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Soyons modernes, détruisons les 35 H !

Il faut détruire les 35 H ! Pas officiellement bien sûr, mais de l'intérieur, leur enlever toute existence réelle. L'objectif est clair, et ce gouvernement ne craint aucune manoeuvre de bas étage pour arriver à ses fins. On prône ainsi le dialogue, on applaudit à la signature d'un accord, entre les partenaires sociaux, dit de ?modernisation sociale?. Et puis, quelques jours (!) plus tard, on annonce qu'en fait de modernisation sociale, on va revenir quelques décennies en arrière, en favorisant les négociations dans chaque entreprise (c'est tellement plus facile pour le patronat !) pour augmenter le temps de travail.

Tout cela est logique, puisque, d'après Sarkozy, Fillon et consorts, les Français sont des fainéants qui travailleraient moins que leurs voisins européens : la preuve, la durée légale ! Alors, il faut le dire et le redire (le travail de sape a tellement été fait dans les esprits), tout cela est faux, le gouvernement et la droite mentent !

Une seule chose est vraie, le nombre moyen d'heures travaillées?par ceux qui ont un vrai travail, en CDI, est plus forte chez nos principaux partenaires??mais, si l'on prend en compte l'ensemble des salariés, en additionnant donc temps complet et temps partiel, le bilan devient radicalement différent. Selon Eurostat (organisme officiel de statistiques européennes) la durée moyenne du travail, tous emplois confondus, est de 29,9 H aux Pays Bas, et de 31,9 H en Grande Bretagne, par exemple, alors qu'elle est de 36,1 H en France (grâce au moindre développement du temps partiel).

Et, cerise sur le gâteau, nous avons une productivité horaire parmi les plus fortes du monde. En GB, qu'on cite souvent en exemple, elle est de 25 % plus faible, idem au Japon (source, Jacques Marseille, économiste pas vraiment favorable à la gauche !). Alors, tirons, nous aussi, quelque conclusion rapide : avec le niveau de productivité des Anglais ou des Japonais, il nous faudrait 5 millions de travailleurs en plus pour produire la même chose: le chômage ne serait plus un problème !

Donc, le gouvernement veut faire travailler plus longtemps ceux qui ont déjà un emploi, en annualisant même la durée pour favoriser la gestion des pics de production (pour vos congés, vous verrez plus tard !), tout en conservant évidemment la remarquable productivité française?Et, encore heureux, une directive européenne limite la semaine de travail à 48 H maximum ?Bonjour docteur !

Mais, tout ça, c'est évidemment pour le bonheur des Français (= ceux qui ont déjà un travail), sous le prétexte d'augmentation du pouvoir d'achat (= pour ceux qui ont déjà un travail)?.qu'on détruit par ailleurs à coups de franchises médicales, de déremboursements de sécurité sociale, de baisse des allocations familiales, d'augmentation annoncée de la redevance TV, et de décisions fiscales en faveur des revenus les plus aisés au détriment des recettes de l'état (?les caisses sont vides??.pour le reste de la population).

 

Alors, pour donner le change, on s'enorgueillit d'une soi-disant baisse du chômage, en oubliant de signaler l'augmentation des temps partiels (qui ne comptent pas dans les statistiques officielles). Les gouvernements allemands (et malheureusement en particulier les sociaux

démocrates) ont d'ailleurs fait pareil : selon une étude officielle, citée par Les Echos en mars 2008, le nombre d'Allemands qui vivent avec moins de 70 % du salaire médian est passé, entre 2000 et 2006, de

18,9 à 25,4 millions : ?En 6 ans, 6,5 millions d'Allemands ont basculé de la ?classe moyenne? vers la ?classe défavorisée? et les trois quarts de la population s'inquiètent pour leur avenir?. Les statistiques du chômage sont bonnes?mais les mouvements sociaux ne cessent de se multiplier, dans un pays cité en exemple pour sa croissance.. Encore une fois, à qui profite t'elle ?

Pendant ce temps, chez nous, les jeunes et les seniors, en particulier, continuent à ?regarder le train passer? !

A l'heure où j'écris ces lignes, il semble que les syndicats signataires de l'accord de modernisation sociale, conscient d'avoir été manipulés, appellent à une grande journée d'action le 17 juin.

J'espère que nous serons nombreux, très nombreux, à dire NON au double discours de Sarkozy qui continue à prendre les Français pour des imbéciles, en leur annonçant, d'un côté, le maintien des 35 H, et en missionnant, d'autre part, son homme de main, le ?gentil ? ministre Xavier Bertrand, pour les vider de tout leur contenu !

Quand Montebourg cogne sur Sarko …

 Le Point, 1er novembre 2007

L'ancien porte parole de Ségolène Royal, qui rêve de se glisser dans le costume de premier secrétaire du PS, fustige sans détour la politique sarkozienne. Et tacle les traîtres de l'ouverture.

