de son Salut éternel. Par voie de conséquence, l'égalité « essentielle » entre les individus fut comprise comme impliquant de facto l'égalité d'accès aux bien et aux richesses. (C'est un peu résumé certes mais en gros, c'est ça.)

C'est pourquoi le combat entre droite et gauche s'est si longtemps structuré principalement sur l'axe économique. Notons que le débat sur les valeurs et les faits de société échappe quant à lui largement à ce clivage. Pour exemples parmi cent autres : la création de l'impôt sur le revenu par Caillaux dans les années 20, les lois Neuwirth et Veil sur les droits des femmes ou l'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans ont été des mesures de gauche prises par des gouvernement de droite, alors que l'abolition de la peine de mort a été décidée contre l'avis majoritaire des français, y compris le « peuple de gauche ».

Plus récemment, la date clé qu'il faut selon moi retenir et qui a fait basculer le pays, est celle de 1983 quand François Mitterrand, convaincu par Jacques Delors, a fait le choix de l'Europe contre l'isolement, et le choix d'accepter la mondialisation naissante des échanges contre le protectionnisme, d'où découlèrent naturellement le traité de Maastricht puis l'euro qui en furent les corollaires obligés. Ce faisant, Mitterrand a fait entrer le socialisme français dans la social-démocratie, concept qu'il faudra préciser mais qui, en première approche se distingue clairement du marxisme-léninisme (en tant que doctrine politique), non pas tellement sur l'analyse des causes de la lutte des classes, mais sur les perspectives politiques pour y remédier.

En substance, on pourrait dire qu'il ne s'agit plus de mettre à bas l'ordre économique, c’est-à-dire l'économie de marché, mais de lutter contre ses excès, c’est-à-dire contre le libéralisme (au sens d'Adam Smith : « les bienfaits de la main invisible du marché »), les deux concepts étant à tort assimilés alors qu'ils sont bien différents. Il ne s'agit plus de rejeter l'entreprise privée et la liberté des échanges commerciaux, puisqu'aussi bien l'une et l'autre sont les seules modalités connues ici-bas de créations de richesses compatibles avec la démocratie et les droits fondamentaux de la personne. Il s'agit de les encadrer et de les réguler afin d'assurer une redistribution moins injuste des profits (importance du modèle suédois).

Seulement, et c'est là un point fondamental, Mitterrand ne l'a pas dit clairement, entraînant ainsi pour plus de 20 ans le PS dans une sorte de schizophrénie, écartelé entre les faits et le discours sur les faits : les Français sont donc restés globalement adossés à une représentation gauchiste du débat politique alors qu'ils lui avaient de fait tourné le dos. Ce qui est essentiel à comprendre selon moi, c'est que ce fait historique a fait peser pendant près d'un quart de siècle sur la pensée socialiste le poids de ce que j'appelle la « vulgate gauchiste » et qui l'a empêchée de tirer les conséquences politiques de ces évolutions. Pour s'en convaincre, il n'est que de regarder l'écho qu'ont eu jusque très récemment les discours tenus par les divers partis dits de la gauche radicale, sans commune mesure avec leurs poids politique réel et moins encore avec leur implication dans la direction du pays. Nous sommes le seul pays où ces partis (par ailleurs respectables dès lors qu'ils ont depuis longtemps renoncé à la lutte armée) ont un tel écho dans l'opinion publique.

C'est cette période historique qui vient de se fermer le 6 mai. Et j'en viens au présent.

Existe-t-il en France 53 % de gens de droite, d'accord avec un projet de société ultra-libéral, xénophobe et sécuritaire, tel qu'on nous a présenté celui de Nicolas Sarkosy ? A l'évidence, non. C'est que les raisons de son succès sont ailleurs et que son projet n'était pas exactement celui-là. Il repose selon moi sur un cocktail beaucoup plus subtil. Bien sûr, il y a le personnage lui-même : un mélange d'autorité, de chaleur humaine, d'intelligence des situations, de réel charisme, de fausse simplicité, d'apparente proximité avec « les vrais gens », faite de simplisme sur le fond et de simplicité (parfois de vulgarité) sur la forme. (Cet homme vendrait de la glace aux eskimos !!) Mais cela n'explique pas tout.

Il faut se poser la question de savoir quel est le message subliminal qu'il a fait passer pour séduire. A mon sens, son habileté a été de faire croire que le débat sur l'économie était dépassé, au motif que les Français ont quasiment tous renoncé depuis longtemps à établir l
a dictature du prolétariat et à nationaliser tous les moyens de productions (cf. plus haut), et que le clivage porterait sur le concept global de sécurité. Pas seulement la sécurité des personnes et des biens : sur ce point, il s'est fait discret en raison de la contradiction dans laquelle il se trouvait. En effet, ayant été ministre de l'Intérieur pendant 4 ans, tout échec sur ce sujet lui aurait été imputé mais d'un autre côté, il avait besoin de continuer à agiter l'épouvantail sécuritaire. (Il est d'ailleurs frappant de constater que la campagne a basculé après les événements de la Gare du Nord).

Mais sur la sécurité en tant que concept global, couvrant tous les champs de la vie des Français. Car ce qui est frappant me semble-t-il, depuis de nombreuses années maintenant, et que montrent toutes les enquêtes, c'est qu'il existe un point commun à une grande majorité de Français, quel que soit leur bord politique (et surtout s'ils n'en ont pas) qui est une certaine forme de peur. Pas la peur du voisin, ce serait trop simple, mais une forme de peur beaucoup plus abstraite et diffuse, donc d'autant plus pesante, qui porte indistinctement sur à peu près tout : l'avenir, l'emploi, les retraites, l'environnement, le pouvoir d'achat, et j'en passe? La question n'est pas de savoir si ces peurs sont fondées ou pas, seule une analyse rationnelle point par point permettrait d'en décider et tel n'est pas mon propos. Et l'on sait que le rationalisme ne fait pas bon ménage avec la politique, hélas ! La question est qu'elles sont bien là, insidieuses mais installées. On a peur de « ceux d'en haut » (les patrons, le CAC 40, les gouvernants, les décideurs de tout poil, les multinationales, etc.) parce qu' « ils » font tout pour que les possédants possèdent toujours plus et les autres encore moins, et on a peur aussi de ceux d?en bas (les exclus, les immigrés, les plus pauvres que soi, etc?) parce que l'on craint sans se l'avouer que directement ou pas, « on » va nous obliger à partager d'une manière ou d'une autre le peu qu'on a avec eux. C'est le grand blues de la classe moyenne qui est largement majoritaire en nombre dans le pays, qui n'a plus les mêmes certitudes ni les mêmes cadres de pensée que ses pères car tous les grands concepts messianiques (et au premier chef le communisme) ont volé en éclats et qui pense qu'elle est toujours perdante : pas assez riche pour vivre sans souci aucun et trop pour être prise en charge (et qui ne le souhaite d'ailleurs pas).

