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Chronique de la rupture #66 ? 31 Mai 2010

Ce mois de mai débute par un long moment de silence. Pendant plusieurs jours, on n'entend ni ne voit Sarkozy dans les media. Seul compte le raid des spéculateurs sur la Grèce et sur l'Euro. Il semblerait que le Président ne bouge pas, ne parle pas.


A la sortie du Conseil des Ministres du 7 mai, les brailleuses et brailleurs de service exhibent fièrement une brochure bleu-blanc-rouge modestement intitulée « 3 ans d'action au service des Français »

 

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 Voir sur le site RUE89 « Trois ans de Sarkozy : les contrevérités du bilan de l’Elysée » 

 

 

 

legrandIl apparait de plus en plus que ces prétendues réformes, au titre souvent trompeur, ne sont pas si radicales qu'elles tentent de le laisser croire. 


Lire à ce propos le livre de Thomas Legrand « Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps »

 

Attendons-nous à un joli tintamarre dans deux ans lorsqu'il s'agira de vanter les « succès » de 5 ans d'action.

 

Or donc, silence, même pas une apparition sur le perron de l'Elysée lors de la libération d'une otage. Que se passe-t-il ? Il se présidentialise ? Il prend du recul ?

 

 

Rien de tout cela.

 

Il suffit en fait de passer quelque temps loin de l'hexagone pour réaliser qu'effectivement, ce n'est rien que beaucoup de bruit dont les échos s'estompent rapidement dans l'espace. Souhaitons qu'il en soit de même  dans le temps, et le plus rapidement possible.

 

Ce mois se poursuit avec la saga de la réforme des retraites, dernière ?uvre majeure du quinquennat parait-il. Dernière chance avant le total fiasco, espère-t-on dans la majorité.

 

Une communication savamment organisée, mais issue d'une logique tellement prévisible que l'on est en droit de se demander qui peut encore y croire. Sondages, reportages, articles, fuites, comptages divergents du nombre des manifestants : tout l'attirail besogneux de l'intox et de la manipulation d'opinion est déployé pour reculer l'âge légal de la retraite au-delà de 60 ans et déclarer au soir du 26 mai que « la réforme est largement approuvée par les français ».

 

Bien évidemment le PS saute à pieds joints dans le plat et ne perd pas une occasion de se déchirer voire de se ringardiser autour de la notion, dogmatique pour les uns, symbolique pour les autres, de retraite à 60 ans.

 

C'est bien regrettable. Lors des ateliers ou universités d'été en septembre dernier, nombre des participants s'accordaient pourtant à penser qu'il serait plutôt judicieux de ne pas chercher de clivage autour de cet âge légal mais de travailler plutôt sur le fond : durée de cotisation, pénibilité, financement par la fiscalité etc. La contre-réforme existe, mais elle est éclipsée par la bataille des éléphants sur fond de primaire présidentielle.

 

>> Retraites: toutes les propositions du PS ici

 

Côté Sarkozy guère plus de cohérence, à bien y regarder :

 

En 1993, «J’ai voté pour la retraite à 60 ans» déclare-t-il à la télévision. La loi a été votée en 1981, il est devenu parlementaire en 1982, mais un an avant il était déjà en mesure de voter pour. C'est sans doute ce jour là qu'il a également réservé sa place dans l'avion du 9 novembre 1989 pour Berlin ?

 

En 2007, il déclare à nouveau que « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer ».

 

Cela ne l'empêche pas de déclarer en 2008 qu’il n’a «pas de mandat» pour réformer les retraites, car il n’en a «pas parlé» dans sa campagne.

 

Les mensonges sont tellement imbriqués les uns dans les autres que l'on finirait presque par s'y perdre.

 

Mais tout d'un coup, tout le monde s'en foot puisqu'il parait que c'est grâce à lui que la France remporte l'organisation de l'Euro 2016. Panem et Circenses?

 

Le mois se termine par une vraie-fausse polémique autour des déclarations de Martine Aubry lors de la convention du PS le 29 mai :  ?Alors, j'entends bien M. Sarkozy nous donner des leçons en matière de gestion. (?) J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu Monsieur Madoff qui administre quelques cours de comptabilité?.

 

Aussitôt, le tintamarre lefevro-moranesque se remet en marche, relayé par des journalistes pour partie malcomprenants et pour partie aux ordres.

