Archives pour la catégorie Chroniques de la rupture

Chronique de la rupture #3

Semaines du 21 mai au 3 juin 2007


 Atermoiements, improvisation et amateurismes à 10 jours des législatives

« Pause dans la réduction de la dette » alors qu’on accusait le programme socialiste d’aggraver les déficits publics

 Défiscalisations des heures supplémentaires « même pour les cadres et les employés à temps partiel » dixit le Premier Ministre. Quelle moquerie, quelle insulte.

 Déduction des intérêts d’emprunts pour la résidence principale, achetée après le 6 mai pour l’un, quelle que soit la date d’achat pour l’autre, déduction des revenus pour l’un, de l’impôt sur l’autre, plafonnés à 20% (de quoi ?) pour un troisième.

 A croire que ces gens viennent de se rendre compte qu’ils allaient devoir réaliser les promesses tenus pendant la campagne. Ils nous disaient être prêts, mais à quoi donc ont-ils réfléchi pendant tout ce temps là.

 Ce sont des amateurs. Leur incompétence n’a d’égale que leur arrogance.

 Mais ne feignons pas de les découvrir, souvenons-nous que ce sont les sortants. 70% des ministres du gouvernement Fillon l’ont déjà été au cours de ces cinq dernières années.

 La suppression des emplois jeunes, la réduction des crédits pour la recherche, les sous effectifs dans les hôpitaux, le CNE, le CPE, les réductions d’impôts pour les plus aisés : c’était déjà eux.

C’est notre dernière chance, sinon la France en reprend pour 5 ans.

Alors n’hésitons pas, le 10 juin, virons-les, votez et faites voter pour les candidats socialistes.

Chronique de la rupture #66 ? 31 Mai 2010

Ce mois de mai débute par un long moment de silence. Pendant plusieurs jours, on n'entend ni ne voit Sarkozy dans les media. Seul compte le raid des spéculateurs sur la Grèce et sur l'Euro. Il semblerait que le Président ne bouge pas, ne parle pas.


A la sortie du Conseil des Ministres du 7 mai, les brailleuses et brailleurs de service exhibent fièrement une brochure bleu-blanc-rouge modestement intitulée « 3 ans d'action au service des Français »

 

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 Voir sur le site RUE89 « Trois ans de Sarkozy : les contrevérités du bilan de l’Elysée » 

 

 

 

legrandIl apparait de plus en plus que ces prétendues réformes, au titre souvent trompeur, ne sont pas si radicales qu'elles tentent de le laisser croire. 


Lire à ce propos le livre de Thomas Legrand « Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps »

 

Attendons-nous à un joli tintamarre dans deux ans lorsqu'il s'agira de vanter les « succès » de 5 ans d'action.

 

Or donc, silence, même pas une apparition sur le perron de l'Elysée lors de la libération d'une otage. Que se passe-t-il ? Il se présidentialise ? Il prend du recul ?

 

 

Rien de tout cela.

 

Il suffit en fait de passer quelque temps loin de l'hexagone pour réaliser qu'effectivement, ce n'est rien que beaucoup de bruit dont les échos s'estompent rapidement dans l'espace. Souhaitons qu'il en soit de même  dans le temps, et le plus rapidement possible.

 

Ce mois se poursuit avec la saga de la réforme des retraites, dernière ?uvre majeure du quinquennat parait-il. Dernière chance avant le total fiasco, espère-t-on dans la majorité.

 

Une communication savamment organisée, mais issue d'une logique tellement prévisible que l'on est en droit de se demander qui peut encore y croire. Sondages, reportages, articles, fuites, comptages divergents du nombre des manifestants : tout l'attirail besogneux de l'intox et de la manipulation d'opinion est déployé pour reculer l'âge légal de la retraite au-delà de 60 ans et déclarer au soir du 26 mai que « la réforme est largement approuvée par les français ».

 

Bien évidemment le PS saute à pieds joints dans le plat et ne perd pas une occasion de se déchirer voire de se ringardiser autour de la notion, dogmatique pour les uns, symbolique pour les autres, de retraite à 60 ans.

