Le Bourget 2.0, c’est maintenant !

Nous souhaitons vivement la réussite du programme gouvernemental visant au redressement de notre pays. Nous apprécions les avancées réalisées dans plusieurs domaines depuis mai 2012, mais sommes également conscients des écarts apparus entre les 60 engagements du candidat Hollande et certaines décisions ou certains projets notamment en matière économique et sociale.

Nous nous refusons au discours stéréotypé, irresponsable, destructeur et réducteur qui caractérise aujourd’hui une partie de la Gauche. Nous nous y refusons par loyauté au programme que nous avons soutenu, par considération pour ce qui a déjà été réalisé, et par respect de celles et ceux qui, en cabinet ministériel ou au parlement, font leur maximum, et ne comptent pas leur temps pour mettre en ?uvre ce changement. 

Nous voulons toutefois rappeler que la philosophie d’ensemble qui guidait le message de la campagne était la reconquête, par le politique, du terrain perdu depuis la révolution conservatrice, repli sanctionné par la crise. 

Cette reconquête passait par la révolution fiscale, la régulation effective du secteur financier, le retour de l’Etat dans les stratégies industrielles et la rupture avec les logiques d’austérité imposées en Europe.

La priorité demeure le retour à l’emploi et à la croissance.  Conscients du contexte, et du temps nécessaire au redressement du pays, nous ne sommes pas en exigence immédiate de résultat. Nous réitérons notre soutien aux engagements énoncés le 22 janvier 2012 lors du discours du Bourget, et figurant dans les 60 engagements du candidat. Aussi, nous estimons qu’il est impératif que soient publiquement annoncées et effectivement engagées avant l’été 2013 des dispositions telles que :

  • La reprise de la réforme fiscale, avec en point de mire d’une part la convergence de la CSG et de l’IRPP en un seul impôt progressif (promesse 14), et d’autre part la modulation de la fiscalité des entreprises en fonction de leur taille (promesse 3) et de leur notation sociale (promesse 24).
  • La séparation des activités bancaires bien au-delà du projet de loi actuel, la suppression des stock-options dans les entreprises arrivées à maturité, le projet d’une agence publique européenne de notation (promesse 7).
  • La mise en ?uvre effective d’une stratégie de filières industrielles et d’un mouvement de relocalisation et de réengagement de sites productifs sur le territoire français (promesse 3).
  • La mise en place de dispositifs de réciprocité commerciale faisant obstacle à toute forme de concurrence déloyale, dumping social ou environnemental (promesse 13)
  • L’engagement immédiat de négociations avec nos partenaires européens et en particulier l’Allemagne, en vue de l’établissement d’un nouvel ordre monétaire et du rééquilibrage de la parité de de l’Euro vis-à-vis du dollar américain et du yuan chinois (promesse 13).

 

Nous demandons à tous ceux qui sont en accord avec ce texte de le relayer dans les media, auprès du gouvernement et du parlement.

Une dégénérescence oligarchique. Un appel de la Convention pour la 6° République

Le mensonge le plus symbolique de Jérôme Cahuzac restera celui proféré devant l'Assemblée Nationale en séance publique le 5 décembre 2012. Il est celui d'un ministre régalien devant une institution qui, ravalée en dernière position derrière le président de la République et le gouvernement dans le texte de la Constitution de la V° République, ne compte plus dans la pratique de celle-ci et dans l'esprit de celui-là.

Une République dont la tradition scandaleuse ouverte par l'affairisme immobilier, date de ses origines en 1958. En effet, s'il y a des aspects circonstanciels dans la dernière affaire en cause, il y a un vice caché dans le détail de ce régime : celui de l'irresponsabilité qu'il organise à tous les niveaux, de la présidence de la République aux pouvoirs locaux. Obsédés par leur volonté d'installer un « exécutif fort », les pères fondateurs de notre loi fondamentale ont abaissé tous ce qui pouvait faire ?uvre de contre-pouvoir. La bipolarisation a si bien fonctionné que les alternances consécutives à une élection présidentielle se sont avérées incapables de produire une alternative politique significative : les méthodes de gouvernement, les systèmes d'arbitrage, le personnel de décision et finalement les m?urs, restent les mêmes. Il y a bien une lente dégénérescence  oligarchique qui explique aussi le scandale Cahuzac.

Le résultat est dans ces chiffres accablants tels qu'ils ressortent des enquêtes d'opinion : 72% des Français « ne font pas confiance aux responsables politiques » (Harris, mars 2013) et autant jugent que « le système démocratique fonctionne plutôt mal en France » (Ipsos, janvier 2013).

Aucune réforme depuis l'élection de François Hollande n'est venu combattre cette tendance. Depuis le renvoi aux calendes grecques de l'interdiction du cumul des mandats pourtant si populaire (82% des Français interrogés, par ailleurs  favorables à la limitation à deux mandats consécutifs) jusqu'à l'enterrement de la réforme territoriale, rien n'est venu améliorer le renouvellement du personnel comme de la vie politique. Les dispositions du rapport Jospin notamment celles  sur le renforcement du pluralisme à l'Assemblée nationale (la proportionnelle), la fin de l'inviolabilité du président de la République ou la prévention des conflits d'intérêts n'ont pas été retenues. Si bien que les propositions faites ce 3 avril par François Hollande apparaissent comme singulièrement inadaptées     (y compris celle concernant l'indépendance de la justice).

La raison de cet immobilisme tient sans doute au fait que les révisions constitutionnelles successives (en particulier celle de 21 juillet 2008) se sont enlisées dans le renforcement du présidentialisme. Si la gauche ne veut pas être emportée par celui-ci, il lui faut faire preuve d'audace démocratique et engager une réforme d'ampleur. Les projets et les propositions surabondent et font l'objet de plus de consensus qu'il ne semble. Ils trouveraient facilement le soutien de l'opinion. L'Elysée ne veut pas ? Que des parlementaires se saisissent des opportunités de l'article 89 de la Constitution selon lequel « l'initiative de la révision appartient concurremment au président de la République et aux membres du Parlement ». Si des députés ou des sénateurs le veulent, un débat peut s'ouvrir sur la possibilité d'une autre République. Ce serait un début de réponse courageuse à la décomposition qui menace cette majorité.

La Convention pour la 6° République  

Le 4 avril 2013, 18h