« Voici venu le temps des jeunes lions ! » Arnaud Montebourg n'a pas oublié sa promesse faite un soir de liesse, dans la foulée d'une courte victoire aux législatives, en juin. Plus que jamais, le trublion de Saône et Loire veut prendre le vieux parti d'Epinay. Mais l'ancien porte-parole de Ségolène Royal a changé de tactique. Le petit groupe des rénovateurs du PS, avec lequel il s'affichait à la rentrée, ne suffit plus à satisfaire ses ambitions. S'allier avec Gaëtan Gorce, Manuel Valls ou Aurélie Filippetti, c'est bien pour marquer les esprits, mais pas suffisant pour emporter le parti. Depuis quelques semaines, Arnaud Montebourg est donc passé à la vitesse supérieure. Avec d'autres de sa génération, il travaille à la constitution d'une force majoritaire pour le futur congrès du parti et s'achète une respectabilité : l'avocat au verbe haut évite les attaques personnelles contre les éléphants et travaille d'arrache-pied au sein du groupe socialiste à l'Assemblée. Une stratégie portée vers un seul but : se tailler un costume de « premier secrétariable », voire de présidentiable. « L'opposition, dit-il au Point, commence dans vos colonnes ».

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Les sciences pour les sociétés?

Remettre en question l’ultra développement des sciences, attire les foudres de ceux qui savent et ils sont très nombreux.

Dit comme cela, la réserve est de mise. Mais en disant qu’il y a deux types de sciences, ça peut laisser un peu de répit avant le coup de tonnerre.

 

Il y a la science dont les découvertes progressives favorisent l’évolution positive pour l’épanouissement de l’espèce humaine. Pas totalement satisfaisante si elle n’est pas au service d’un épanouissement global orienté en priorité vers celui de l’environnement qui est à genoux.

 

Il y a une deuxième science. Celle commanditée par les puissants, qui inexorablement conditionne chaque individu pour un avenir de dépendance totale. Tout passe par le canal de l’argent. Il faut en avoir, et chacun sait qu’avoir de l’argent cela sous entend, avoir au préalable servi, les raquetteurs bien élevés, les maîtres du monde.

 

Notre potentiel de liberté est englouti par les mauvaises sciences, par la diffusion précoces des peurs, par l’éducation à la soumission acquise, sous la bienveillance des religions désintéressés, dans les livres, aussi sectaires que nombreuses, et par des slogans qui font rêver qu’ en travaillant plus, on gagne plus.

Notre champ de liberté est entrain de muter en parc à moutons.

 

Les savants de tous poils nous convainquent que trois pour cent de production par an c’est normal, quoi de plus naturel. A ce rythme là il faudra brûler deux fois plus de ressources dans quinze ou vingt ans. Alors que l’embrasement est sur le pas de tir.

 

Folies des mauvaises sciences, du capitalisme, des croyances, du consentement,  ?

 

Les dirigeants  vivent leur monde virtuel de la promotion et de l’excellence. Aucun rapport avec le quotidien.

Je prends l’exemple du grenelle de l’environnement. Jamais, les mots, les images, les messages n’ont été aussi convaincants. Ça donne l’impression d’y être enfin.

Pendant ce temps, prés de chez moi, un agriculteur équipé d’un tractopelle immense, arrache une haie en quelques jours. Large de cinq mètres et longue de trois cent mètres. (Chêne, frêne, acacias etc., tout est brûlé, anéanti.. Plus d’oiseaux, plus d’écureuil, plus de lièvre, plus de merle, plus de fleurs? etc. etc.?

Si en place du tractopelle c’était une serpe, il n’irait pas aussi vite l’agriculteur?Vive la techno !

J’ai fait part de cet insignifiant détail à notre ministre Barnier, trop occupé avec les pécheurs pour répondre. Et puis le grenelle c’était en octobre?.Il n’y aura qu’à commémorer les anniversaires pour dire qu’on y etait.

 



Regrets éternels…

Les prélèvements fiscaux en hausse, le déficit qui se creusait, le pouvoir d’achat qui baissait : nous ne pouvions pas perdre.

Les écoles, les hôpitaux, la justice, la recherche dont les budgets avaient été réduits et qui peinaient à assurer leur mission de service public : nous ne pouvions pas perdre.

Le Karcher, les banlieues en feu, le CPE, les français dans la rue, Clerarstream, la chiraquie à l’agonie, la piteuse tentative de privatisation de GdF, c’était il y a moins de 18 mois : nous ne pouvions pas perdre.

L’arrogance au Fouquet’s et sur le Yacht, l’amateurisme dans l’élaboration des réformes concernant les heures supplémentaires ou la défiscalisation des intérêts d’emprunts, les tâtonnements sur la TVA sociale, c’était hier.

Nous ne pouvions pas perdre.
Nous ne devions pas perdre, nous avions un devoir de victoire.

Hier encore les media nous serinaient la vague bleue et nous prédisaient 500 députés UMP. Certes il ne seront que 340 mais la gauche n’avons pas gagné.

Nous avons perdu, tout perdu, la présidentielle, les législatives, de peu finalement mais perdu. Pourquoi ?

Face à nous : une droite décomplexée, organisée, professionnelle, qui a su parfaitement s’adresser aux instincts de conservation parfois les plus réactionnaires et toujours les plus égoïstes, et qui a su brillamment communiquer, segment par segment, en s’asseyant sans pudeur sur un bilan calamiteux et en se contentant de faire miroiter un futur enviable.

A gauche, qu’avons-nous vu ?

En un an, une synthèse, puis un projet, puis une primaire, puis un pacte présidentiel, ce dernier plutôt bon sur le fond mais incompréhensible de la plupart des français, et qui plus est relayé de façon réductrice par des media à la botte.

Des leaders éléphantesques incapables de la moindre solidarité, qui n’ont eu de cesse que de se neutraliser, de régler leurs comptes, de ménager leur avenir au mépris des militants qui se démenaient sur le terrain.