 

C'est bien regrettable. Lors des ateliers ou universités d'été en septembre dernier, nombre des participants s'accordaient pourtant à penser qu'il serait plutôt judicieux de ne pas chercher de clivage autour de cet âge légal mais de travailler plutôt sur le fond : durée de cotisation, pénibilité, financement par la fiscalité etc. La contre-réforme existe, mais elle est éclipsée par la bataille des éléphants sur fond de primaire présidentielle.

 

>> Retraites: toutes les propositions du PS ici

 

Côté Sarkozy guère plus de cohérence, à bien y regarder :

 

En 1993, «J’ai voté pour la retraite à 60 ans» déclare-t-il à la télévision. La loi a été votée en 1981, il est devenu parlementaire en 1982, mais un an avant il était déjà en mesure de voter pour. C'est sans doute ce jour là qu'il a également réservé sa place dans l'avion du 9 novembre 1989 pour Berlin ?

 

En 2007, il déclare à nouveau que « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer ».

 

Cela ne l'empêche pas de déclarer en 2008 qu’il n’a «pas de mandat» pour réformer les retraites, car il n’en a «pas parlé» dans sa campagne.

 

Les mensonges sont tellement imbriqués les uns dans les autres que l'on finirait presque par s'y perdre.

 

Mais tout d'un coup, tout le monde s'en foot puisqu'il parait que c'est grâce à lui que la France remporte l'organisation de l'Euro 2016. Panem et Circenses?

 

Le mois se termine par une vraie-fausse polémique autour des déclarations de Martine Aubry lors de la convention du PS le 29 mai :  ?Alors, j'entends bien M. Sarkozy nous donner des leçons en matière de gestion. (?) J'ai un peu l'impression, quand Nicolas Sarkozy nous donne des leçons de maîtrise budgétaire, c'est un peu Monsieur Madoff qui administre quelques cours de comptabilité?.

 

Aussitôt, le tintamarre lefevro-moranesque se remet en marche, relayé par des journalistes pour partie malcomprenants et pour partie aux ordres.

 

Chronique de la rupture #2

Semaine du 14 au 20 mai 2007

Le président visite les logements de la république : consultations au Pavillon de la Lanterne (traditionnellement résidence du Premier Ministre, tout un symbole), puis WE à Brégançon où Cécilia est déja partie en éclaireur.

Nomination d’un gouvernement sans surprise tant les fuites étaient savamment organisées depuis quelques jours. 15 ministres dont un vice premier ministre étaient promis.

15 ministres dont un ministre d’état, 4 secrétaires d’état et un haut-commissaire sont finalement nommés. Ainsi, le gouvernement de la rupture est composé de :

Premier Ministre : François Fillon , ministre depuis 1993.

Ministres :

Alain Juppé, déja ministre en 1986, premier d’entre eux de 1995 à la dissolution de 1997
Jean-Louis Borloo, ministre en continu depuis 2002
Michèle Alliot-Marie, déja secrétaire d’état en 1986, ministre en continu depuis 2002
Bernard Kouchner, transfuge du PS, secrétaire d’état ou ministre chaque fois qu’il a pu depuis 1988
Brice Hortefeux, ministre depuis 2005
Rachida Dati, une nouvelle arrivante
Xavier Bertrand, secrétaire d’état ou ministre depuis 2004
Xavier Darcos, ministre de 2002 à 2005
Valérie Pécresse, une autre nouvelle arrivante
Hervé Morin, transfuge de l’UDF, nouvel arrivant
Roselyne Bachelot-Narquin, déjà ministre de 2002 à 2004
Christine Boutin, ministre pour la première fois, bien connue pour ses positions avant-gardistes sur le PACS
Christine Lagarde, ministre depuis 2005
Christine Albanel, une quatrième nouvelle arrivante
Eric Woerth, déjà secrétaire d’état de 2004 à 2005

Soit 70 % des ministres qui l’ont déjà été, et 62,5% de sortants des gouvernements Raffarin ou Villepin.

 

 

Chronique de la rupture # 1

* pour commémorer le troisième anniversaire de la rupture et ne rien en oublier dans les deux ans qui viennent, nous republions à partir de ce jour les premières chroniques, telles qu’elles furent écrites depuis mai 2007 *

en route pour le merveilleux pays de la Sarkozye triomphante…



Dimanche 6 mai 2007

Dîner au Fouquet’s en compagnie de Johnny Halliday, suivi d’un passage à la Concorde animé par Enrico Macias et Mireille Mathieu. La nuit se poursuit en boîte sur les Champs Elysées.