Et c'est pour cette raison que le candidat de la droite a brandi pendant des semaines des concepts présentés comme étant « en rupture » dont il a senti avant tout le monde qu'ils feraient un quasi consensus. Il n'a d'ailleurs jamais précisé ce sur quoi il fallait rompre, cette notion étant supposée se suffire à elle-même, du fait qu'elle résume à elle seule et sur tous les plans ce que les électeurs attendaient au fond : qu'on les rassure. Cet apparent paradoxe, à savoir envoyer un message fort et constant de rassurance en utilisant un vocabulaire de rupture, est à mon sens l'une des clés majeures de son succès. Le travail, le mérite, la récompense des efforts, la main tendue aux exclus, la Nation (notons qu'il ne parle pas de Patrie, concept jugé ringard et aux relents pétainistes, tout juste bon pour Le Pen)? sont autant de concepts qui illustre cette stratégie. Son coup de génie a été de faire croire à l'opinion publique que le clivage droite ? gauche passait maintenant par là. Comme si lui (et donc la droite) représentait les valeurs éternelles de nos aïeux, fortes et protectrices à la fois, riches de bienfaits futurs, alors que les autres (donc la gauche) représentaient l'égoïsme, la paresse, l'assistanat (une litote du parasitisme) la jouissance sans vergogne de l'instant présent. Bref, la cigale et la fourmi revisitées par la Place Beauvau. Ce faisant, il savait qu'il enflammerait de ferveur la France de droite mais aussi qu'il s'attirerait de la part de beaucoup de gens de gauche des réactions embarrassées, voire compréhensives sur le mode « ben oui, là-dessus, désolé, mais il a pas tort ! ». Qui peut jurer n'avoir pas été troublé ? D'où aussi sa captation de Jaurès, de Blum et même de Guy Môquet, qui serait bien étonné de se retrouver là, lui qui mourut à 17 ans communiste et largement pour cette raison.

Or c'est là que réside la supercherie du siècle !! Car en effet, en quoi les valeurs énoncées plus haut ne sont-elles pas de gauche ? Qu'elles apparaissent de droite au premier abord, c'est assez clair. Elles le sont assurément mais elles sont aussi de gauche si l'on veut bien donner à ce terme sa dimension simplement républicaine. Elles l'étaient même bien avant, d'un point de vue historique. C'est tout de même une ironie de l'histoire que de constater aujourd’hui que c'est celui qui a réussi à rassembler les trois droites (cf. la théorie du professeur René Rémond sur ce point), à savoir la droite bonapartiste (aujourd’hui Gaulliste), la droite orléaniste (aujourd’hui libérale) et la droite légitimiste (aujourd’hui catholique traditionaliste) qui mange sur le dos socialiste la laine des valeurs de gauche.

Arrivé à ce point, il faut se poser lucidement la question de savoir ce qui distingue au fond droite et gauche. Non pas sur le plan du jeu politicien, car une telle question est vaine et triviale, à telle enseigne qu'elle a fait les choux gras de François Bayrou en lui servant de viatique unique, maintes fois ressassé et finalement stérile, mais la question de savoir ce qui distingue, sur le plan psychologique et conceptuel, une personne de droite et une personne de gauche. Ce ne sont pas des distinctions liées au revenu ou au patrimoine. Ces questions jouent parfois un rôle mais elles ne sont pas clivantes (il y a des patrons de gauche et tant d'ouvriers de droite !). Cela ne tient pas non plus à des question sociétales ou de m?urs, dont on a vu à maintes reprises qu'elles traversent les frontières politiques (peine de mort, PACS, euthanasie, IVG, etc?).

C'est à mon sens la question de la responsabilité qui donne la réponse. Cela tient je crois, fondamentalement, à la conception que chacun se fait du déterminisme individuel, de ce qui fonde la trajectoire des individus. On est de droite si l'on pense profondément (et souvent inconsciemment) que tout ce qui nous arrive est d'abord le fruit de ce que l'on construit soi-même, par ses propres actions, par ses efforts ou par ses erreurs, la multitude des petites et des grandes décisions qui font une vie. En bien comme en mal, « on a ce qu'on mérite ». (Sauf le handicap ou la maladie, dont on est toujours ou presque la victime innocente, et qui apparaissent comme le fruit amer d'une injustice immanente d'où l'importance consensuelles qu'elles prennent aujourd’hui, à juste titre d'ailleurs).

On est de gauche si on raisonne d'abord en termes sociologiques, si on analyse les trajectoires d
e chacun, (en bien comme en mal) par rapport aux forces que la société exerce sur les individus, que ces forces soient d'origine familiale ou sociales. Marx (encore lui) a imposé l'idée que les rapports sociaux sont toujours fondés sur des rapports de forces entre groupes sociaux (la lutte des classes) qui ont, comme l'a montré Bourdieu, le même champ d'habitus et d'intérêts.

En bref, un homme/une femme de droite pense que chaque individu est libre et (presque) toujours responsable tandis qu'à gauche on pense que les forces sociales s'exercent sur chacun au point de constituer un déterminisme de destin qui peut être total. Oui, mais, me dira-t-on « je suis de gauche et je pense un peu des deux ». C'est bien là le fait profondément nouveau, dont le PS, en tant qu'organisation de masse ayant une pensée collective distincte de la pensée de chacun de ses membres, n'a pas pris la mesure (ou en tout cas, a fait comme si) à cause de la pression évoquée plus haut : tout un chacun aujourd’hui se sent en peu de droite et un peu de gauche, en penchant plus ou moins d'un côté ou de l'autre. Je suis sûr pour ma part que Ségolène Royal en a tiré, elle, les conséquences – c'est d'ailleurs selon moi la raison principale de son succès aux primaires socialistes – mais elle l'a fait trop tard et maladroitement dans son expression et dans sa stratégie.