Mais trop souvent localement, des petits chefs incapables ou indignes de mener ces campagnes, incapables car dépassés par la modernité de la démarche participative, indignes car jouant le petit jeu nombriliste de la municipale ou de la cantonale de 2008. Et parfois, cette incompétence et cette malignité qui s’allient en une implacable machine à démobiliser puis à perdre.

Dans ces conditions nous ne pouvions pas gagner, ce projet auquel nous avons contribué et que nous avons défendu ne se réalisera pas . C'est dur à admettre mais c'est un fait.

Nous avons perdu, et le résultat du 2ème tour des législatives ne peut que nous laisser des regrets éternels.

Les leaders doivent assumer cette défaite et en tirer toutes les conséquences. In Capita Venenum cette fois-ci, sachant que certains auraient mieux fait de garder leur Cauda dans leur poche mais ceci est une autre histoire?

On se réfugie commodément derrière une révolution idéologique lorsqu'on évoque la nécessaire rénovation du PS. A la base les esprits sont prêts, les gens ne sont pas idiots, ils observent et comprennent ce qui se passe.

C'est en fait la manière de mener à bien cette réforme qui est captée, détournée par les postures et les déclarations des prétendants à la direction qui attachent plus d'importance à leur propre positionnement qu'au rayonnement de leur parti. Pour chacun d’eux, réformer le parti = me mettre à sa tête.

Basta, ils ont échoué sur toute la ligne, ils doivent passer la main.                 

Paradoxalement, cette rénovation se jouera avant tout sur la forme, sur la communication, sur l'organisation interne du PS, sur la tactique, plutôt que sur un terrain purement idéologique.

Une vision claire de la société à construire, un projet lisible, une communication laser, des leaders incontestés car exemplaires à tous les niveaux, des alliances durables et solides, voilà ce que doit nous apporter cette réforme pour laquelle certains d'entre nous ont milité sans succès depuis 2002.

Pour que cette réforme voie le jour et pour que l’on accepte d’y participer, il est hors de question d'attendre l'automne 2008, date annoncée du prochain congrès, faute de quoi il pourra se tenir dans n'importe quelle cabine téléphonique.

Cela doit démarrer… ici (et ailleurs) et maintenant.

En route pour le grand chambardement !

(ou : de l'analyse de besoins aux préconisations)

Après la défaite (toute relative) à l'élection présidentielle, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir pourquoi elle/nous avons perdu et pourquoi il a gagné ? (ce sont deux aspects distincts)

Y répondre requiert d'abord à mon sens de passer par une rapide analyse socio-politique sur le plan historique.

La pensée collective de gauche s'organisait (l'usage de l'imparfait s'expliquera dans la suite du propos) depuis très longtemps en France selon un vieux fond de sauce marxiste de lutte des classes. Héritée du Front populaire (largement mythifié d'ailleurs quand on regarde la réalité des faits et des avancées réelles qui en sont issues), revivifiée par Mai 68, dont on se souvient à tort comme un bouleversement politique à cause des accords de Grenelle, alors qu'il se situait surtout sur le plan de la Morale et des moeurs (ce qui est déjà beaucoup !), elle fonde principalement l'opposition droite-gauche sur les questions de propriété des moyens de production, de partage du pouvoir dans l'entreprise, de répartition des profits (c’est-à-dire de la plus-value au sens marxiste) au bénéfice du salariat et au détriment du Capital, bref dans le champ socio-économique. Tout cela est bien connu et ne nécessite pas de s'y étendre davantage.

Il faut cependant ajouter que c'est là une spécificité française, qu'on ne retrouve dans aucun autre pays développé et qui s'enracine dans notre histoire. Nous la devons d'abord à l'esprit des Lumières qui a affirmé le primat de l'égalité par essence des Hommes, d'où découle l'égalité des droits (« ?tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ») en passant par la Révolution (sans égale dans le monde car la Révolution d'Octobre en Russie a substitué une dictature, celle du prolétariat, à une autre, celle des Tsars, d'où son échec historique) qui a remplacé un ordre divin, de nature ségrégative, par un ordre social humain fondé sur cette égalité. Dès lors, le sens de la vie humaine devenait la réalisation de soi en tant qu'individu et non la construction de son Salut éternel. Par voie de conséquence, l'égalité « essentielle » entre les individus fut comprise comme impliquant de facto l'égalité d'accès aux bien et aux richesses. (C'est un peu résumé certes mais en gros, c'est ça.)

C'est pourquoi le combat entre droite et gauche s'est si longtemps structuré principalement sur l'axe économique. Notons que le débat sur les valeurs et les faits de société échappe quant à lui largement à ce clivage. Pour exemples parmi cent autres : la création de l'impôt sur le revenu par Caillaux dans les années 20, les lois Neuwirth et Veil sur les droits des femmes ou l'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans ont été des mesures de gauche prises par des gouvernement de droite, alors que l'abolition de la peine de mort a été décidée contre l'avis majoritaire des français, y compris le « peuple de gauche ».

Plus récemment, la date clé qu'il faut selon moi retenir et qui a fait basculer le pays, est celle de 1983 quand François Mitterrand, convaincu par Jacques Delors, a fait le choix de l'Europe contre l'isolement, et le choix d'accepter la mondialisation naissante des échanges contre le protectionnisme, d'où découlèrent naturellement le traité de Maastricht puis l'euro qui en furent les corollaires obligés. Ce faisant, Mitterrand a fait entrer le socialisme français dans la social-démocratie, concept qu'il faudra préciser mais qui, en première approche se distingue clairement du marxisme-léninisme (en tant que doctrine politique), non pas tellement sur l'analyse des causes de la lutte des classes, mais sur les perspectives politiques pour y remédier.