 

Chronique de la rupture #2

Semaine du 14 au 20 mai 2007

Le président visite les logements de la république : consultations au Pavillon de la Lanterne (traditionnellement résidence du Premier Ministre, tout un symbole), puis WE à Brégançon où Cécilia est déja partie en éclaireur.

Nomination d’un gouvernement sans surprise tant les fuites étaient savamment organisées depuis quelques jours. 15 ministres dont un vice premier ministre étaient promis.

15 ministres dont un ministre d’état, 4 secrétaires d’état et un haut-commissaire sont finalement nommés. Ainsi, le gouvernement de la rupture est composé de :

Premier Ministre : François Fillon , ministre depuis 1993.

Ministres :

Alain Juppé, déja ministre en 1986, premier d’entre eux de 1995 à la dissolution de 1997
Jean-Louis Borloo, ministre en continu depuis 2002
Michèle Alliot-Marie, déja secrétaire d’état en 1986, ministre en continu depuis 2002
Bernard Kouchner, transfuge du PS, secrétaire d’état ou ministre chaque fois qu’il a pu depuis 1988
Brice Hortefeux, ministre depuis 2005
Rachida Dati, une nouvelle arrivante
Xavier Bertrand, secrétaire d’état ou ministre depuis 2004
Xavier Darcos, ministre de 2002 à 2005
Valérie Pécresse, une autre nouvelle arrivante
Hervé Morin, transfuge de l’UDF, nouvel arrivant
Roselyne Bachelot-Narquin, déjà ministre de 2002 à 2004
Christine Boutin, ministre pour la première fois, bien connue pour ses positions avant-gardistes sur le PACS
Christine Lagarde, ministre depuis 2005
Christine Albanel, une quatrième nouvelle arrivante
Eric Woerth, déjà secrétaire d’état de 2004 à 2005

Soit 70 % des ministres qui l’ont déjà été, et 62,5% de sortants des gouvernements Raffarin ou Villepin.

 

 

Chronique de la rupture # 1

* pour commémorer le troisième anniversaire de la rupture et ne rien en oublier dans les deux ans qui viennent, nous republions à partir de ce jour les premières chroniques, telles qu’elles furent écrites depuis mai 2007 *

en route pour le merveilleux pays de la Sarkozye triomphante…



Dimanche 6 mai 2007

Dîner au Fouquet’s en compagnie de Johnny Halliday, suivi d’un passage à la Concorde animé par Enrico Macias et Mireille Mathieu. La nuit se poursuit en boîte sur les Champs Elysées.


Lundi 7 mai

Départ en jet privé pour l’île de Malte, parait-il pour réparer un oubbli diplomatique. Embarquement sur un yacht de 60 m. 193500 ? la semaine.


Mardi 8 mai

Une énorme surprise déchire le silence de ce petit matin pluvieux : confiant dans les futures mesures fiscales du nouveau Président, Johnny Halliday annonce son retour en France. Ah que c’est nos amis suisses qui vont être décus.


Mercredi 9 mai

« Bolloré ne travaille jamais avec l’état »

Ah bon ?

Appel d’offres pour la valise diplomatique du 10/8/2006 accordé à la société SDV filiale du groupe Bolloré.

Les preuves :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-908741,0.html

http://www.sdv.com/sites/sdv/corporate/profil.aspx

A sa décharge, V. Bolloré a déclaré que les revenus de son groupe étaient dus pour un faible part à la commande publique, ce qui parait bien plus en phase avec la réalité que la déclaration présidentielle « Bolloré ne travaille jamais avec l’état ».

Jeudi 10 mai 

Vous avez dit : « 10 mai » ?

Vendredi 11 mai

Tentative de perquisition au Canard Enchaîné.  Mais le volatile ne parvient pas à retrouver le trousseau de clas du bureau…


Chronique de la rupture #65 ? 30 Avril 2010

 

Apres un si terrible mois de Mars, Avril ne pourrait que marquer le début de la remontée, n'est-ce pas ?

Avec au menu, pour démarrer, un voyage aux USA avec en point d'orgue un dîner privé chez Obama. Mais voilà, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Le voyage fait un flop, les journalistes français y sont non grata et les journalistes américains remarquent à peine ce Président qui en visite un autre. Tellement peu qu'un journal américain le baptise « Prime Minister ».

 

De retour en France, il doit faire face à des feux de toutes parts, des députés de sa propre majorité, craignant pour leur réélection en 2012, ayant décidé de mettre à mal le bouclier fiscal, symbole de l'idéologie sarkozyste version 2007.