Alors, où est la supercherie ? Car supercherie il y a bel et bien. D'abord, je l'ai dit, dans le fait d'avoir réussi à faire croire que la ligne de partage politique était là. Mais aussi sur l'usage qu'on fait politiquement de ces valeurs. Avec la droite, le travail, le mérite, etc? servent à permettre à chacun de recevoir de la vie son juste dû, d'établir les hiérarchies sociales fondées sur la valeur intrinsèque de chacun et sur son utilité sociale, bref de dresser tous les remparts symboliques qui sont sensés assurer la protection dont il a été question plus haut. D'où le discours récurrent sur la compétition et sur la France qui se lève tôt !

Les mêmes valeurs, à gauche, sont les bases de la solidarité et de la justice sociale. Le mérite et le travail des uns doivent servir, outre à assurer à ceux-là la réalisation de leur projet de vie, mais aussi à permettre aux autres, ceux qui n'ont pas pu ou pas su, ou le plus souvent les deux, s'en sortir par eux-mêmes, de bénéficier des avancées collectives.

Les valeurs qui ont été mises en avant par Nicolas Sarkozy comme étant celles du bon sens et des bons citoyens, sont en fait des valeurs qui sont partagées par à peu près tout le monde, mais les uns et les autres n'en tirent pas les mêmes conséquences. D'un côté, cela renvoie à une société de compétition, voire d'opposition entre les catégories de personnes, de l'autre une société de recherche de justice et d'équité sociale, et non d'égalitarisme, comme il a été dit. Car l'égalité sociale, qu'il faudrait appeler « équité » pour éviter les confusions, permet aux plus « forts » de s'épanouir tout en n'oubliant pas les autres. C'est tout le contraire de l'égalitarisme, dont les connotations sont clairement bureaucratiques. (C'est d'ailleurs un des éléments de la supercherie que d'avoir entretenu la confusion).

Politiquement, aujourd’hui, deux données doivent nous interpeller :

  1. Le total des voix de gauche n'a jamais été aussi bas au premier tour, et les ¾ d'entre elles se sont portées sur le seul parti socialiste.
  2. SR a obtenu au second tour 11 % de voix de plus que le total des gauches au premier tour.

Conclusions ? La gauche radicale est morte ou presque, et le hiatus évoqué plus haut entre la pensée de gauche et son expression politique en France est enfin comblé. Il n'y a donc plus de stratégie possible sur le modèle de l'union des gauches et c'est bien la fin d'un cycle historique, celui qui s'était ouvert en 71 au congrès d'Epinay. Enfin, il existe potentiellement une majorité de français pour se rassembler sur un projet social-démocrate, européen et écolo, cette fois-ci clairement annoncé et assumé.

Par ailleurs, par une sorte de vieux relent d'organisation soviètoïde, le PS n'a pas su ou pas voulu, admettre que le programme était indissociable du leader qui l'incarne aux yeux de l'opinion publique. Et pendant des mois, on a entendu les ténors du PS nous dire qu'il fallait penser d'abord et seulement au projet, et que le temps du choix du candidat viendrait bien assez tôt. Dès 2004, j'ai dit qu'on se trompait. La compétition interne pour la désignation du candidat, si elle a eu l'incontestable avantage de donner du parti une image moderne et authentiquement démocratique, est venue trop tard. En effet, il était inévitable qu'elle créée entre les personnalités importantes du parti des dissensions, voire des conflits, sans doute naturels mais qui n'ont pas eu le temps de se résorber, d'autant plus que la candidate n'était pas formellement à la tête du parti. Cela a largement contribué à créer durant la campagne cette atmosphère délétère où l'on a bien cru que la candidate faisait campagne presque autant contre son parti que contre la droite.

C'est là une des conséquences importantes de la récente élection : l'hypocrisie qui consiste à porter haut le projet en faisant semblant de croire que la question du leadership est secondaire, est dévoilée et la plus élémentaire des lucidités devra conduire le PS à admettre que l'un ne va pas sans l'autre.

Alors, quid de l'avenir ? Pour éviter une 4ème défaite programmée d'avance, il faut, à mon sens définir dès cette année un(e) leader, un projet et une stratégie. (Mitterrand n'a pas fait autre chose entre 71 et 81, et il a mis 10 ans avant de réussir !)

1. Un leader : qui d'autre que Ségolène Royal a aujourd’hui les atouts pour endosser ce rôle ? Personne. Seul DSK (qui avait mes faveurs à l'origine) pourrait lui être opposé mais il a plus de handicaps qu'elle. En outre, les 17 millions de voix qu'elle a rassemblées lui donnent une légitimité incontournable. Il faut donc très vite qu'elle prenne la tête du parti et construise patiemment son écheveau. Il faut du temps pour bâtir un appareil efficace où tout le monde, du haut en bas, ?uvre dans le même sens, et pour imposer dans l'opinion publique l'image d'un leader incontesté. Cela suppose inévitablement que François Hollande cède la place, ainsi qu'il l'avait annoncé. Il est sans doute plein de qualités, et les tullistes (je suis bien placé pour le savoir) l'apprécient beaucoup, mais à force de ne pas choisir et surtout de brandir le statu quo interne comme un étendard, il a contribué à geler le parti pendan
t quelques années.

2. Un projet : c'est évidemment la social-démocratie qui l'incarne. Il n'y en a plus d'autre aujourd’hui. Cela veut dire un projet keynesien au plan économique, dynamisé par un Etat fort et rénové (et la rénovation de l'Etat, c'est bien autre chose que la seule accumulation de moyens supplémentaires), ardemment européen et bien sûr « écolo ». Vous avez dit « blairisme » ? Oui, sans doute, l'Irak en moins bien sûr. Il ne s'agit ici que des quelques principes généraux qui devraient selon moi structurer le futur programme.