En substance, on pourrait dire qu'il ne s'agit plus de mettre à bas l'ordre économique, c’est-à-dire l'économie de marché, mais de lutter contre ses excès, c’est-à-dire contre le libéralisme (au sens d'Adam Smith : « les bienfaits de la main invisible du marché »), les deux concepts étant à tort assimilés alors qu'ils sont bien différents. Il ne s'agit plus de rejeter l'entreprise privée et la liberté des échanges commerciaux, puisqu'aussi bien l'une et l'autre sont les seules modalités connues ici-bas de créations de richesses compatibles avec la démocratie et les droits fondamentaux de la personne. Il s'agit de les encadrer et de les réguler afin d'assurer une redistribution moins injuste des profits (importance du modèle suédois).

Seulement, et c'est là un point fondamental, Mitterrand ne l'a pas dit clairement, entraînant ainsi pour plus de 20 ans le PS dans une sorte de schizophrénie, écartelé entre les faits et le discours sur les faits : les Français sont donc restés globalement adossés à une représentation gauchiste du débat politique alors qu'ils lui avaient de fait tourné le dos. Ce qui est essentiel à comprendre selon moi, c'est que ce fait historique a fait peser pendant près d'un quart de siècle sur la pensée socialiste le poids de ce que j'appelle la « vulgate gauchiste » et qui l'a empêchée de tirer les conséquences politiques de ces évolutions. Pour s'en convaincre, il n'est que de regarder l'écho qu'ont eu jusque très récemment les discours tenus par les divers partis dits de la gauche radicale, sans commune mesure avec leurs poids politique réel et moins encore avec leur implication dans la direction du pays. Nous sommes le seul pays où ces partis (par ailleurs respectables dès lors qu'ils ont depuis longtemps renoncé à la lutte armée) ont un tel écho dans l'opinion publique.

C'est cette période historique qui vient de se fermer le 6 mai. Et j'en viens au présent.

Existe-t-il en France 53 % de gens de droite, d'accord avec un projet de société ultra-libéral, xénophobe et sécuritaire, tel qu'on nous a présenté celui de Nicolas Sarkosy ? A l'évidence, non. C'est que les raisons de son succès sont ailleurs et que son projet n'était pas exactement celui-là. Il repose selon moi sur un cocktail beaucoup plus subtil. Bien sûr, il y a le personnage lui-même : un mélange d'autorité, de chaleur humaine, d'intelligence des situations, de réel charisme, de fausse simplicité, d'apparente proximité avec « les vrais gens », faite de simplisme sur le fond et de simplicité (parfois de vulgarité) sur la forme. (Cet homme vendrait de la glace aux eskimos !!) Mais cela n'explique pas tout.

Il faut se poser la question de savoir quel est le message subliminal qu'il a fait passer pour séduire. A mon sens, son habileté a été de faire croire que le débat sur l'économie était dépassé, au motif que les Français ont quasiment tous renoncé depuis longtemps à établir l
a dictature du prolétariat et à nationaliser tous les moyens de productions (cf. plus haut), et que le clivage porterait sur le concept global de sécurité. Pas seulement la sécurité des personnes et des biens : sur ce point, il s'est fait discret en raison de la contradiction dans laquelle il se trouvait. En effet, ayant été ministre de l'Intérieur pendant 4 ans, tout échec sur ce sujet lui aurait été imputé mais d'un autre côté, il avait besoin de continuer à agiter l'épouvantail sécuritaire. (Il est d'ailleurs frappant de constater que la campagne a basculé après les événements de la Gare du Nord).

Mais sur la sécurité en tant que concept global, couvrant tous les champs de la vie des Français. Car ce qui est frappant me semble-t-il, depuis de nombreuses années maintenant, et que montrent toutes les enquêtes, c'est qu'il existe un point commun à une grande majorité de Français, quel que soit leur bord politique (et surtout s'ils n'en ont pas) qui est une certaine forme de peur. Pas la peur du voisin, ce serait trop simple, mais une forme de peur beaucoup plus abstraite et diffuse, donc d'autant plus pesante, qui porte indistinctement sur à peu près tout : l'avenir, l'emploi, les retraites, l'environnement, le pouvoir d'achat, et j'en passe? La question n'est pas de savoir si ces peurs sont fondées ou pas, seule une analyse rationnelle point par point permettrait d'en décider et tel n'est pas mon propos. Et l'on sait que le rationalisme ne fait pas bon ménage avec la politique, hélas ! La question est qu'elles sont bien là, insidieuses mais installées. On a peur de « ceux d'en haut » (les patrons, le CAC 40, les gouvernants, les décideurs de tout poil, les multinationales, etc.) parce qu' « ils » font tout pour que les possédants possèdent toujours plus et les autres encore moins, et on a peur aussi de ceux d?en bas (les exclus, les immigrés, les plus pauvres que soi, etc?) parce que l'on craint sans se l'avouer que directement ou pas, « on » va nous obliger à partager d'une manière ou d'une autre le peu qu'on a avec eux. C'est le grand blues de la classe moyenne qui est largement majoritaire en nombre dans le pays, qui n'a plus les mêmes certitudes ni les mêmes cadres de pensée que ses pères car tous les grands concepts messianiques (et au premier chef le communisme) ont volé en éclats et qui pense qu'elle est toujours perdante : pas assez riche pour vivre sans souci aucun et trop pour être prise en charge (et qui ne le souhaite d'ailleurs pas).