Décidément, quand ça ne veut pas? dans la famille « Sarkozy », je voudrais le Père. Supplice du Pal pour Nico, avec la publication d'un best seller dans lequel le Papa, encore vert, raconte diverses frasques.

 

Puis vient, ou revient plus exactement, dans un même registre :la rumeur. Rumeur concernant la vie privée du couple présidentiel. Elle avait pointé le bout de son nez puis s'en était repartie il y a quelques semaines. Mais cette fois ci, c'es l'Elysée qui déclenche les opérations. On parle de complots, de mouvements financiers, on accuse Rachida et on lui retire sa deuxième voiture de fonction. Intervention de Carla sur Europe1, la pauvre s'acharne à répéter qu'ils sont au dessus de cela, que Rachida n'y est pour rien et qu'aucune enquête n'a été déclenchée. Perdu ! Les RG la démentent instantanément sur ce dernier point.

 

Bref, la farce devient une affaire d'état, en en passant, le Président, à nouveau branché sur le tout-à-l'ego, n'hésite à mobiliser des moyens publics pour gérer ses affaires privées. Violent retour de bâton, enfoncement d'un cran supplémentaire dans les sables mouvants.

 

En revanche, du côté des copains du Fouquet's, tout va pour le mieux : Paris en ligne, France Télévision, c'est noël avant l'heure, personne n'est oublié.

 

Suite à la tempête Xynthia qui a frappé les côtes vendéennes en février, le Président a déclaré qu'il fallait empêcher que de telles situations catastrophiques puissent se reproduire. Sa toute puissance ayant des limites, il n'a quand même pas annoncé une loi interdisant les tempêtes. A défaut, il envoie les préfets des départements concernés proclamer, tels des Rambos, que dans les zones dites « noires », toute construction devra être détruite. Tollé dans la population locale, on hurle au manque de concertation et à l'incompétence des pouvoirs publics. Sur ce débarque le bon ministre Borloo entouré de sa secrétaire d'état à l'environnement et de son secrétaire d'état aux transports (tous deux encore tout auréolés d'exploits récents : rumeur pour l'une, 60-40 par Ségolène pour l'autre). Eh hop, les peuple et les media n'avaient rien compris, les zones noires deviennent des « zones de solidarité », on ne parle plus de destructions massives, etc. Une fois de plus, une seule expression vient à l'esprit : « Bande de clowns ». Tristes.

 

Occultée un temps par les cendres d'un volcan islandais, l'actualité politique reprend vite le dessus sous la forme d'une déclaration et d'une rechute présidentielle.

 

La déclaration : En visite dans le 9-3 pour y installer le nouveau préfet, un vieil ami de confiance, Sarko nous ressert le discours sécuritaire façon « Scrogneugneu, on va voir c'qu'on va voir, c'est pas les voyous qui font la loi, pas une cage d'escalier n'échappera à la police, blablabla, blablabla». Le même discours qu'en 2006/2007 lorsqu'il était candidat. Le même discours qu'en 2002/2003 lorsqu'il était Ministre de l'Intérieur. Le même discours qu'en 20013/2014 lorsqu'il sera dans l'opposition ?

 

C'est tout comme une chanson de Mireille Matthieu : le temps a beau passer, ça irrite, ça hérisse, ça insupporte comme au premier jour.

 

La rechute. En voyage en Savoie pour y commémorer le cent-cinquantenaire de son rattachement à la France, le Président déclare « Fais-pas l'malin toi », à un pauvre hère qui essuyait ostensiblement la main sur son sweat-shirt après qu'elle ait serré celle du Président. Un geste décalé, et une remarque qui ne l'est pas moins.

Le soir même, les media entonnent un de leur couplet préféré sur les difficultés récurrentes du Président à prendre de la hauteur. Ben oui, tout dépend d'où l'on part?

 

Et je passe tellement j'en suis las sur les fanfaronnades d'un ministre zélé qui prétend pouvoir déchoir de sa nationalité française un épicier nantais un tantinet bling-bling dont femme et maîtresses sont voilées et motorisées.

 

Enfin, pour conclure ce mois printanier, le couple présidentiel s’envole vers Shanghai afin d’y apprécier le poids de la Chine.

 

Cela va faire 3 ans que la rupture est en marche, sur le plan social comme sur le plan économique ou sur celui de la sécurité, les résultats ne sont pas là, le président est au plus bas dans les sondages, sa majorité se fissure de toutes parts.


2 ans… C'est long.