Lundi 7 mai

Départ en jet privé pour l’île de Malte, parait-il pour réparer un oubbli diplomatique. Embarquement sur un yacht de 60 m. 193500 ? la semaine.


Mardi 8 mai

Une énorme surprise déchire le silence de ce petit matin pluvieux : confiant dans les futures mesures fiscales du nouveau Président, Johnny Halliday annonce son retour en France. Ah que c’est nos amis suisses qui vont être décus.


Mercredi 9 mai

« Bolloré ne travaille jamais avec l’état »

Ah bon ?

Appel d’offres pour la valise diplomatique du 10/8/2006 accordé à la société SDV filiale du groupe Bolloré.

Les preuves :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-908741,0.html

http://www.sdv.com/sites/sdv/corporate/profil.aspx

A sa décharge, V. Bolloré a déclaré que les revenus de son groupe étaient dus pour un faible part à la commande publique, ce qui parait bien plus en phase avec la réalité que la déclaration présidentielle « Bolloré ne travaille jamais avec l’état ».

Jeudi 10 mai 

Vous avez dit : « 10 mai » ?

Vendredi 11 mai

Tentative de perquisition au Canard Enchaîné.  Mais le volatile ne parvient pas à retrouver le trousseau de clas du bureau…


Chronique de la rupture #65 ? 30 Avril 2010

 

Apres un si terrible mois de Mars, Avril ne pourrait que marquer le début de la remontée, n'est-ce pas ?

Avec au menu, pour démarrer, un voyage aux USA avec en point d'orgue un dîner privé chez Obama. Mais voilà, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Le voyage fait un flop, les journalistes français y sont non grata et les journalistes américains remarquent à peine ce Président qui en visite un autre. Tellement peu qu'un journal américain le baptise « Prime Minister ».

 

De retour en France, il doit faire face à des feux de toutes parts, des députés de sa propre majorité, craignant pour leur réélection en 2012, ayant décidé de mettre à mal le bouclier fiscal, symbole de l'idéologie sarkozyste version 2007.

Décidément, quand ça ne veut pas? dans la famille « Sarkozy », je voudrais le Père. Supplice du Pal pour Nico, avec la publication d'un best seller dans lequel le Papa, encore vert, raconte diverses frasques.

 

Puis vient, ou revient plus exactement, dans un même registre :la rumeur. Rumeur concernant la vie privée du couple présidentiel. Elle avait pointé le bout de son nez puis s'en était repartie il y a quelques semaines. Mais cette fois ci, c'es l'Elysée qui déclenche les opérations. On parle de complots, de mouvements financiers, on accuse Rachida et on lui retire sa deuxième voiture de fonction. Intervention de Carla sur Europe1, la pauvre s'acharne à répéter qu'ils sont au dessus de cela, que Rachida n'y est pour rien et qu'aucune enquête n'a été déclenchée. Perdu ! Les RG la démentent instantanément sur ce dernier point.

 

Bref, la farce devient une affaire d'état, en en passant, le Président, à nouveau branché sur le tout-à-l'ego, n'hésite à mobiliser des moyens publics pour gérer ses affaires privées. Violent retour de bâton, enfoncement d'un cran supplémentaire dans les sables mouvants.

 

En revanche, du côté des copains du Fouquet's, tout va pour le mieux : Paris en ligne, France Télévision, c'est noël avant l'heure, personne n'est oublié.

 

Suite à la tempête Xynthia qui a frappé les côtes vendéennes en février, le Président a déclaré qu'il fallait empêcher que de telles situations catastrophiques puissent se reproduire. Sa toute puissance ayant des limites, il n'a quand même pas annoncé une loi interdisant les tempêtes. A défaut, il envoie les préfets des départements concernés proclamer, tels des Rambos, que dans les zones dites « noires », toute construction devra être détruite. Tollé dans la population locale, on hurle au manque de concertation et à l'incompétence des pouvoirs publics. Sur ce débarque le bon ministre Borloo entouré de sa secrétaire d'état à l'environnement et de son secrétaire d'état aux transports (tous deux encore tout auréolés d'exploits récents : rumeur pour l'une, 60-40 par Ségolène pour l'autre). Eh hop, les peuple et les media n'avaient rien compris, les zones noires deviennent des « zones de solidarité », on ne parle plus de destructions massives, etc. Une fois de plus, une seule expression vient à l'esprit : « Bande de clowns ». Tristes.