Et c'est pour cette raison que le candidat de la droite a brandi pendant des semaines des concepts présentés comme étant « en rupture » dont il a senti avant tout le monde qu'ils feraient un quasi consensus. Il n'a d'ailleurs jamais précisé ce sur quoi il fallait rompre, cette notion étant supposée se suffire à elle-même, du fait qu'elle résume à elle seule et sur tous les plans ce que les électeurs attendaient au fond : qu'on les rassure. Cet apparent paradoxe, à savoir envoyer un message fort et constant de rassurance en utilisant un vocabulaire de rupture, est à mon sens l'une des clés majeures de son succès. Le travail, le mérite, la récompense des efforts, la main tendue aux exclus, la Nation (notons qu'il ne parle pas de Patrie, concept jugé ringard et aux relents pétainistes, tout juste bon pour Le Pen)? sont autant de concepts qui illustre cette stratégie. Son coup de génie a été de faire croire à l'opinion publique que le clivage droite ? gauche passait maintenant par là. Comme si lui (et donc la droite) représentait les valeurs éternelles de nos aïeux, fortes et protectrices à la fois, riches de bienfaits futurs, alors que les autres (donc la gauche) représentaient l'égoïsme, la paresse, l'assistanat (une litote du parasitisme) la jouissance sans vergogne de l'instant présent. Bref, la cigale et la fourmi revisitées par la Place Beauvau. Ce faisant, il savait qu'il enflammerait de ferveur la France de droite mais aussi qu'il s'attirerait de la part de beaucoup de gens de gauche des réactions embarrassées, voire compréhensives sur le mode « ben oui, là-dessus, désolé, mais il a pas tort ! ». Qui peut jurer n'avoir pas été troublé ? D'où aussi sa captation de Jaurès, de Blum et même de Guy Môquet, qui serait bien étonné de se retrouver là, lui qui mourut à 17 ans communiste et largement pour cette raison.

Or c'est là que réside la supercherie du siècle !! Car en effet, en quoi les valeurs énoncées plus haut ne sont-elles pas de gauche ? Qu'elles apparaissent de droite au premier abord, c'est assez clair. Elles le sont assurément mais elles sont aussi de gauche si l'on veut bien donner à ce terme sa dimension simplement républicaine. Elles l'étaient même bien avant, d'un point de vue historique. C'est tout de même une ironie de l'histoire que de constater aujourd’hui que c'est celui qui a réussi à rassembler les trois droites (cf. la théorie du professeur René Rémond sur ce point), à savoir la droite bonapartiste (aujourd’hui Gaulliste), la droite orléaniste (aujourd’hui libérale) et la droite légitimiste (aujourd’hui catholique traditionaliste) qui mange sur le dos socialiste la laine des valeurs de gauche.

Arrivé à ce point, il faut se poser lucidement la question de savoir ce qui distingue au fond droite et gauche. Non pas sur le plan du jeu politicien, car une telle question est vaine et triviale, à telle enseigne qu'elle a fait les choux gras de François Bayrou en lui servant de viatique unique, maintes fois ressassé et finalement stérile, mais la question de savoir ce qui distingue, sur le plan psychologique et conceptuel, une personne de droite et une personne de gauche. Ce ne sont pas des distinctions liées au revenu ou au patrimoine. Ces questions jouent parfois un rôle mais elles ne sont pas clivantes (il y a des patrons de gauche et tant d'ouvriers de droite !). Cela ne tient pas non plus à des question sociétales ou de m?urs, dont on a vu à maintes reprises qu'elles traversent les frontières politiques (peine de mort, PACS, euthanasie, IVG, etc?).

C'est à mon sens la question de la responsabilité qui donne la réponse. Cela tient je crois, fondamentalement, à la conception que chacun se fait du déterminisme individuel, de ce qui fonde la trajectoire des individus. On est de droite si l'on pense profondément (et souvent inconsciemment) que tout ce qui nous arrive est d'abord le fruit de ce que l'on construit soi-même, par ses propres actions, par ses efforts ou par ses erreurs, la multitude des petites et des grandes décisions qui font une vie. En bien comme en mal, « on a ce qu'on mérite ». (Sauf le handicap ou la maladie, dont on est toujours ou presque la victime innocente, et qui apparaissent comme le fruit amer d'une injustice immanente d'où l'importance consensuelles qu'elles prennent aujourd’hui, à juste titre d'ailleurs).

On est de gauche si on raisonne d'abord en termes sociologiques, si on analyse les trajectoires d
e chacun, (en bien comme en mal) par rapport aux forces que la société exerce sur les individus, que ces forces soient d'origine familiale ou sociales. Marx (encore lui) a imposé l'idée que les rapports sociaux sont toujours fondés sur des rapports de forces entre groupes sociaux (la lutte des classes) qui ont, comme l'a montré Bourdieu, le même champ d'habitus et d'intérêts.