3. Une stratégie : seule une alliance « orange-rose-vert » peut demain réussir. Une coalition qui irait du Centre aux divers gauches et aux écolos variés, autour d'un parti pivot, le PS. La question de l'alliance avec le MoDem à mon sens, ne doit pas nous choquer. L'opinion publique y est prête et rien ou presque ne s'y oppose sur le fond, pas même la question de la place de l'Etat, dès lors qu'on veut bien le considérer en tant qu'incarnation politique de la puissance publique et non seulement comme une entité administrative et bureaucratique. François Bayrou y est prêt également pour de nombreuses raisons de fond et parce qu'il pense qu'il réussira à s'imposer comme leader naturel d'une telle coalition, et donc à devenir l'opposant principal à Sarkozy dans l'avenir, ce qui lui serait impossible tout seul. C'est la stratégie du coucou. (Rappelons-nous que F Mitterrand a acquis la stature qu'on lui a connu seulement après qu'il ait décidé de s'opposer en tous points au général de Gaulle. C'est en s'opposant à un n° 1 qu'on se hisse à son niveau et pas l'inverse.) Si le PS n'est pas capable, par un discours clair et uni, de l'en dissuader, il n'aura que ce qu'il mérite

Pour y parvenir, il faudra, et ce n'est pas le plus simple, que les éléphant(e)s du PS acceptent de faire passer l'intérêt général avant le leur propre et se rangent avec armes et bagages derrière SR. On peut comprendre qu'ils soient amers, surtout s'ils sont convaincus qu'ils feraient un aussi bon leader (on pense surtout à DSK ou à Fabius) mais le choix pour eux est simple : ou ils acceptent cette réorganisation ou c'est tout le parti qui plonge et on repart pour 20 ans d'opposition. Ce qui s'est passé à la fin de la campagne est annonciateur de ce chamboulement. Mais c'était trop tard et trop peu.

Il faudra aussi que SR fasse de son côté l'effort de reconnaître et de valoriser ces personnalités, qu'elle sache faire confiance et déléguer. Il faudrait d'ores et déjà concevoir un organigramme coordonné, une sorte de « shadow cabinet » qui permettre, sur les grandes thématiques, de construire des équipes d'experts, de tisser des réseaux, d'identifier des responsables aux yeux de l'opinion publique. C'est à ce prix, et en travaillant sans doute mieux le fond des dossiers (l'épisode tragi-comique de la « saine colère » est à ce titre révélateur) que le parti socialiste reconstruira la solidité, la cohérence et la légitimité qui lui feront gagner les 4 ou 5 % d'électeurs qui feront basculer le cours des choses. Le veut-il et en est-il capable ? Je ne sais pas. Je sais en revanche que la gauche de peut pas se rénover et gagner autrement que par et autour du PS mais le PS à lui seul peut aussi tout perdre. Dans 6 mois au plus, on aura la réponse. Si tout recommence comme ces dernières années, c'en sera fini de tout espoir d'alternance, dont Mitterrand avait dit qu'elle ne serait réelle que le jour où un autre que lui serait élu.

Finalement, récolte-t-on ce qu'on sème ?…

le programme du PS pour les législatives

FACE À LA DROITE, DES RÉPONSES DE GAUCHE

Vous avez été 17 millions à voter pour Ségolène Royal lors de l’élection présidentielle pour manifester un réel désir de changement et une volonté de défendre notre modèle social. La victoire n’a pas été au rendez-vous. Et une nouvelle étape s’ouvre avec les élections législatives des 10 & 17 juin prochains. L’enjeu est décisif pour toutes celles et tous ceux qui veulent une France forte et juste.

Nicolas Sarkozy affiche des intentions inquiétantes. Le discours de la compassion remplace la solidarité concrète, la reconnaissance du mérite est au seul bénéfice des plus favorisés et le style personnel du nouveau pouvoir révèlent une complaisance avouée vis-à-vis de l’argent. Les choix économiques et fiscaux du nouveau gouvernement aggraveront inévitablement les inégalités ; quant aux suspicions à l’égard de certaines populations et de certains quartiers, elles accroîtront inéluctablement les divisions du pays.

Les socialistes ont entendu votre message dans la campagne présidentielle. Vous nous demandez de défendre des valeurs, celles de la République, et d’apporter des réponses concrètes à vos préoccupations : l’emploi, le pouvoir d’achat, le travail, le respect des droits et des devoirs, la sécurité.

Nous vous proposons un programme de législature construit autour de quatre principes : la vérité, car nous prenons des engagements réalisables dans les cinq années qui viennent ; la protection de nos concitoyens face aux conséquences prévisibles de la mise en ?uvre du projet de Nicolas Sarkozy ; le dialogue, car chacun doit être entendu, et les réformes ont besoin d’être débattues pour être réussies ?c’est nécessaire au Parlement, c’est indispensable avec les élus locaux, c’est impérieux avec les partenaires sociaux ; enfin, le renouvellement des pratiques politiques, des institutions et de l’action politique. Notre volonté, dans ce contexte si essentiel pour notre avenir, est de faire des socialistes une force pour agir et protéger et, enfin, de tout faire pour donner ses chances à une majorité de progrès.

Les 10 & 17 juin, la participation doit être la plus forte possible pour permettre l’élection du plus grand nombre possible de députés de gauche. La droite, avec la Présidence de la République aujourd’hui, et le Sénat depuis longtemps, concentre l’essentiel du pouvoir, elle dispose d’une influence déterminante sur les médias. Elle a des intérêts communs avec les milieux d’affaires. Il faut donc un équilibre, un contrepoids, une force pour vous défendre. Dès lors, les élections législatives revêtent une importance pour garantir la cohésion du pays et le pluralisme de notre démocratie.

Nous vous proposons quatre grands objectifs :

I ? TRAVAILLER MIEUX ET TRAVAILLER TOUS
La droite a un slogan « travailler plus pour gagner plus ». C’est une supercherie qui conduit à moins d’emplois et plus de précarité pour le plus grand nombre. Elle présente un programme fiscal (suppression des impôts sur les gros patrimoines) qui favorise la rente et non l’effort. Alors qu’elle a été incapable de relancer la croissance depuis 5 ans, elle risque de l’étouffer davantage demain en augmentant la TVA.

