Chronique de la rupture #64 ? 27 Mars 2010

 

Entendu le 25 janvier dernier sur TF1 à propos des élections régionales :

 

Laurence Ferrari : « Allez-vous vous impliquer dans cette campagne ?« 
Nicolas Sarkozy : « Ce n’est pas le rôle du président de la République.« 

 

Et pourtant?

 

Paris, 2 mars : Remontée de Bretelles à la candidate UMP en Ile de France

Marignane, 4 mars : Discours sur L'industrie en compagnie des candidats locaux

Pontarlier, 9 mars : Discours sur la Formation professionnelle en compagnie des candidats locaux

 

Sans oublier la table ronde sur l'Agriculture tenue le 6 mars à l'occasion de la clôture du Salon marquée par une visite en catimini dès potron-minet, à une heure si matinale qu'aucun militant UMP n'a été convoqué pour meubler le décor ! Tout cela pour céder à la revendication catégorielle portant sur le quasi défunt Grenelle de l'Environnement.

 

Revenons quelques instants sur le fond et sur les « Etats généraux de l'industrie ».

 

Oublions le nième coup de pied de l'âne porté aux 35 heures dans ce discours (tous les pays européens s'alignent progressivement sur une réduction du temps de travail, même Mâme Merkel.) et la sempiternelle référence à Alstom comme à chaque fois qu'il parle de l'Industrie.

 

J'évoquais le fond, mais où est-il ? Les deux-tiers du discours rappellent des évidences sur la désindustrialisation, le coût du travail, la Chine, sur ce qui se fait ailleurs (enfin, parait-il, cf Marianne n 672   et son dossier consacré aux mensonges de Sarko ).

 

Puis s'en suivent des coups de menton à l'encontre de tel ou tel industriel qui produit à l'étranger, ou sur le rôle de l'état-actionnaire (cocasse de la part d'un chantre du libéralisme).


Le discours se conclut par l'annonce de mesurettes portant sur l'imposition des brevets et le Crédit Impôt Recherche, une « semaine de l'industrie », une prime à la relocalisation, une marque « France », des visites de Lycéens.

Bref, après le pin's Marianne évoqué le mois dernier, place au pin's « Elle est-y pas chouette mon industrie  » ?

 

 

Face à cela, le PS a proposé le 22 février dernier, dans un silence médiatique assourdissant, une série de 54 mesures pour la politique industrielle en France et en Europe, vers un modèle de production social-écologique, en résumé :

 

  • Créer un Pôle public d'investissement industriel (2P2I).
  • Moduler l'impôt sur les sociétés en fonction des bénéfices réinvestis ou versés sous forme de dividendes.
  • Repenser le ciblage stratégique du crédit impôt recherche et le réorienter  vers les PME.
  • Elaborer une politique de filière en sélectionnant les domaines les plus porteurs et en réglementer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants
  • Favoriser une meilleure information aux consommateurs, par un étiquetage approprié des produits
  • Transformer la gouvernance des pôles de compétitivité, en donnant

un vrai rôle d'orientation stratégique à l'État et aux régions.

  • Décourager les fermetures de sites pour des raisons financières.
  • Promouvoir la création d'un grand ministère européen de l'Industrie
  • Réorienter les politiques européennes pour créer un cadre macroéconomique et financier adapté au développement de l'industrie et pour lutter contre le dumping fiscal, social et environnemental au niveau européen.

L'intégralité du rapport est téléchargeable ici.

 

Puis arrivent les régionales.


« Que la mandale est belle » titre le Canard Enchaîné en un hommage croisé à Jean Ferrat et aux résultats du premier tour.


Au soir du premier tour, déni total sur tous les plateaux de TV, où les apparatchiks UMP débitent mécaniquement les « éléments de langage » façonnés au château. « rien n'est joué » ; « Mais regardez moi ça, ces accords d'union concoctés en une nuit entre les verts et le PS, ça ne tiendra pas. Nous, nous sommes unis ». « Avec un tel niveau d'abstention, le résultat n'est pas significatif ». A ceci près que, lors des élections européennes en juin dernier, avec non pas 53% mais 60% d'abstention, les 27% de l'UMP étaient qualifiés de grande victoire. Pauvres gens.