 

Occultée un temps par les cendres d'un volcan islandais, l'actualité politique reprend vite le dessus sous la forme d'une déclaration et d'une rechute présidentielle.

 

La déclaration : En visite dans le 9-3 pour y installer le nouveau préfet, un vieil ami de confiance, Sarko nous ressert le discours sécuritaire façon « Scrogneugneu, on va voir c'qu'on va voir, c'est pas les voyous qui font la loi, pas une cage d'escalier n'échappera à la police, blablabla, blablabla». Le même discours qu'en 2006/2007 lorsqu'il était candidat. Le même discours qu'en 2002/2003 lorsqu'il était Ministre de l'Intérieur. Le même discours qu'en 20013/2014 lorsqu'il sera dans l'opposition ?

 

C'est tout comme une chanson de Mireille Matthieu : le temps a beau passer, ça irrite, ça hérisse, ça insupporte comme au premier jour.

 

La rechute. En voyage en Savoie pour y commémorer le cent-cinquantenaire de son rattachement à la France, le Président déclare « Fais-pas l'malin toi », à un pauvre hère qui essuyait ostensiblement la main sur son sweat-shirt après qu'elle ait serré celle du Président. Un geste décalé, et une remarque qui ne l'est pas moins.

Le soir même, les media entonnent un de leur couplet préféré sur les difficultés récurrentes du Président à prendre de la hauteur. Ben oui, tout dépend d'où l'on part?

 

Et je passe tellement j'en suis las sur les fanfaronnades d'un ministre zélé qui prétend pouvoir déchoir de sa nationalité française un épicier nantais un tantinet bling-bling dont femme et maîtresses sont voilées et motorisées.

 

Enfin, pour conclure ce mois printanier, le couple présidentiel s’envole vers Shanghai afin d’y apprécier le poids de la Chine.

 

Cela va faire 3 ans que la rupture est en marche, sur le plan social comme sur le plan économique ou sur celui de la sécurité, les résultats ne sont pas là, le président est au plus bas dans les sondages, sa majorité se fissure de toutes parts.


2 ans… C'est long.

 

« Etre optimiste ne sert à rien, il faut être pessimiste, actif, indigné et se mobiliser »

Stéphane Hessel sur France Inter, le 24 Avril 2010.

Chronique de la rupture #64 ? 27 Mars 2010

 

Entendu le 25 janvier dernier sur TF1 à propos des élections régionales :

 

Laurence Ferrari : « Allez-vous vous impliquer dans cette campagne ?« 
Nicolas Sarkozy : « Ce n’est pas le rôle du président de la République.« 

 

Et pourtant?

 

Paris, 2 mars : Remontée de Bretelles à la candidate UMP en Ile de France

Marignane, 4 mars : Discours sur L'industrie en compagnie des candidats locaux

Pontarlier, 9 mars : Discours sur la Formation professionnelle en compagnie des candidats locaux

 

Sans oublier la table ronde sur l'Agriculture tenue le 6 mars à l'occasion de la clôture du Salon marquée par une visite en catimini dès potron-minet, à une heure si matinale qu'aucun militant UMP n'a été convoqué pour meubler le décor ! Tout cela pour céder à la revendication catégorielle portant sur le quasi défunt Grenelle de l'Environnement.

 

Revenons quelques instants sur le fond et sur les « Etats généraux de l'industrie ».

 

Oublions le nième coup de pied de l'âne porté aux 35 heures dans ce discours (tous les pays européens s'alignent progressivement sur une réduction du temps de travail, même Mâme Merkel.) et la sempiternelle référence à Alstom comme à chaque fois qu'il parle de l'Industrie.

 

J'évoquais le fond, mais où est-il ? Les deux-tiers du discours rappellent des évidences sur la désindustrialisation, le coût du travail, la Chine, sur ce qui se fait ailleurs (enfin, parait-il, cf Marianne n 672   et son dossier consacré aux mensonges de Sarko ).