Nous socialistes, voulons au contraire créer les conditions d’une croissance soutenue en plaçant la valeur du travail et du plein emploi au c?ur de nos politiques économiques et sociales. Le modèle de développement que nous défendons repose sur quatre piliers : l’innovation ; la sécurité des carrières professionnelles ; le pouvoir d’achat ; le respect de l’environnement. Parce que la France n’est pas seule dans la compétition internationale, nous inscrivons notre action tant au niveau national qu’au niveau européen.

Nos principales propositions :

En matière de croissance et d’emploi : effort d’investissement, notamment dans le domaine industriel, avec un plan de soutien aux PME innovantes. Augmentation progressive sur cinq ans des moyens dévolus à la recherche ; progression de 10% par an et pendant cinq ans du budget de l’enseignement supérieur ;
Défense du Contrat à durée indéterminée comme élément central du contrat de travail et refus de l’extension du Contrat nouvelle embauche et du CPE sous l’appellation de Contrat unique.

Création « d’emplois tremplins », à l’instar de ce qui se fait déjà dans les régions, et mise en place de nouvelles sécurités professionnelles assurant une garantie de revenu et une démarche de formation tout au long de la vie ;

En matière de pouvoir d’achat
Augmentation du pouvoir d’achat, du SMIC à 1500 euros le plus vite possible, des bas salaires et des petites retraites, allocation d’autonomie pour les étudiants sous conditions de ressources, réforme et simplification de la fiscalité au bénéfice du travail et de la consommation, suppression du bouclier fiscal qui favorise les plus riches.

En matière du respect du dialogue social
Promotion de la démocratie sociale pour renforcer le rôle et la place des partenaires sociaux, avec une réforme de la représentation syndicale fondée sur le vote des salariés et le respect des accords majoritaires. Et refus des projets annoncés par la droite qui remettent en cause le droit de grève dans le secteur public et le secteur privé.

II ? PROTÉGER LE PRÉSENT ET PRÉPARER L’AVENIR

La droite avance des solutions qui mettent en cause la protection sociale, affaiblissent les services publics et réduisent les moyens de l’école de la République. Elles contribueraient à aggraver la situation de millions de Français.

Nous, socialistes, voulons préserver la cohésion nationale et pensons que lutter pour une égalité réelle est le meilleur moyen de préparer l’avenir.

Nos principales propositions :

1)-Pour le présent
Nous voulons l’égalité devant la santé : priorité à l’hôpital public, aujourd’hui menacé ; limitation des dépassements d’honoraires ; refus de toute forme de nouveaux déremboursements qu’envisage la droite à travers les « franchises » ; priorité à la prévention et à la santé publique ; enfin, l’aide à l’installation de jeunes médecins en zone rurale ou dans les quartiers sera renforcée.

Nous voulons l’accès à un logement de qualité. C’est pourquoi nous proposons, de construire 120 000 logements sociaux par an, d’engager un plan pour l’accès à la propriété, et de lancer un effort accru de construction de logements intermédiaires, afin de créer une fluidité profitable à tous. Parallèlement, sera créé un service public de la caution et mis en place un bouclier logement pour les familles modestes garantissant un budget logement toujours inférieur à 25 % des revenus ; nous réaffirmons la nécessité d’une application stricte et rigoureuse de la loi SRU, face au scandale des 3,5 millions de mal logés. Nous mettrons en ?uvre une nouvelle politique de solidarité urbaine avec notamment un Fonds de national pour l’égalité entre les territoires.

Nous voulons un droit effectif à la sécurité et à la tranquillité. Face à la progression, depuis 5 ans, des violences aux personnes, nous proposons la création d’une vraie police de quartier et de mener une politique fondée sur la prévention et la sanction. Les deux démarches sont indissociables. La prévention est indispensable pour éviter le tout carcéral, mais tout acte de délinquance doit trouver une sanction clairement affichée et assumée.

Nous voulons favoriser l’égalité réelle afin de lutter contre toutes les discriminations. Nous proposerons trois lois, la première pour lutter contre les violences faites aux femmes, la seconde pour ouvrir aux couples de même sexe le mariage et l’adoption, la troisième pour que chaque loi votée prenne en compte le handicap.

Nous voulons une politique d’immigration maîtrisée et partagée. Nous voulons une politique d’immig
ration juste et efficace qui lutte contre les filières clandestines et qui favorise une réelle intégration des immigrés en situation régulière et qui soit liée aux politiques de développement des pays d’émigration. Nous reconnaîtrons le droit de vote pour les scrutins locaux aux résidents étrangers, habitant depuis cinq ans dans notre pays.

2)- Pour l’avenir
Nous voulons une éducation pour tous et une attention portée à la réussite de chacun : mise en place d’un service public de la petite enfance ; études dirigées ou encadrées pour tous les élèves ; diminution du nombre d’élèves par classe en ZEP ; révision de la carte scolaire pour supprimer les « ghettos » scolaires, soutien à l’intégration des handicapés ; renforcement de l’enseignement professionnel pour qu’il devienne une véritable voie d’excellence ; revalorisation du métier d’enseignant ; amélioration de la relation avec les familles dans l’école.

Nous voulons pour chacun, une retraite décente et sûre. Cela suppose une renégociation globale de la Loi Fillon, avec pour enjeux principaux un minimum garanti des retraites, la prise en compte de la pénibilité des métiers et donc la réduction des disparités d’espérance de vie selon les catégories socio-professionnelles, un financement juste, assis également sur de nouvelles ressources (revenus financiers), le renforcement du taux d’activité des salariés âgés de plus de 50 ans. Le défi du vieillissement de la population doit être relevé : il faut s’appuyer sur l’allocation personnalisée d’autonomie créée par la gauche afin de faire triompher une logique de solidarités entre les territoires et les générations ; la mise en place d’une cinquième branche de sécurité sociale doit permettre d’éviter le recours désastreux aux assurances.