 

« Etre optimiste ne sert à rien, il faut être pessimiste, actif, indigné et se mobiliser »

Stéphane Hessel sur France Inter, le 24 Avril 2010.

PERSEVERARE DIABOLICUM

Le premier ministre après avoir réduit les recettes de l’Etat (loi Tepa etc), à la suite des prédécesseurs Raffarin-Villepin, provoquant de nouveaux déficits dès juillet 2007, veut réduire les « dépenses publiques ». Et reprendre le redistribution à l’envers.

 

Mais pourquoi ce bon gestionnaire a-t-il commandé en 2009 soixante avions Rafale supplémentaires? Peut-il encore annuler cette commande excessive en période de déficit budgétaire de 150 milliards, restaurer les hopitaux publics et garder suffisamment de professeurs dans l’éducation nationale?

 

Autre question: si la Sécurité sociale est en difficultés financières, alors une hausse de quatre points des taxes spécifiques sur la grande distribution s’impose, et un renoncement aux subventions de l’épargne financière (PEA,assurance vie). Ou bien encore on peut concevoir un basculement de charges sociales des entreprises vers les revenus fonciers ou immobiliers, qui ne sont pas non plus des facteurs de production délocalisables mais resteront durablement sur le sol de France. Quant au Medef il ne peut pas continuer à refuser toute hausse progressive (exemple 0.20pt l’an sur dix ans) de la part des cotisations patronales de vieillesse, alors qu’il permet que les sociétés anonymes payent des retraites complémentaires élevées à leurs cadres et dirigeants, ensuite des retraites surcomplémentaires et encore des indemnites de départ à la retraite en millions.

 

Sans doute le Medef pense t-il que seuls les droits individuels dans l’entreprise, vite privatisés par leurs bénéficiaires, seraient légitimes et que les droits collectifs (Sécurité sociale) sont illégitimes. Il faut rappeler que le rapport INSEE (2009) sur le partage de la valeur ajoutée a prouvé que les baisses de charges sociales depuis 1995 ont d’abord servi à augmenter la rémunération des actionnaires et du top-management .Alors ces baisses de charges n’ont servi qu’à une redistribution à l’envers. Ce cercle vicieux ne semble pas pouvoir etre brisé par ce gouvernement qui n’a cure des besoins de la population ni de ses contraintes d’existence.

Chronique de la rupture #64 ? 27 Mars 2010

 

Entendu le 25 janvier dernier sur TF1 à propos des élections régionales :

 

Laurence Ferrari : « Allez-vous vous impliquer dans cette campagne ?« 
Nicolas Sarkozy : « Ce n’est pas le rôle du président de la République.« 

 

Et pourtant?

 

Paris, 2 mars : Remontée de Bretelles à la candidate UMP en Ile de France

Marignane, 4 mars : Discours sur L'industrie en compagnie des candidats locaux

Pontarlier, 9 mars : Discours sur la Formation professionnelle en compagnie des candidats locaux

 

Sans oublier la table ronde sur l'Agriculture tenue le 6 mars à l'occasion de la clôture du Salon marquée par une visite en catimini dès potron-minet, à une heure si matinale qu'aucun militant UMP n'a été convoqué pour meubler le décor ! Tout cela pour céder à la revendication catégorielle portant sur le quasi défunt Grenelle de l'Environnement.

 

Revenons quelques instants sur le fond et sur les « Etats généraux de l'industrie ».

 

Oublions le nième coup de pied de l'âne porté aux 35 heures dans ce discours (tous les pays européens s'alignent progressivement sur une réduction du temps de travail, même Mâme Merkel.) et la sempiternelle référence à Alstom comme à chaque fois qu'il parle de l'Industrie.

 

J'évoquais le fond, mais où est-il ? Les deux-tiers du discours rappellent des évidences sur la désindustrialisation, le coût du travail, la Chine, sur ce qui se fait ailleurs (enfin, parait-il, cf Marianne n 672   et son dossier consacré aux mensonges de Sarko ).

 

Puis s'en suivent des coups de menton à l'encontre de tel ou tel industriel qui produit à l'étranger, ou sur le rôle de l'état-actionnaire (cocasse de la part d'un chantre du libéralisme).


Le discours se conclut par l'annonce de mesurettes portant sur l'imposition des brevets et le Crédit Impôt Recherche, une « semaine de l'industrie », une prime à la relocalisation, une marque « France », des visites de Lycéens.

Bref, après le pin's Marianne évoqué le mois dernier, place au pin's « Elle est-y pas chouette mon industrie  » ?