 

Puis s'en suivent des coups de menton à l'encontre de tel ou tel industriel qui produit à l'étranger, ou sur le rôle de l'état-actionnaire (cocasse de la part d'un chantre du libéralisme).


Le discours se conclut par l'annonce de mesurettes portant sur l'imposition des brevets et le Crédit Impôt Recherche, une « semaine de l'industrie », une prime à la relocalisation, une marque « France », des visites de Lycéens.

Bref, après le pin's Marianne évoqué le mois dernier, place au pin's « Elle est-y pas chouette mon industrie  » ?

 

 

Face à cela, le PS a proposé le 22 février dernier, dans un silence médiatique assourdissant, une série de 54 mesures pour la politique industrielle en France et en Europe, vers un modèle de production social-écologique, en résumé :

 

  • Créer un Pôle public d'investissement industriel (2P2I).
  • Moduler l'impôt sur les sociétés en fonction des bénéfices réinvestis ou versés sous forme de dividendes.
  • Repenser le ciblage stratégique du crédit impôt recherche et le réorienter  vers les PME.
  • Elaborer une politique de filière en sélectionnant les domaines les plus porteurs et en réglementer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants
  • Favoriser une meilleure information aux consommateurs, par un étiquetage approprié des produits
  • Transformer la gouvernance des pôles de compétitivité, en donnant

un vrai rôle d'orientation stratégique à l'État et aux régions.

  • Décourager les fermetures de sites pour des raisons financières.
  • Promouvoir la création d'un grand ministère européen de l'Industrie
  • Réorienter les politiques européennes pour créer un cadre macroéconomique et financier adapté au développement de l'industrie et pour lutter contre le dumping fiscal, social et environnemental au niveau européen.

L'intégralité du rapport est téléchargeable ici.

 

Puis arrivent les régionales.


« Que la mandale est belle » titre le Canard Enchaîné en un hommage croisé à Jean Ferrat et aux résultats du premier tour.


Au soir du premier tour, déni total sur tous les plateaux de TV, où les apparatchiks UMP débitent mécaniquement les « éléments de langage » façonnés au château. « rien n'est joué » ; « Mais regardez moi ça, ces accords d'union concoctés en une nuit entre les verts et le PS, ça ne tiendra pas. Nous, nous sommes unis ». « Avec un tel niveau d'abstention, le résultat n'est pas significatif ». A ceci près que, lors des élections européennes en juin dernier, avec non pas 53% mais 60% d'abstention, les 27% de l'UMP étaient qualifiés de grande victoire. Pauvres gens.


Le malheur veut qu'un gendarme soit assassiné en Seine et Marne. Le Président se déplace, promet que les coupables seront sévèrement châtiés et reparle de peine automatique incompressible de 30 ans, ce qui ne nécessiterait rien de moins que l'abrogation de l'article 8 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme. Pauvres gens.


Le lendemain, en une quête désespérée des votes FN, le Premier Ministre lors d'une réunion électorale à Paris, entonne lui aussi le couplet sécuritaire : « Des voyous ont violemment caillassé des policiers qui procédaient à un contrôle routier, l’un d’entre eux vient de décéder ». Mais voilà, le policier en question n'était que dans le coma et en est d'ailleurs sorti. Pauvres gens.


La suite de l'entre-deux tours est tout aussi pitoyable : un premier ministre à la mine pâle en pseudo-leader d'une majorité en voie de décomposition, une ou deux visites présidentielles en province chez tel ou tel sarkozyste prétendument bien placé, jusqu'à cet entretien accordé au Figaro Magazine, dont la parution est comme par hasard avancée d'une journée.


Mais rien n'y fera : Au soir du deuxième tour, c'est une défaite magistrale,  cuisante, historique, la plus violente infligée à une majorité sous la V° République. 55% pour la Gauche, 35% pour l'UMP, 10% pour le FN.

 

Un score historique jusque dans les Hauts-de-Seine, fief de la Sarkozye, où la gauche unie et solidaire devient majoritaire. Comme quoi : Tout est possible !


Les communicants conseillent cette fois-ce de reconnaitre la défaite. Seule Nadine Morano persiste en déclarant que « L'Alsace, La Réunion et la Guyane, on ne peut pas appeler cela un échec total. ». 