En bref, un homme/une femme de droite pense que chaque individu est libre et (presque) toujours responsable tandis qu'à gauche on pense que les forces sociales s'exercent sur chacun au point de constituer un déterminisme de destin qui peut être total. Oui, mais, me dira-t-on « je suis de gauche et je pense un peu des deux ». C'est bien là le fait profondément nouveau, dont le PS, en tant qu'organisation de masse ayant une pensée collective distincte de la pensée de chacun de ses membres, n'a pas pris la mesure (ou en tout cas, a fait comme si) à cause de la pression évoquée plus haut : tout un chacun aujourd’hui se sent en peu de droite et un peu de gauche, en penchant plus ou moins d'un côté ou de l'autre. Je suis sûr pour ma part que Ségolène Royal en a tiré, elle, les conséquences – c'est d'ailleurs selon moi la raison principale de son succès aux primaires socialistes – mais elle l'a fait trop tard et maladroitement dans son expression et dans sa stratégie.

Alors, où est la supercherie ? Car supercherie il y a bel et bien. D'abord, je l'ai dit, dans le fait d'avoir réussi à faire croire que la ligne de partage politique était là. Mais aussi sur l'usage qu'on fait politiquement de ces valeurs. Avec la droite, le travail, le mérite, etc? servent à permettre à chacun de recevoir de la vie son juste dû, d'établir les hiérarchies sociales fondées sur la valeur intrinsèque de chacun et sur son utilité sociale, bref de dresser tous les remparts symboliques qui sont sensés assurer la protection dont il a été question plus haut. D'où le discours récurrent sur la compétition et sur la France qui se lève tôt !

Les mêmes valeurs, à gauche, sont les bases de la solidarité et de la justice sociale. Le mérite et le travail des uns doivent servir, outre à assurer à ceux-là la réalisation de leur projet de vie, mais aussi à permettre aux autres, ceux qui n'ont pas pu ou pas su, ou le plus souvent les deux, s'en sortir par eux-mêmes, de bénéficier des avancées collectives.

Les valeurs qui ont été mises en avant par Nicolas Sarkozy comme étant celles du bon sens et des bons citoyens, sont en fait des valeurs qui sont partagées par à peu près tout le monde, mais les uns et les autres n'en tirent pas les mêmes conséquences. D'un côté, cela renvoie à une société de compétition, voire d'opposition entre les catégories de personnes, de l'autre une société de recherche de justice et d'équité sociale, et non d'égalitarisme, comme il a été dit. Car l'égalité sociale, qu'il faudrait appeler « équité » pour éviter les confusions, permet aux plus « forts » de s'épanouir tout en n'oubliant pas les autres. C'est tout le contraire de l'égalitarisme, dont les connotations sont clairement bureaucratiques. (C'est d'ailleurs un des éléments de la supercherie que d'avoir entretenu la confusion).

Politiquement, aujourd’hui, deux données doivent nous interpeller :

  1. Le total des voix de gauche n'a jamais été aussi bas au premier tour, et les ¾ d'entre elles se sont portées sur le seul parti socialiste.
  2. SR a obtenu au second tour 11 % de voix de plus que le total des gauches au premier tour.

Conclusions ? La gauche radicale est morte ou presque, et le hiatus évoqué plus haut entre la pensée de gauche et son expression politique en France est enfin comblé. Il n'y a donc plus de stratégie possible sur le modèle de l'union des gauches et c'est bien la fin d'un cycle historique, celui qui s'était ouvert en 71 au congrès d'Epinay. Enfin, il existe potentiellement une majorité de français pour se rassembler sur un projet social-démocrate, européen et écolo, cette fois-ci clairement annoncé et assumé.

Par ailleurs, par une sorte de vieux relent d'organisation soviètoïde, le PS n'a pas su ou pas voulu, admettre que le programme était indissociable du leader qui l'incarne aux yeux de l'opinion publique. Et pendant des mois, on a entendu les ténors du PS nous dire qu'il fallait penser d'abord et seulement au projet, et que le temps du choix du candidat viendrait bien assez tôt. Dès 2004, j'ai dit qu'on se trompait. La compétition interne pour la désignation du candidat, si elle a eu l'incontestable avantage de donner du parti une image moderne et authentiquement démocratique, est venue trop tard. En effet, il était inévitable qu'elle créée entre les personnalités importantes du parti des dissensions, voire des conflits, sans doute naturels mais qui n'ont pas eu le temps de se résorber, d'autant plus que la candidate n'était pas formellement à la tête du parti. Cela a largement contribué à créer durant la campagne cette atmosphère délétère où l'on a bien cru que la candidate faisait campagne presque autant contre son parti que contre la droite.

C'est là une des conséquences importantes de la récente élection : l'hypocrisie qui consiste à porter haut le projet en faisant semblant de croire que la question du leadership est secondaire, est dévoilée et la plus élémentaire des lucidités devra conduire le PS à admettre que l'un ne va pas sans l'autre.

Alors, quid de l'avenir ? Pour éviter une 4ème défaite programmée d'avance, il faut, à mon sens définir dès cette année un(e) leader, un projet et une stratégie. (Mitterrand n'a pas fait autre chose entre 71 et 81, et il a mis 10 ans avant de réussir !)

1. Un leader : qui d'autre que Ségolène Royal a aujourd’hui les atouts pour endosser ce rôle ? Personne. Seul DSK (qui avait mes faveurs à l'origine) pourrait lui être opposé mais il a plus de handicaps qu'elle. En outre, les 17 millions de voix qu'elle a rassemblées lui donnent une légitimité incontournable. Il faut donc très vite qu'elle prenne la tête du parti et construise patiemment son écheveau. Il faut du temps pour bâtir un appareil efficace où tout le monde, du haut en bas, ?uvre dans le même sens, et pour imposer dans l'opinion publique l'image d'un leader incontesté. Cela suppose inévitablement que François Hollande cède la place, ainsi qu'il l'avait annoncé. Il est sans doute plein de qualités, et les tullistes (je suis bien placé pour le savoir) l'apprécient beaucoup, mais à force de ne pas choisir et surtout de brandir le statu quo interne comme un étendard, il a contribué à geler le parti pendan
t quelques années.