 

 

Face à cela, le PS a proposé le 22 février dernier, dans un silence médiatique assourdissant, une série de 54 mesures pour la politique industrielle en France et en Europe, vers un modèle de production social-écologique, en résumé :

 

  • Créer un Pôle public d'investissement industriel (2P2I).
  • Moduler l'impôt sur les sociétés en fonction des bénéfices réinvestis ou versés sous forme de dividendes.
  • Repenser le ciblage stratégique du crédit impôt recherche et le réorienter  vers les PME.
  • Elaborer une politique de filière en sélectionnant les domaines les plus porteurs et en réglementer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants
  • Favoriser une meilleure information aux consommateurs, par un étiquetage approprié des produits
  • Transformer la gouvernance des pôles de compétitivité, en donnant

un vrai rôle d'orientation stratégique à l'État et aux régions.

  • Décourager les fermetures de sites pour des raisons financières.
  • Promouvoir la création d'un grand ministère européen de l'Industrie
  • Réorienter les politiques européennes pour créer un cadre macroéconomique et financier adapté au développement de l'industrie et pour lutter contre le dumping fiscal, social et environnemental au niveau européen.

L'intégralité du rapport est téléchargeable ici.

 

Puis arrivent les régionales.


« Que la mandale est belle » titre le Canard Enchaîné en un hommage croisé à Jean Ferrat et aux résultats du premier tour.


Au soir du premier tour, déni total sur tous les plateaux de TV, où les apparatchiks UMP débitent mécaniquement les « éléments de langage » façonnés au château. « rien n'est joué » ; « Mais regardez moi ça, ces accords d'union concoctés en une nuit entre les verts et le PS, ça ne tiendra pas. Nous, nous sommes unis ». « Avec un tel niveau d'abstention, le résultat n'est pas significatif ». A ceci près que, lors des élections européennes en juin dernier, avec non pas 53% mais 60% d'abstention, les 27% de l'UMP étaient qualifiés de grande victoire. Pauvres gens.


Le malheur veut qu'un gendarme soit assassiné en Seine et Marne. Le Président se déplace, promet que les coupables seront sévèrement châtiés et reparle de peine automatique incompressible de 30 ans, ce qui ne nécessiterait rien de moins que l'abrogation de l'article 8 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme. Pauvres gens.


Le lendemain, en une quête désespérée des votes FN, le Premier Ministre lors d'une réunion électorale à Paris, entonne lui aussi le couplet sécuritaire : « Des voyous ont violemment caillassé des policiers qui procédaient à un contrôle routier, l’un d’entre eux vient de décéder ». Mais voilà, le policier en question n'était que dans le coma et en est d'ailleurs sorti. Pauvres gens.


La suite de l'entre-deux tours est tout aussi pitoyable : un premier ministre à la mine pâle en pseudo-leader d'une majorité en voie de décomposition, une ou deux visites présidentielles en province chez tel ou tel sarkozyste prétendument bien placé, jusqu'à cet entretien accordé au Figaro Magazine, dont la parution est comme par hasard avancée d'une journée.


Mais rien n'y fera : Au soir du deuxième tour, c'est une défaite magistrale,  cuisante, historique, la plus violente infligée à une majorité sous la V° République. 55% pour la Gauche, 35% pour l'UMP, 10% pour le FN.

 

Un score historique jusque dans les Hauts-de-Seine, fief de la Sarkozye, où la gauche unie et solidaire devient majoritaire. Comme quoi : Tout est possible !


Les communicants conseillent cette fois-ce de reconnaitre la défaite. Seule Nadine Morano persiste en déclarant que « L'Alsace, La Réunion et la Guyane, on ne peut pas appeler cela un échec total. ». 


Mais surtout le maître-mot semble être « Si les français ont voté ainsi, c'est parce qu'ils estiment que les réformes ne vont pas assez vite, pas assez loin ».


On retrouve ici la vieille antienne libérale, que d'aucuns qualifieraient d'autiste, qui consiste à faire croire que si une politique foire continument depuis un certain temps, ce n'est pas en raison de sa stratégie sous-jacente ou de son contenu, mais bien parce qu'on n'en fait pas assez.


