Soyons modernes, détruisons les 35 H !

Il faut détruire les 35 H ! Pas officiellement bien sûr, mais de l'intérieur, leur enlever toute existence réelle. L'objectif est clair, et ce gouvernement ne craint aucune manoeuvre de bas étage pour arriver à ses fins. On prône ainsi le dialogue, on applaudit à la signature d'un accord, entre les partenaires sociaux, dit de ?modernisation sociale?. Et puis, quelques jours (!) plus tard, on annonce qu'en fait de modernisation sociale, on va revenir quelques décennies en arrière, en favorisant les négociations dans chaque entreprise (c'est tellement plus facile pour le patronat !) pour augmenter le temps de travail.

Tout cela est logique, puisque, d'après Sarkozy, Fillon et consorts, les Français sont des fainéants qui travailleraient moins que leurs voisins européens : la preuve, la durée légale ! Alors, il faut le dire et le redire (le travail de sape a tellement été fait dans les esprits), tout cela est faux, le gouvernement et la droite mentent !

Une seule chose est vraie, le nombre moyen d'heures travaillées?par ceux qui ont un vrai travail, en CDI, est plus forte chez nos principaux partenaires??mais, si l'on prend en compte l'ensemble des salariés, en additionnant donc temps complet et temps partiel, le bilan devient radicalement différent. Selon Eurostat (organisme officiel de statistiques européennes) la durée moyenne du travail, tous emplois confondus, est de 29,9 H aux Pays Bas, et de 31,9 H en Grande Bretagne, par exemple, alors qu'elle est de 36,1 H en France (grâce au moindre développement du temps partiel).

Et, cerise sur le gâteau, nous avons une productivité horaire parmi les plus fortes du monde. En GB, qu'on cite souvent en exemple, elle est de 25 % plus faible, idem au Japon (source, Jacques Marseille, économiste pas vraiment favorable à la gauche !). Alors, tirons, nous aussi, quelque conclusion rapide : avec le niveau de productivité des Anglais ou des Japonais, il nous faudrait 5 millions de travailleurs en plus pour produire la même chose: le chômage ne serait plus un problème !

Donc, le gouvernement veut faire travailler plus longtemps ceux qui ont déjà un emploi, en annualisant même la durée pour favoriser la gestion des pics de production (pour vos congés, vous verrez plus tard !), tout en conservant évidemment la remarquable productivité française?Et, encore heureux, une directive européenne limite la semaine de travail à 48 H maximum ?Bonjour docteur !

Mais, tout ça, c'est évidemment pour le bonheur des Français (= ceux qui ont déjà un travail), sous le prétexte d'augmentation du pouvoir d'achat (= pour ceux qui ont déjà un travail)?.qu'on détruit par ailleurs à coups de franchises médicales, de déremboursements de sécurité sociale, de baisse des allocations familiales, d'augmentation annoncée de la redevance TV, et de décisions fiscales en faveur des revenus les plus aisés au détriment des recettes de l'état (?les caisses sont vides??.pour le reste de la population).

 

Alors, pour donner le change, on s'enorgueillit d'une soi-disant baisse du chômage, en oubliant de signaler l'augmentation des temps partiels (qui ne comptent pas dans les statistiques officielles). Les gouvernements allemands (et malheureusement en particulier les sociaux

démocrates) ont d'ailleurs fait pareil : selon une étude officielle, citée par Les Echos en mars 2008, le nombre d'Allemands qui vivent avec moins de 70 % du salaire médian est passé, entre 2000 et 2006, de

18,9 à 25,4 millions : ?En 6 ans, 6,5 millions d'Allemands ont basculé de la ?classe moyenne? vers la ?classe défavorisée? et les trois quarts de la population s'inquiètent pour leur avenir?. Les statistiques du chômage sont bonnes?mais les mouvements sociaux ne cessent de se multiplier, dans un pays cité en exemple pour sa croissance.. Encore une fois, à qui profite t'elle ?

Pendant ce temps, chez nous, les jeunes et les seniors, en particulier, continuent à ?regarder le train passer? !

A l'heure où j'écris ces lignes, il semble que les syndicats signataires de l'accord de modernisation sociale, conscient d'avoir été manipulés, appellent à une grande journée d'action le 17 juin.

J'espère que nous serons nombreux, très nombreux, à dire NON au double discours de Sarkozy qui continue à prendre les Français pour des imbéciles, en leur annonçant, d'un côté, le maintien des 35 H, et en missionnant, d'autre part, son homme de main, le ?gentil ? ministre Xavier Bertrand, pour les vider de tout leur contenu !

Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France

Dictionnaire ciritique
Sous la direction de Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt & Sophie Wahnich

Guy Môquet, Jaurès, les colonies, et tant d’autres… Nicolas Sarkozy en campagne, puis au début de son mandat, n’a cessé d’utiliser et de brandir des références historiques.

Cet usage immodéré a mobilisé autant de mises en scène grandiloquentes que de discours de filiation destinés à dessiner les contours d’une France mythique du candidat puis du président.

Comment voir clair dans tous ces personnages et événements sans cesse mélangés et associés les uns aux autres en dehors de tout contexte ? Comment comprendre le brouillage de références qui empruntent autant aux grandes figures de la gauche qu’à celles de la droite ? Quels sont les enjeux et les effets politiques de telles constructions ?


Une vingtaine d’historiens ont disséqué les usages que fait de l’histoire Nicolas Sarkozy, pour permettre de saisir les mécaniques à l’oeuvre dans cette vaste entreprise de reconstruction d’un roman national. Sous la forme d’un dictionnaire, un véritable parcours critique dans l’histoire de France revue et corrigée par une droite qui entend refabriquer de l' »identité nationale »…

Editions Passé-Présent
Parution : 18/04/2008
ISBN : 978-2-7489-0093-4
208 pages
12 x 19 cm
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