Nous voulons aussi, face aux dérèglements climatiques, à l’épuisement prévisible des ressources énergétiques, une politique vigoureuse d’économies d’énergie et une diversification de nos sources d’énergies. Nous développerons massivement les énergies renouvelables. À l’encontre de la privatisation engagée d’EDF et de GDF, il faut affirmer la nécessité d’un pôle public de l’énergie qui prenne en compte le long terme. Nous souhaitons le développement de modes de transport alternatif à la route, un basculement progressif d’une part importante du FRET vers le rail. Nous préconisons la discussion d’une nouvelle loi sur l’eau, enjeu majeur de ce siècle. Nous introduirons une véritable fiscalité écologique. Nous entendons soutenir une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement et réorienter la Politique agricole commune vers les productions de qualité et le développement rural.

Nous voulons concilier protection sociale et réhabilitation du travail. L’instauration d’un Revenu Social d’Activité permettant la majoration d’1/3 de ses revenus pour toute personne reprenant un emploi rémunéré répond à cet impératif.

Nous voulons réduire la dette que la droite a laissé augmenter de manière inconsidérée, particulièrement par ses baisses d’impôt en faveur des catégories sociales les plus favorisées, car la dette est socialement injuste et économiquement irresponsable. Sa résorption passe par une politique de croissance, la restauration de notre compétitivité, une fiscalité juste, une gestion rigoureuse des finances publiques. Et la lutte contre les gaspillages : un euro dépensé doit être un euro utile.

III ? RÉORIENTER L’EUROPE POUR PESER DANS LA MONDIALISATION

1)-L’Europe
La droite n’a pas d’ambition européenne. Son projet : un mini-traité au rabais soumis au seul Parlement, pour une Europe réduite aux politiques de marché.

Nous, socialistes, nous voulons redonner une volonté à l’Europe : pour l’emploi, pour la croissance et le développement durable, pour la recherche et l’innovation, pour les grands projets industriels. L’Europe, en effet est un outil irremplaçable face à la mondialisation, un levier décisif pour agir et ne pas subir.

Nous avons besoin d’une Europe qui protège, ce qui suppose qu’enfin l’emploi, la croissance, l’investissement, la recherche soient au c?ur des objectifs de la Banque Centrale Européenne (BCE) qu’un gouvernement économique émerge dans la zone Euro, que l’Europe défende le respect de normes sociales et environnementales dans le commerce international, et que le rôle des services publics soit reconnu.

Il nous faut aussi une Europe politique et plus démocratique. À cette fin, il faut dépasser l’impasse politique et institutionnelle et favoriser la négociation d’un traité institutionnel plus simple, soumis à référendum, pour que l’Europe se fasse avec les citoyens.

2)- Le monde
La construction de l’Europe prend tout son sens au regard de la mondialisation libérale en cours qu’il faut maîtriser et surtout réorienter en fonction d’objectifs publics, sociaux et environnementaux.

La France doit porter une voie forte dans le monde, avec ses partenaires européens, au service de la paix et du développement, sans s’aligner sur d’autres puissances.

Nous proposons une réforme de l’Organisation Mondiale du Commerce, du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale qui doivent être mises au service du développement avec l’instauration d’une taxe de type Tobin sur les mouvements de capitaux.

Il nous faut conduire également une vraie politique de co-développement avec les pays du Sud en particulier l’Afrique et les pays du Bassin Méditerranéen.

IV ? DÉMOCRATISER ET RENOUVELER NOTRE RÉPUBLIQUE

La droite propose le statu quo, autant dire le prolongement d’un système de concentration des pouvoirs, qui date du milieu du siècle dernier. Elle veut disposer de tous les leviers sans contrôle ni contrepoids.

Nous socialistes, nous voulons faire évoluer profondément nos institutions, et nos pratiques, en allant vers une VIè République.

Nos principales propositions:
Un parlement respecté et renforcé dans sa capacité à légiférer, à contrôler le pouvoir exécutif, à irriguer le débat démocratique ; ce qui implique notamment la suppression de l’ articles 49/3 qui permet à un gouvernement de passer en force comme pour le Contrat Première Embauche.

Un mandat unique pour les parlementaires afin qu’ils se consacrent totalement à leur mission;

L’instauration d’une part de scrutin proportionnel, à l’Assemblée Nationale, pour une plus juste représentation des courants politiques minoritaires ;

Une vraie parité homme/femme pour toutes les élections.

Une démocratie participative avec notamment le principe de lois d’initiative citoyenne ;

Une charte de la laïcité annexée à la Constitution ;

Une nouvelle étape de la décentralisation, garantissant aux collectivités locales des moyens financiers pour assurer pleinement les charges qui leur sont transférées, pour mettre en ?uvre une démocratie territoriale plus juste et plus solidaire en métropole et dans les Outre-Mers.

Une profonde rénovation du système judiciaire qui. passe par une augmentation substantielle de ses moyens, alors que le budget de la justice place notre pays au 23ème rang au sein de l’Union européenne, une plus grande égalité d’accès pour chaque justiciable, une justice digne de ce nom pour les mineurs, la reconnaissance d’une instruction collégiale, suite au rapport de la Commission Outreau, une réforme de la composition et du rôle du Conseil Supérieur de la Magistrature, pour l’indépendance et la responsabilité des magistrats

La lutte contre la concentration dans les médias et la confusion des intérêts économiques et politiques ; nous favoriserons un audiovisuel public fort, nous réformerons le Conseil Supérieur de l’audiovisuel pour garantir l’indépendance des médias et son pouvoir de régulation.

Les 10 & 17 juin, le choix sera clair. La droite veut amplifier et aggraver la
politique menée depuis 2002, en pensant que l’économie ne fonctionne bien que si le social régresse, Nous les socialistes pensons au contraire qu’il faut concilier le progrès économique et les avancées sociales, la croissance et la sécurité, la création de richesses et la réduction des inégalités, l’industrie et l’écologie. La droite, avec son parti l’UMP, veut concentrer tous les pouvoirs dans une même main, rendant ainsi impossible les promesses d’un État impartial et d’une démocratie renouvelée. Les socialistes luttent au contraire pour une démocratie vivante, transparente et équilibrée.

À vous de décider. L’avenir du pays vous appartient. Avec vous, nous sommes prêts à prendre toutes nos responsabilités au service de la France.