2. Un projet : c'est évidemment la social-démocratie qui l'incarne. Il n'y en a plus d'autre aujourd’hui. Cela veut dire un projet keynesien au plan économique, dynamisé par un Etat fort et rénové (et la rénovation de l'Etat, c'est bien autre chose que la seule accumulation de moyens supplémentaires), ardemment européen et bien sûr « écolo ». Vous avez dit « blairisme » ? Oui, sans doute, l'Irak en moins bien sûr. Il ne s'agit ici que des quelques principes généraux qui devraient selon moi structurer le futur programme.

3. Une stratégie : seule une alliance « orange-rose-vert » peut demain réussir. Une coalition qui irait du Centre aux divers gauches et aux écolos variés, autour d'un parti pivot, le PS. La question de l'alliance avec le MoDem à mon sens, ne doit pas nous choquer. L'opinion publique y est prête et rien ou presque ne s'y oppose sur le fond, pas même la question de la place de l'Etat, dès lors qu'on veut bien le considérer en tant qu'incarnation politique de la puissance publique et non seulement comme une entité administrative et bureaucratique. François Bayrou y est prêt également pour de nombreuses raisons de fond et parce qu'il pense qu'il réussira à s'imposer comme leader naturel d'une telle coalition, et donc à devenir l'opposant principal à Sarkozy dans l'avenir, ce qui lui serait impossible tout seul. C'est la stratégie du coucou. (Rappelons-nous que F Mitterrand a acquis la stature qu'on lui a connu seulement après qu'il ait décidé de s'opposer en tous points au général de Gaulle. C'est en s'opposant à un n° 1 qu'on se hisse à son niveau et pas l'inverse.) Si le PS n'est pas capable, par un discours clair et uni, de l'en dissuader, il n'aura que ce qu'il mérite

Pour y parvenir, il faudra, et ce n'est pas le plus simple, que les éléphant(e)s du PS acceptent de faire passer l'intérêt général avant le leur propre et se rangent avec armes et bagages derrière SR. On peut comprendre qu'ils soient amers, surtout s'ils sont convaincus qu'ils feraient un aussi bon leader (on pense surtout à DSK ou à Fabius) mais le choix pour eux est simple : ou ils acceptent cette réorganisation ou c'est tout le parti qui plonge et on repart pour 20 ans d'opposition. Ce qui s'est passé à la fin de la campagne est annonciateur de ce chamboulement. Mais c'était trop tard et trop peu.

Il faudra aussi que SR fasse de son côté l'effort de reconnaître et de valoriser ces personnalités, qu'elle sache faire confiance et déléguer. Il faudrait d'ores et déjà concevoir un organigramme coordonné, une sorte de « shadow cabinet » qui permettre, sur les grandes thématiques, de construire des équipes d'experts, de tisser des réseaux, d'identifier des responsables aux yeux de l'opinion publique. C'est à ce prix, et en travaillant sans doute mieux le fond des dossiers (l'épisode tragi-comique de la « saine colère » est à ce titre révélateur) que le parti socialiste reconstruira la solidité, la cohérence et la légitimité qui lui feront gagner les 4 ou 5 % d'électeurs qui feront basculer le cours des choses. Le veut-il et en est-il capable ? Je ne sais pas. Je sais en revanche que la gauche de peut pas se rénover et gagner autrement que par et autour du PS mais le PS à lui seul peut aussi tout perdre. Dans 6 mois au plus, on aura la réponse. Si tout recommence comme ces dernières années, c'en sera fini de tout espoir d'alternance, dont Mitterrand avait dit qu'elle ne serait réelle que le jour où un autre que lui serait élu.

Finalement, récolte-t-on ce qu'on sème ?…

Ségolène Royal et les présidentielles

Handicaps :

Un manque de front uni lorsqu'elle s'est présenté : la désunion du PS diminuait l'impact et la crédibilité de ses propos

De gré ou de force (mais ce n'est pas ce que les gens ont retenu) NS a embarqué le gouvernement et l'UMP

Cette union nécessaire, bien avant le choix du candidat à la candidature, sur de vraies stratégies de gauche risque de nous priver de la même façon et pour les mêmes raisons dans 5, 10, 15 etc. ans?.

Elle a osé s'attaquer à des problèmes « brûlants » sur lesquels la gauche fait l'impasse et qui préoccupent les Français : la sécurité (ou plutôt l'insécurité) et l'immigration

NS a focalisé l'attention des gens sur ces problèmes et montré sa capacité à les « régler » de façon musclée, quasiment depuis 5 ans, et surtout en tant que ministre de l'intérieur.

(Les gens préfèrent une mauvaise décision à pas de décision du tout)

SR a surtout parlé de droits et de protection, ce qui n'a pas diminué la peur, savamment orchestrée, des électeurs

La réponse à ces sujets (faute d'avoir été « pensée » à gauche pendant ce même laps de temps de 5 ans) et les propositions ressemblaient à du bricolage de dernière minute?