Le malheur veut qu'un gendarme soit assassiné en Seine et Marne. Le Président se déplace, promet que les coupables seront sévèrement châtiés et reparle de peine automatique incompressible de 30 ans, ce qui ne nécessiterait rien de moins que l'abrogation de l'article 8 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme. Pauvres gens.


Le lendemain, en une quête désespérée des votes FN, le Premier Ministre lors d'une réunion électorale à Paris, entonne lui aussi le couplet sécuritaire : « Des voyous ont violemment caillassé des policiers qui procédaient à un contrôle routier, l’un d’entre eux vient de décéder ». Mais voilà, le policier en question n'était que dans le coma et en est d'ailleurs sorti. Pauvres gens.


La suite de l'entre-deux tours est tout aussi pitoyable : un premier ministre à la mine pâle en pseudo-leader d'une majorité en voie de décomposition, une ou deux visites présidentielles en province chez tel ou tel sarkozyste prétendument bien placé, jusqu'à cet entretien accordé au Figaro Magazine, dont la parution est comme par hasard avancée d'une journée.


Mais rien n'y fera : Au soir du deuxième tour, c'est une défaite magistrale,  cuisante, historique, la plus violente infligée à une majorité sous la V° République. 55% pour la Gauche, 35% pour l'UMP, 10% pour le FN.

 

Un score historique jusque dans les Hauts-de-Seine, fief de la Sarkozye, où la gauche unie et solidaire devient majoritaire. Comme quoi : Tout est possible !


Les communicants conseillent cette fois-ce de reconnaitre la défaite. Seule Nadine Morano persiste en déclarant que « L'Alsace, La Réunion et la Guyane, on ne peut pas appeler cela un échec total. ». 


Mais surtout le maître-mot semble être « Si les français ont voté ainsi, c'est parce qu'ils estiment que les réformes ne vont pas assez vite, pas assez loin ».


On retrouve ici la vieille antienne libérale, que d'aucuns qualifieraient d'autiste, qui consiste à faire croire que si une politique foire continument depuis un certain temps, ce n'est pas en raison de sa stratégie sous-jacente ou de son contenu, mais bien parce qu'on n'en fait pas assez.


Le fait que cette stratégie s'inspire d'un modèle ultra-libéral, basé sur l'endettement, et qui, rappelons-le, a explosé avec fracas il y a dix-huit mois, qui privilégie les catégories les plus aisées avec le bouclier fiscal, qui prive l'état de revenus conséquents et de ressources vitales (dans l'enseignement, la justice, les hôpitaux, la police, la justice), et qui ménage une belle place aux proches (le fiston Jean, le copain Proglio), tout cela n'y est pour rien sans doute !


S'ensuivent l'abandon de la taxe carbone et un remaniement a minima offrant un siège à un chiraquien et un autre à un (futur-ex ?) villepiniste.


Jusqu'à cette incroyable déclaration du mardi 23 mars : « Rien ne serait pire que de changer de cap. »

 

Le soir même, le Premier Ministre, dont la cote dans les sondages est au plus haut, se voit interdit  de JT sur TF1 par le chef. Puis le lendemain dans la presse, c’est la Ministre de l’Environnement qui se déclare « désespérée » par l’abandon de la taxe carbone. «Le Medef a planté la taxe carbone». Là encore, sévère recadrage du chef lors d’un point presse à Bruxelles. Ambiance…


Pour couronner le tout, ce bon Villepin annonce de façon grandiloquente la création de son Parti Politique le 19 juin prochain.


Il y aurait même des signes prémonitoires d'annonce de début d'un projet de frémissement de début d’émancipation chez certains centristes. Ouh là là !


En ce début de printemps, la Sarkozye est en déconfiture, son grand timonier est au fond du trou, il l'a bien mérité. Tout mouvement l'y enfonce un peu plus, tel un promeneur pris dans les sables mouvants.

 

 

chevre-copie-1.jpg

J- combien ? ça va être long ? mais il nous reste si peu de temps !

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