Chronique de la rupture #4

Semaines du 4 au 17 juin 2007


 En ce dimanche où Ségolène annonce sa séparation, il est au moins une promesse de Sarko qui aura été tenue : la rupture, mais sans doute pas celle à laquelle le bon peuple s attendait.  A quand une deuxième mi-temps dans le camp d en face ? Mais passons, cela ne nous regarde pas…

Ce que l’histoire retiendra de ces semaines de campagne électorale ? Cafouillages et approximations : sur les heures supplémentaires, les allègements fiscaux, la TVA sociale. Ils ont eu des mois pour se préparer, y réfléchir, formuler des options, mais ils ne peuvent pas s empêcher d improviser. Pur amateurisme, mais qui sera sans conséquence puisqu’ils pourront n’en faire qu’à leur tête…

 
En attendant :

  • non remplacement d’un fonctionnaire sur deux : économie annuelle = 1 milliards d’euros
  • paquet fiscal concernant les successions, les intérêts d’emprunts etc. : manque à gagner annuel = plusieurs milliards d’euros.

Ce n’est rien…

… qu’un président qui nous fait perdre du temps

livre_cenestreien.jpgEt si Nicolas Sarkozy n'était qu'un Jacques Chirac en sueur ? À mi-mandat, on cherche encore la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche encore la fameuse rupture, la modernité promise, la gouvernance modeste et transparente annoncée.

 

Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le « travailler plus pour gagner plus » (impraticable), « la discrimination positive » (abandonnée), la « laïcité positive » (oubliée), la « réforme de la françafrique » (même pas essayée) ?

La plupart des réformes sont embourbées dans l'inévitable embouteillage législatif. Pour aboutir finalement à des mesures le plus souvent vidées de leur substance.

 

Le contraste entre une parole politique forte et des résultats squelettiques risque de porter un coup sévère à la crédibilité du discours politique.

 

En fait de « retour du politique » revendiqué, nous avons un Président qui consomme comme aucun autre les études d'opinions qu'il commande à grands frais par le biais de ces nouveaux Mazarin que sont les sondeurs et les publicitaires de son entourage. La concentration des pouvoirs à l'Élysée, le manque de déontologie du pouvoir dans les nominations et quelques discours provocateurs, pourtant souvent non suivis d'effet, ont permis aux antisarkozystes pavloviens d'hurler à la menace contre la République ! Alain Badiou peut se demander « de quoi Sarkozy est-il le nom », ses outrances antisarkozystes apposent en réalité le sceau de la réforme à ce qui ne sont finalement que de pâles copies des promesses de révolution du candidat Sarkozy.

 

Sarkozy n'est ni le nom de la peste, ni celui de la barbarie? seulement celui de Nicolas. Il ne représente pas un danger pour la République, comme tant de commentateurs ou d'opposants aimeraient le croire, pour la simple et bonne raison que Nicolas Sarkozy n'est qu'un Président banalement de droite, un libéral pas convaincu, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement.
Nicolas Sarkozy n'est donc que le dernier Président du xxe siècle.
Une perte de temps pour la modernisation si nécessaire à la vie politique française.

 

par Thomas Legrand, journaliste politique, éditorialiste à France Inter

Chronique de la rupture #3

Semaines du 21 mai au 3 juin 2007


 Atermoiements, improvisation et amateurismes à 10 jours des législatives

« Pause dans la réduction de la dette » alors qu’on accusait le programme socialiste d’aggraver les déficits publics

 Défiscalisations des heures supplémentaires « même pour les cadres et les employés à temps partiel » dixit le Premier Ministre. Quelle moquerie, quelle insulte.

 Déduction des intérêts d’emprunts pour la résidence principale, achetée après le 6 mai pour l’un, quelle que soit la date d’achat pour l’autre, déduction des revenus pour l’un, de l’impôt sur l’autre, plafonnés à 20% (de quoi ?) pour un troisième.

 A croire que ces gens viennent de se rendre compte qu’ils allaient devoir réaliser les promesses tenus pendant la campagne. Ils nous disaient être prêts, mais à quoi donc ont-ils réfléchi pendant tout ce temps là.

 Ce sont des amateurs. Leur incompétence n’a d’égale que leur arrogance.

 Mais ne feignons pas de les découvrir, souvenons-nous que ce sont les sortants. 70% des ministres du gouvernement Fillon l’ont déjà été au cours de ces cinq dernières années.

 La suppression des emplois jeunes, la réduction des crédits pour la recherche, les sous effectifs dans les hôpitaux, le CNE, le CPE, les réductions d’impôts pour les plus aisés : c’était déjà eux.

C’est notre dernière chance, sinon la France en reprend pour 5 ans.

Alors n’hésitons pas, le 10 juin, virons-les, votez et faites voter pour les candidats socialistes.