Faute d'une préparation collective, sereine, ancrée dans le temps, SR s'est livrée à des improvisations désastreuses parce que trop terrain et non réfléchies auparavant

Ex : le « raccompagnement » des femmes de la police chez elles. Et pourtant il y avait là, en remontant le propos à un niveau supérieur (le rôle des femmes, l'accession des femmes à tous les métiers, l'éducation citoyenne et féministe des jeunes garçons, le respect de l'autre-femme, la parité?) l'occasion de prendre le pas sur NS qui ne fait que des déclarations d'intention basiques sur ce sujet, quand il en fait?

Le sujet des femmes n'est jamais apparu comme une différence fondamentale entre la droite et la gauche (et pourtant 52% des électeurs sont des électrices?)

Ce que nous avons appris, ce qu'il faut retenir :

La pugnacité et le sang froid de SR (ou de tout autre candidat retenu par les militants) sont des atouts majeurs dans la lutte à mort des présidentielles

A condition que :

Un vrai projet de société soit édifié au long des cinq ans de réflexion obligatoires qui nous incombent,

Un projet qui ne soit pas seulement la défense des faibles et des opprimés et le maintien des avantages acquis, mais un vrai projet (négocié) de croissance économique et de progrès social.

Quelles réponses de la gauche sur :

Les avancées sociales dans un monde au fonctionnement capitaliste, financier et globalisé, avec un pouvoir sans limite des groupe financiers multinationaux. (pour le capitalisme, lire Comte Sponville : « le capitalisme est-il moral ? » avec enfin une référence à la responsabilité éthique individuelle) ?

La place de la France et de l'Europe dans une irréversible et irrépressible mondialisation (qui n'a pas que des inconvénients? et qu'on ne peut maîtriser qu'au niveau européen?) ?

Quelles réponses, propositions aux patrons de petites et moyennes entreprises qui se sont sentis abandonnés par la gauche ?

Comment intégrer les avancées des « patrons de gauche » : ils existent et réussissent parfois mieux que les autres?

Quelles alliances rechercher ? Celle de l'extrême gauche qui se complait dans l'échec et la protestation et se refuse encore à « gérer le capitalisme ? Ou la recherche d'une nouvelle alliance vers le centre, négociée sur ce nouveau projet de progrès économique et social.

Enfin il paraît urgent d'aller sur le terrain traditionnellement occupé par la droite (dans une réflexion systémique sur le fonctionnement politique en France.) NS n'a pas hésité à se réclamer de Jaurès, et à parler du social en pompant allègrement nos idées.

Sortons du discours habituel et passons à l'attaque

La gauche (traditionnelle) est morte. Vive la gauche (moderne).

Rénovons, rénovons

 

… il en restera toujours quelque chose !

Rénover, ce n’est pas changer de leader et remplacer un éléphant par un autre.

C’est aussi définir une ligne politique claire et, devinez quoi, novatrice, une ligne qui par exemple nous sortira de ce clivage interne « gauche-gauche » vs. « social-démocratie ». Si le PS penche d’un côté ou de l’autre, il sera débordé sur sa droite ou sur sa gauche, il dépassera jamais les 20% aux premiers tours, et il ne rassemblera jamais assez sur des deuxièmes tours.

Trop de nouveaux adhérents se sont éloignés du Parti ces derniers mois, n’y trouvant pas leur place.
Nous ne pouvons admettre que des querelles de chapelles, nationales ou locales, se permettent de consommer notre énergie, de saper notre moral, de réfréner nos élans ou de miner nos projets.

Tout cela, à mon sens, écarte la plupart des éléphants, ex-ministres ou non, d’un premier rôle futur. Même si on les aime bien, même si certains n’ont pas démérité.

Face au parti conservateur qu’est l’UMP, rénovons, réinventons le PS en un grand parti progressiste, à la ligne visionnaire qui saura rassembler largement, aux institutions modernisées, où la solidarité entre les dirigeants sera sans faille, où ces mêmes dirigeants seront au service des militants plutôt que de leurs seules ambitions personnelles.

Un PS, j’allais écrire un Nouveau PS, qui enfin n’aura peur ni des alliances ni de la cohabitation et qui, alors seulement, sera digne et capable d’?uvrer pour le bien commun de nos concitoyens.

 

 

 

 

Arnaud Montebourg au Conseil National du PS


« Il faudra donc faire preuve d'ingénierie politique, de créativité idéologique, et il faudra, c'est vrai, refonder. »

Paris, le 12 mai 2007

Chers camarades, dans cette magnifique campagne qui laisse derrière nous des moments extraordinaires, nous avons vu, après les résultats de ce scrutin, réapparaître les deux France : à l'ouest, baignée dans la tradition démocrate chrétienne, plus urbaine, plus optimiste d'ailleurs, à l'est, la France, qui d'ailleurs avait voté non massivement au TCE, cette immense flaque bleue qui ensevelit d'ailleurs beaucoup de nos positions politiques, plus rurale, davantage périurbaine, et qui a fusionné et réalisé la fusion dans les urnes des trois droites.

Nous avons pu observer aussi les avantages stratégiques pris par nos adversaires, une organisation partisane quasi militaire autour d'un leadership de moins en moins contesté au fil du temps, une offre politique nouvelle à droite que nous avons su qualifier, mais que nous n'avons pas su vaincre. Saisissement de thèmes nouveaux. Positions politiques nouvelles, quand elles n'étaient pas dangereuses et provocatrices, jusqu'à l'atlantisme qui a été assez clairement assumé dans cette campagne. Une démonstration de puissance et de force dont nous n'avons pas pu offrir le pendant.

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