Le fait que cette stratégie s'inspire d'un modèle ultra-libéral, basé sur l'endettement, et qui, rappelons-le, a explosé avec fracas il y a dix-huit mois, qui privilégie les catégories les plus aisées avec le bouclier fiscal, qui prive l'état de revenus conséquents et de ressources vitales (dans l'enseignement, la justice, les hôpitaux, la police, la justice), et qui ménage une belle place aux proches (le fiston Jean, le copain Proglio), tout cela n'y est pour rien sans doute !


S'ensuivent l'abandon de la taxe carbone et un remaniement a minima offrant un siège à un chiraquien et un autre à un (futur-ex ?) villepiniste.


Jusqu'à cette incroyable déclaration du mardi 23 mars : « Rien ne serait pire que de changer de cap. »

 

Le soir même, le Premier Ministre, dont la cote dans les sondages est au plus haut, se voit interdit  de JT sur TF1 par le chef. Puis le lendemain dans la presse, c’est la Ministre de l’Environnement qui se déclare « désespérée » par l’abandon de la taxe carbone. «Le Medef a planté la taxe carbone». Là encore, sévère recadrage du chef lors d’un point presse à Bruxelles. Ambiance…


Pour couronner le tout, ce bon Villepin annonce de façon grandiloquente la création de son Parti Politique le 19 juin prochain.


Il y aurait même des signes prémonitoires d'annonce de début d'un projet de frémissement de début d’émancipation chez certains centristes. Ouh là là !


En ce début de printemps, la Sarkozye est en déconfiture, son grand timonier est au fond du trou, il l'a bien mérité. Tout mouvement l'y enfonce un peu plus, tel un promeneur pris dans les sables mouvants.

 

 

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J- combien ? ça va être long ? mais il nous reste si peu de temps !

L’état pyromane

livre_etatpyromane.jpgDébat sur l’identité française, fermeture de la jungle de Calais, bouclier fiscal, réforme de l’Université, juge d’instruction… la présidence de Nicolas Sarkozy et son activisme ont suscité de nombreuses controverses et des débats trop vite écartés à cause du rythme des réformes.

 

L’association TerraNova a choisi de revenir en profondeur sur les principales orientations qui vont façonner la France de demain. Économistes, sociologues ou membres de l’administration, les spécialistes sollicités décryptent les politiques à l’?uvre. Véritable grille de lecture du sarkozysme, cet ouvrage engagé s’oppose et propose.

 

De nouveaux chapitres sont publiés régulièrement sur le site

www.tnova.fr


 


Chronique de la rupture #63 ? 28 février 2010

Comme un air de printemps ?

En cette première semaine de février, plus précisément le 4 du mois, trois titres en une de l'actualité :

  • Pour la deuxième fois en quelques jours, bisbilles entre la Ministre de la Justice et celui de l'Intérieur. La semaine dernière, elle lui rappelle que ce sont les députés et pas lui qui font la loi. En l'occurrence : le zélé blagueur auvergnat venait d'annoncer sur TF1 une nième et redondante loi sur la sécurité des personnes âgées, élections approchantes obligent. Cette fois-ci, elle lui reproche que ses policiers ne travaillent pas assez alentour des stades.
  • Le parquet de Paris confie à des policiers financiers la conduite d'une enquête pour corruption, relative à l'attentat perpétré à Karachi en 2002 contre des ingénieurs français. « Ridicule?. Soit y'a des éléments donnez-les-nous? grostesque ? qui peut croire à une fable pareille», avait commenté le Président en juin dernier à Bruxelles en réponse à la question d'un journaliste de l'AFP.
  • Un sondage TNS Sofres Logica promet une déculottée à la majorité lors des régionales de mars

Deux jours plus tard, c'est l'hebdomadaire Marianne qui pronostique un 52-48 en faveur de DSK en 2012.

Piteuse clôture du débat sur l'identité nationale, sous la forme d'un séminaire gouvernemental qui accouche de propositions bouleversifiantes du style « un drapeau tricolore pour chaque école » ou un « livret citoyen » pour chaque bambin. A quand le pin's « Marianne » pour les élèves méritants ?

Voyage éclair du Président aux Antilles et en Guyane. En plein carnaval, histoire de ne déranger personne !

Le 19 février, une jeune femme entre dans un commissariat pour déposer plaint contre son mari violent. Les gendarmes lui confisquent son passeport et l'expulsent.


« À chaque femme martyrisée dans le monde, je veux dire que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française ».

N. Sarkozy en campagne électorale à Paris le 29 avril 2007.

Sans commentaire.