Sarko V1.0

Monsieur, Madame,
 
Il y a bientôt deux semaines, j’ai changé mon programme en mémoire (p)résidente Chirac 2.0 par un nouvel utilitaire, Sarko 1.0, et j’ai noté que le programme a lancé une applicationinattendue appelée maintenant_vous_allez_vraiment_en_chier 1.0, qui a considérablement réduit les performances de mon ordinateur.
 
Dans la notice, cette application n’était pourtant pas mentionnée.
De plus, Sarko 1.0 s’installe dans tous les autres programmes et se lance automatiquement lors du lancement de n’importe quelle application, parasitant l’execution de celles-ci.
 
Des applications telles que liberté-d-expression 8.9 ou vivre-ensemble 3.2 ne fonctionnent plus.
 
De plus, des programmes occultes (virus ?) nommés Folie_Furieuse 11.5, Démagogie 7.0 et Autoritarisme 9.5 se lancent de temps en temps et soit plantent le système, soit font que Sarko 1.0 se comporte de façon totalement inattendue.
 
Je n’arrive pas à désinstaller ce programme ce qui est très embêtant, surtout quand j’essaye d’exécuter l’application joie_de_vivre 8.2.
 
Par exemple, la commande : /service_public.exe ne fonctionne plus ou se met en niveau de service minimum.
 
D’autres utilisateurs de Sarko 1.0 m’ont fait part de l’existence d’applications telles que t’as_tes_papiers 6.0 et
allez_zou_charter_bamako version 3.4 liées à l’utilisation de Sarko 1.0 sur les ordinateurs pourvus d’une carte écran à gestion des couleurs multiples. En revanche Sarko 1.O serait plutôt efficace en matière de gestion des désentrelacements.
 
J’envisage de revenir à la version Chirac 2.0 que j’avais avant, mais cela a l’air très compliqué.
 
Que faire ?
 
Un utilisateur démoralisé.
 
 
Réponse :
 
     Cher Monsieur,
 
Votre plainte est très fréquente chez les utilisateurs de Sarko 1.0,mais elle est due le plus souvent à une erreur de conception de base.
 
Beaucoup d’utilisateurs passent de leur version Chirac 2.0 à Sarkozy 1.0 en pensant que Sarkozy 1.0 n’est qu’un programme d’utilitaires et de divertissement.
 
Cependant, Sarko 1.0 est bien plus que cela, il s’agit d’un SYSTEME D’EXPLOITATION COMPLET conçu pour gérer TOUTES vos applications.
 
Il est entendu que le retour à Chirac 2.0 est impossible. Deux options s’offrent à vous :
 
– Vous décidez de conserver Sarko1.0, et vous attendez 5 ans normalement, avant de changer pour un système d’exploitation plussatisfaisant et performant.
Pour ce qui concerne les programmes Démagogie 7.0 ou Autoritarisme 9.5,ce sont des programmes d’ancienne génération utilisés en NB sous système d’exploitation Vichy.1940, qui aujourd’hui connaissent des problèmes de compatibilité.

Evitez d’utiliser les touches Echap et Suppr trop souvent sous Sarko1.0, vous risquez delancer des applications néfastes comme C:/coup_de_matraque_dans_la_gueule.exe ou C :/prison_ferme.exe.

Il vous faudra de plus lancer manuellement la commande C:/allo-c-est-pour-dénoncer.exe ou manifestation_de_soutien-ump.exe pour rendre le système stable.

ATTENTION : Il va sans dire que les déceptions lors de l’utilisation devotre outil vont être nombreuses.

Des mises à jour de de Assemblée_nationale.exe, voire une V6 de République_Française.doc, bientôt téléchargeables, devraient permettre de résoudre le problème. La date annoncée pour la sortie des premiers modules est le 10 juin prochain.

 
 
– L’autre solution est une restauration du système.
 
Il vous faudra assez simplement télécharger le patch Je_Vote_Royal 1.1pour récupérer l’ensemble des fonctionnalités de votre ordinateur et en augmenter les performances.

Mais attention il parait qu'il existe des contrefaçons du patch Je_Vote_Royal 1.1, certaines provenant de la région d’Amsterdam en Hollande.

Les tests de régression y révèlent la persistence en RAM d'un lolo_fabius_09.exe qui boucle et sature la mémoire ; on constate aussi des manifestations intempestives du fichier texte Dom_SK.dat qui lorsqu'on parvient à le décrypter fait défiler en continu à l'écran « rénover-ça-veut-dire-que-je-deviens-le-chef » ?

Exigez le certificat « Genuine Je_Vote_Royal 1.1 » !!!

 
Cordialement,
le support informatique.

Ségolène Royal et les présidentielles

Handicaps :

Un manque de front uni lorsqu'elle s'est présenté : la désunion du PS diminuait l'impact et la crédibilité de ses propos

De gré ou de force (mais ce n'est pas ce que les gens ont retenu) NS a embarqué le gouvernement et l'UMP

Cette union nécessaire, bien avant le choix du candidat à la candidature, sur de vraies stratégies de gauche risque de nous priver de la même façon et pour les mêmes raisons dans 5, 10, 15 etc. ans?.

Elle a osé s'attaquer à des problèmes « brûlants » sur lesquels la gauche fait l'impasse et qui préoccupent les Français : la sécurité (ou plutôt l'insécurité) et l'immigration

NS a focalisé l'attention des gens sur ces problèmes et montré sa capacité à les « régler » de façon musclée, quasiment depuis 5 ans, et surtout en tant que ministre de l'intérieur.

(Les gens préfèrent une mauvaise décision à pas de décision du tout)

SR a surtout parlé de droits et de protection, ce qui n'a pas diminué la peur, savamment orchestrée, des électeurs

La réponse à ces sujets (faute d'avoir été « pensée » à gauche pendant ce même laps de temps de 5 ans) et les propositions ressemblaient à du bricolage de dernière minute?