Mais surtout le maître-mot semble être « Si les français ont voté ainsi, c'est parce qu'ils estiment que les réformes ne vont pas assez vite, pas assez loin ».


On retrouve ici la vieille antienne libérale, que d'aucuns qualifieraient d'autiste, qui consiste à faire croire que si une politique foire continument depuis un certain temps, ce n'est pas en raison de sa stratégie sous-jacente ou de son contenu, mais bien parce qu'on n'en fait pas assez.


Le fait que cette stratégie s'inspire d'un modèle ultra-libéral, basé sur l'endettement, et qui, rappelons-le, a explosé avec fracas il y a dix-huit mois, qui privilégie les catégories les plus aisées avec le bouclier fiscal, qui prive l'état de revenus conséquents et de ressources vitales (dans l'enseignement, la justice, les hôpitaux, la police, la justice), et qui ménage une belle place aux proches (le fiston Jean, le copain Proglio), tout cela n'y est pour rien sans doute !


S'ensuivent l'abandon de la taxe carbone et un remaniement a minima offrant un siège à un chiraquien et un autre à un (futur-ex ?) villepiniste.


Jusqu'à cette incroyable déclaration du mardi 23 mars : « Rien ne serait pire que de changer de cap. »

 

Le soir même, le Premier Ministre, dont la cote dans les sondages est au plus haut, se voit interdit  de JT sur TF1 par le chef. Puis le lendemain dans la presse, c’est la Ministre de l’Environnement qui se déclare « désespérée » par l’abandon de la taxe carbone. «Le Medef a planté la taxe carbone». Là encore, sévère recadrage du chef lors d’un point presse à Bruxelles. Ambiance…


Pour couronner le tout, ce bon Villepin annonce de façon grandiloquente la création de son Parti Politique le 19 juin prochain.


Il y aurait même des signes prémonitoires d'annonce de début d'un projet de frémissement de début d’émancipation chez certains centristes. Ouh là là !


En ce début de printemps, la Sarkozye est en déconfiture, son grand timonier est au fond du trou, il l'a bien mérité. Tout mouvement l'y enfonce un peu plus, tel un promeneur pris dans les sables mouvants.

 

 

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J- combien ? ça va être long ? mais il nous reste si peu de temps !

Chronique de la rupture #63 ? 28 février 2010

Comme un air de printemps ?

En cette première semaine de février, plus précisément le 4 du mois, trois titres en une de l'actualité :

  • Pour la deuxième fois en quelques jours, bisbilles entre la Ministre de la Justice et celui de l'Intérieur. La semaine dernière, elle lui rappelle que ce sont les députés et pas lui qui font la loi. En l'occurrence : le zélé blagueur auvergnat venait d'annoncer sur TF1 une nième et redondante loi sur la sécurité des personnes âgées, élections approchantes obligent. Cette fois-ci, elle lui reproche que ses policiers ne travaillent pas assez alentour des stades.
  • Le parquet de Paris confie à des policiers financiers la conduite d'une enquête pour corruption, relative à l'attentat perpétré à Karachi en 2002 contre des ingénieurs français. « Ridicule?. Soit y'a des éléments donnez-les-nous? grostesque ? qui peut croire à une fable pareille», avait commenté le Président en juin dernier à Bruxelles en réponse à la question d'un journaliste de l'AFP.
  • Un sondage TNS Sofres Logica promet une déculottée à la majorité lors des régionales de mars

Deux jours plus tard, c'est l'hebdomadaire Marianne qui pronostique un 52-48 en faveur de DSK en 2012.

Piteuse clôture du débat sur l'identité nationale, sous la forme d'un séminaire gouvernemental qui accouche de propositions bouleversifiantes du style « un drapeau tricolore pour chaque école » ou un « livret citoyen » pour chaque bambin. A quand le pin's « Marianne » pour les élèves méritants ?

Voyage éclair du Président aux Antilles et en Guyane. En plein carnaval, histoire de ne déranger personne !

Le 19 février, une jeune femme entre dans un commissariat pour déposer plaint contre son mari violent. Les gendarmes lui confisquent son passeport et l'expulsent.


« À chaque femme martyrisée dans le monde, je veux dire que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française ».