Elections régionales : Sordide pataquès déclenché par l'UMP du Val d'Oise,  qui croit avoir démasqué en son concurrent tête le liste du PS un repris de justice. Les responsables locaux sont rapidement obligés d'avaler leur chapeau. Silence, et sans doute grand abattement, au château.

 

« Le chômage va baisser » a dit le Président

« Le chômage va augmenter » prédit le Premier Ministre.

 

Il est des jours où l'on regrette Edgar Faure?

Idée reçue #5 : les socialistes n’ont pas de programme

Développement économique : le programme des socialistes pour l’Ile de France

 


Positionner la Région comme un acteur stratégique


Renforcer le fonds régional de garantie avec un objectif d'1 milliard d'euros d'encours de crédit garantis sur 4 ans, pour environ 4.000 PME

 

Porter les fonds d'investissement régionaux à 250 millions d'euros (fonds de capital-risque, fonds d'amorçage et pré-amorçage, fonds de capital développement, fonds de capital solidaire, fonds de co-investissement avec les business angels)

 

? Créer 6 clusters mondiaux à dominante industrielle avec, pour chacun d'eux, un centre d'entrepreneuriat et d'accompagnement des jeunes entreprises et un programme immobilier permettant le parcours résidentiel des entreprises

 

? Doubler le nombre d'incubateurs et de pépinières

 

? Renforcer le Centre francilien de l'innovation

Faire émerger 1500 nouvelles entreprises de taille moyenne

? Pour les PME à fort potentiel : renforcer le programme Pm'up et poursuivre le soutien aux programmes collaboratifs au sein des pôles de compétitivité

 

? Pour les PME saines mais devant accomplir une mutation et celles qui doivent être reprises : un programme spécifique combinant diagnostic stratégique, accès facilité aux aides régionales à l'innovation, aux programmes de formation professionnelles et d'accompagnement vers l'emploi, au crédit à taux zéro (prêts d'honneur) et au financement bancaire (renforcement de la garantie bancaire), prise de participation d'Ile-de-France Capital.

 

? Pour les PME stratégiques en difficulté : créer un fonds de restructuration et de sauvegarde

 

Poursuivre la transition écologique de l'économie

 

? Un plan de sensibilisation aux opportunités économiques offertes par le développement durable

 

? Equipement de parcs industriels bas carbone de grande taille, à très haute performance environnementale

 

? Agir sur la demande en incitant à l'intégration du développement durable dans l'acte d'achat, à travers les plans filières régionaux

 

(relations PME-donneurs d'ordre) et la commande publique

 

? Créer un marché francilien virtuel d'échange de quotas d'émissions de GES destiné aux PME-PMI, où seules les émissions en deçà des normes sont récompensées

 

? Accroître la part « Développement durable » (comprise dans toutes ses dimensions : environnementale, sociale, territoriale)

 

dans la gamme régionale de financements pour la porter à l'issue de la mandature à 100% du total


Un Small Business Act francilien

 

? Favoriser l'accès des PME à la commande publique, notamment à travers le portail collaboratif dématérialisé et le recours plus massif à l'allotissement

 

? Proposer la mise en place d'une offre commune et territorialisée de services destinés aux PME

 

? Création d'un Office régional des PME

 

? Charte relative à l'accès des entreprises des quartiers populaires à la commande publique

 

? Former et sensibiliser 10 000 jeunes à la création d'entreprise

 

? Lancer dix conventions d'affaires territorialisées pour la création d'entreprise (sur le modèle de CréaRif)

 

? Avances remboursables pour les entreprises désireuses d'ouvrir un centre de R&D en Ile de France

 

? Ouverture de 10 incubateurs/pépinières d'entreprises spécialisées ou accueillantes aux PME étrangères

 

? Augmenter de 50% le nombre de chercheurs et de « créatifs » étrangers en Ile de France

 

? Création d'un conseil de l'attractivité collaborative

 

? Ouverture vers les pays du Sud à travers l'adoption d'un programme d'encouragement aux transferts de technologies, dans

 

une approche « open source », de « non-profit technologies ».

 

? Déploiement d'équipes de développeurs chargés de suivre les entreprises stratégiques de la Région (à capitaux français ou

 

étrangères), notamment dans une perspective d'anticipation des mutations

 

Faire vivre une autre attractivité

 

? Avances remboursables pour les entreprises désireuses d'ouvrir un centre de R&D en Ile de France

 

? Ouverture de 10 incubateurs/pépinières d'entreprises spécialisées ou accueillantes aux PME étrangères

 

? Augmenter de 50% le nombre de chercheurs et de « créatifs » étrangers en Ile de France

 

? Création d'un conseil de l'attractivité collaborative

 

? Ouverture vers les pays du Sud à travers l'adoption d'un programme d'encouragement aux transferts de technologies, dans

 

une approche « open source », de « non-profit technologies ».