Faute d'une préparation collective, sereine, ancrée dans le temps, SR s'est livrée à des improvisations désastreuses parce que trop terrain et non réfléchies auparavant

Ex : le « raccompagnement » des femmes de la police chez elles. Et pourtant il y avait là, en remontant le propos à un niveau supérieur (le rôle des femmes, l'accession des femmes à tous les métiers, l'éducation citoyenne et féministe des jeunes garçons, le respect de l'autre-femme, la parité?) l'occasion de prendre le pas sur NS qui ne fait que des déclarations d'intention basiques sur ce sujet, quand il en fait?

Le sujet des femmes n'est jamais apparu comme une différence fondamentale entre la droite et la gauche (et pourtant 52% des électeurs sont des électrices?)

Ce que nous avons appris, ce qu'il faut retenir :

La pugnacité et le sang froid de SR (ou de tout autre candidat retenu par les militants) sont des atouts majeurs dans la lutte à mort des présidentielles

A condition que :

Un vrai projet de société soit édifié au long des cinq ans de réflexion obligatoires qui nous incombent,

Un projet qui ne soit pas seulement la défense des faibles et des opprimés et le maintien des avantages acquis, mais un vrai projet (négocié) de croissance économique et de progrès social.

Quelles réponses de la gauche sur :

Les avancées sociales dans un monde au fonctionnement capitaliste, financier et globalisé, avec un pouvoir sans limite des groupe financiers multinationaux. (pour le capitalisme, lire Comte Sponville : « le capitalisme est-il moral ? » avec enfin une référence à la responsabilité éthique individuelle) ?

La place de la France et de l'Europe dans une irréversible et irrépressible mondialisation (qui n'a pas que des inconvénients? et qu'on ne peut maîtriser qu'au niveau européen?) ?

Quelles réponses, propositions aux patrons de petites et moyennes entreprises qui se sont sentis abandonnés par la gauche ?

Comment intégrer les avancées des « patrons de gauche » : ils existent et réussissent parfois mieux que les autres?

Quelles alliances rechercher ? Celle de l'extrême gauche qui se complait dans l'échec et la protestation et se refuse encore à « gérer le capitalisme ? Ou la recherche d'une nouvelle alliance vers le centre, négociée sur ce nouveau projet de progrès économique et social.

Enfin il paraît urgent d'aller sur le terrain traditionnellement occupé par la droite (dans une réflexion systémique sur le fonctionnement politique en France.) NS n'a pas hésité à se réclamer de Jaurès, et à parler du social en pompant allègrement nos idées.

Sortons du discours habituel et passons à l'attaque

La gauche (traditionnelle) est morte. Vive la gauche (moderne).

Rénovons, rénovons

 

… il en restera toujours quelque chose !

Rénover, ce n’est pas changer de leader et remplacer un éléphant par un autre.

C’est aussi définir une ligne politique claire et, devinez quoi, novatrice, une ligne qui par exemple nous sortira de ce clivage interne « gauche-gauche » vs. « social-démocratie ». Si le PS penche d’un côté ou de l’autre, il sera débordé sur sa droite ou sur sa gauche, il dépassera jamais les 20% aux premiers tours, et il ne rassemblera jamais assez sur des deuxièmes tours.

Trop de nouveaux adhérents se sont éloignés du Parti ces derniers mois, n’y trouvant pas leur place.
Nous ne pouvons admettre que des querelles de chapelles, nationales ou locales, se permettent de consommer notre énergie, de saper notre moral, de réfréner nos élans ou de miner nos projets.

Tout cela, à mon sens, écarte la plupart des éléphants, ex-ministres ou non, d’un premier rôle futur. Même si on les aime bien, même si certains n’ont pas démérité.

Face au parti conservateur qu’est l’UMP, rénovons, réinventons le PS en un grand parti progressiste, à la ligne visionnaire qui saura rassembler largement, aux institutions modernisées, où la solidarité entre les dirigeants sera sans faille, où ces mêmes dirigeants seront au service des militants plutôt que de leurs seules ambitions personnelles.

Un PS, j’allais écrire un Nouveau PS, qui enfin n’aura peur ni des alliances ni de la cohabitation et qui, alors seulement, sera digne et capable d’?uvrer pour le bien commun de nos concitoyens.

 

 

 

 

Arnaud Montebourg au Conseil National du PS


« Il faudra donc faire preuve d'ingénierie politique, de créativité idéologique, et il faudra, c'est vrai, refonder. »

Paris, le 12 mai 2007

Chers camarades, dans cette magnifique campagne qui laisse derrière nous des moments extraordinaires, nous avons vu, après les résultats de ce scrutin, réapparaître les deux France : à l'ouest, baignée dans la tradition démocrate chrétienne, plus urbaine, plus optimiste d'ailleurs, à l'est, la France, qui d'ailleurs avait voté non massivement au TCE, cette immense flaque bleue qui ensevelit d'ailleurs beaucoup de nos positions politiques, plus rurale, davantage périurbaine, et qui a fusionné et réalisé la fusion dans les urnes des trois droites.

Nous avons pu observer aussi les avantages stratégiques pris par nos adversaires, une organisation partisane quasi militaire autour d'un leadership de moins en moins contesté au fil du temps, une offre politique nouvelle à droite que nous avons su qualifier, mais que nous n'avons pas su vaincre. Saisissement de thèmes nouveaux. Positions politiques nouvelles, quand elles n'étaient pas dangereuses et provocatrices, jusqu'à l'atlantisme qui a été assez clairement assumé dans cette campagne. Une démonstration de puissance et de force dont nous n'avons pas pu offrir le pendant.

… la suite en cliquant ici

Toqueville

« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.

« Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d'eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu'ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n'aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d'eux à la prospérité de tous. Il n'est pas besoin d'arracher à de tels citoyens les droits qu'ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes (?)

« Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s'emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu'il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu'il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d'ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d'apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s'éveillent et s'inquiètent ; pendant longtemps la peur de l'anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.

« Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c'est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s'ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu'elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l'ordre est déjà esclave au fond du c?ur ; elle est esclave de son bien-être, et l'homme qui doit l'enchaîner peut paraître. (?)

« Il n'est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d'une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l'immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les m?urs ; et l'on s'étonne en voyant le petit nombre de faibles et d'indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple?

« Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n'est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »

Alexis de Tocqueville

Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 (10/18, 1963).