 

? Déploiement d'équipes de développeurs chargés de suivre les entreprises stratégiques de la Région (à capitaux français ou étrangères), notamment dans une perspective d'anticipation des mutations

 

L'ESS (Economie Solidaire et Sociale), levier majeur du développement économique

 

? Mettre en oeuvre des clauses environnementales et sociales dans les marchés publics régionaux

 

? Réserver une part de la commande publique aux SIAE

 

? Doubler l'engagement régional dans EQUISOL

 

? Créer des pôles de coopération territoriaux, véritables pôles de compétitivité du développement local durable

 

? Mettre en place une offre de formation adaptée aux enjeux de l'Économie Sociale et Solidaire

 

? Construire un référentiel régional d'utilité sociale, garanti par les pouvoirs publics et co-construit avec les acteurs de l'ESS

 

? Créer une section ESS dans chaque pépinière et/ou couveuse d'activité ainsi que dans le dispositif PM'UP

 

? Favoriser la reprise d'entreprises en solutions coopératives

Chronique de la rupture #62 ? 31 janvier 2010

 

Dans une indifférence quasi générale, la tournée des v?ux présidentiels se poursuit : Drapeaux, pupitre, discours convenu, public docile, l'exercice est totalement industrialisé, à la différence du pays qui lui, l'est de moins en moins.


Puis revient le temps des copains avec l'annonce du double salaire de Proglio, qui préside à la fois EDF et Veolia. Mais de quoi se plaint-on ? Travailler plus pour gagner plus : enfin une promesse tenue !


« Sans aucune pression » (autre que celle d' l'opposition, des media et de la population sondée et re-sondée), Henri Proglio renonce « spontanément » à sa double rémunération. Mais demeurent le conflit d'intérêt inhérent au cumul des fonctions, nanti d'une retraite chapeau de plusieurs millions d'euros chez Veolia, ceci expliquant sans doute cela. Le gouvernement réalise alors que les élections approchent et opèrent un lâchage en règle. Madame Lagarde, et son ministre-du-budget-trésorier-de-l-ump, déclaraient encore la semaine précédente que tout cela était normal compte tenu de la valeur et des compétences de l'individu, dans un contexte international où on risque de nous le piquer et bla bla bla. Volte face le 25 janvier puisque tout d'un coup, ce cumul n'est plus que temporaire aux dires des mêmes ministres. Affligeants pantins.


Cette dernière semaine de janvier, qui culmine le 28 avec l'anniversaire présidentiel, dont on ne comprend pas encore pourquoi à ce titre elle ne figure pas dans les manuels d'histoire, sera tout sauf une partie de plaisir pour son supposé héros.


Lundi 25, Sarkozy face à onze Français choisis par TF1. Affligeant, pitoyable, le Président se contente de répondre sur des cas personnel, comme dans une permanence d'élu local un samedi matin. Certes il a bûché ses dossiers, il est incollable sur le prix du litre de lait ou sur le salaire de l'infirmière, mais chacune de ses réponses sonne le faux, le désarroi et l'impuissance. Sa suggestion de faire des heures supplémentaires pour que la caissière gagne plus tombe à plat, son ton velléitaire ne passe plus, même lui semble réaliser qu'il est déjà dans la deuxième partie de son mandat, que tout ce qu'il promettait s'inspirait d'un modèle qui a failli, et que partout, y compris sur TF1, on l'attend au tournant et que plus rien ne lui sera épargné.


Comme un malheur n'arrive jamais seul, la justice dans un sursaut d'indépendance relaxe Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. Happy Birthday, Mister Président ! Il n'en faut pas plus à notre ex-chantre du CPE pour fixer son regard sur 2012 et déclarer dans un français châtié qu'il est là pour « servir son pays ».


Et pour finir cette semaine, sinistre pour les uns, prometteuse pour les autres, le lancement officiel de la campagne des régionales révèle un immense malaise au sein de l'UMP : 60% seulement de votes favorables lors du conseil national de ratification des listes. Un taux de déchirement digne du PS, qui reflète les inquiétudes et le mécontentement de bon nombre des dignitaires du (futur-ex ?) parti unique de la majorité.


Majorité : pour combien de temps encore ?