N. Sarkozy en campagne électorale à Paris le 29 avril 2007.

Sans commentaire.


Elections régionales : Sordide pataquès déclenché par l'UMP du Val d'Oise,  qui croit avoir démasqué en son concurrent tête le liste du PS un repris de justice. Les responsables locaux sont rapidement obligés d'avaler leur chapeau. Silence, et sans doute grand abattement, au château.

 

« Le chômage va baisser » a dit le Président

« Le chômage va augmenter » prédit le Premier Ministre.

 

Il est des jours où l'on regrette Edgar Faure?

Chronique de la rupture #62 ? 31 janvier 2010

 

Dans une indifférence quasi générale, la tournée des v?ux présidentiels se poursuit : Drapeaux, pupitre, discours convenu, public docile, l'exercice est totalement industrialisé, à la différence du pays qui lui, l'est de moins en moins.


Puis revient le temps des copains avec l'annonce du double salaire de Proglio, qui préside à la fois EDF et Veolia. Mais de quoi se plaint-on ? Travailler plus pour gagner plus : enfin une promesse tenue !


« Sans aucune pression » (autre que celle d' l'opposition, des media et de la population sondée et re-sondée), Henri Proglio renonce « spontanément » à sa double rémunération. Mais demeurent le conflit d'intérêt inhérent au cumul des fonctions, nanti d'une retraite chapeau de plusieurs millions d'euros chez Veolia, ceci expliquant sans doute cela. Le gouvernement réalise alors que les élections approchent et opèrent un lâchage en règle. Madame Lagarde, et son ministre-du-budget-trésorier-de-l-ump, déclaraient encore la semaine précédente que tout cela était normal compte tenu de la valeur et des compétences de l'individu, dans un contexte international où on risque de nous le piquer et bla bla bla. Volte face le 25 janvier puisque tout d'un coup, ce cumul n'est plus que temporaire aux dires des mêmes ministres. Affligeants pantins.


Cette dernière semaine de janvier, qui culmine le 28 avec l'anniversaire présidentiel, dont on ne comprend pas encore pourquoi à ce titre elle ne figure pas dans les manuels d'histoire, sera tout sauf une partie de plaisir pour son supposé héros.


Lundi 25, Sarkozy face à onze Français choisis par TF1. Affligeant, pitoyable, le Président se contente de répondre sur des cas personnel, comme dans une permanence d'élu local un samedi matin. Certes il a bûché ses dossiers, il est incollable sur le prix du litre de lait ou sur le salaire de l'infirmière, mais chacune de ses réponses sonne le faux, le désarroi et l'impuissance. Sa suggestion de faire des heures supplémentaires pour que la caissière gagne plus tombe à plat, son ton velléitaire ne passe plus, même lui semble réaliser qu'il est déjà dans la deuxième partie de son mandat, que tout ce qu'il promettait s'inspirait d'un modèle qui a failli, et que partout, y compris sur TF1, on l'attend au tournant et que plus rien ne lui sera épargné.


Comme un malheur n'arrive jamais seul, la justice dans un sursaut d'indépendance relaxe Dominique de Villepin dans l'affaire Clearstream. Happy Birthday, Mister Président ! Il n'en faut pas plus à notre ex-chantre du CPE pour fixer son regard sur 2012 et déclarer dans un français châtié qu'il est là pour « servir son pays ».


Et pour finir cette semaine, sinistre pour les uns, prometteuse pour les autres, le lancement officiel de la campagne des régionales révèle un immense malaise au sein de l'UMP : 60% seulement de votes favorables lors du conseil national de ratification des listes. Un taux de déchirement digne du PS, qui reflète les inquiétudes et le mécontentement de bon nombre des dignitaires du (futur-ex ?) parti unique de la majorité.


Majorité : pour combien de temps encore ?

Chronique de la rupture #61 ? 9 janvier 2010

 

Meilleurs voeux à tous !


En fin d'année dernière, nous évoquions au figuré le déchaînement tragicomique des bras-cassés de la majorité présidentielle. On ne saurait résister à la tentation de noter que le premier conseil des ministres de l'année nous en montre certains au sens propre même-si, convenons-en, ces deux là (Laurent Wauquiez et Frédéric Mitterrand), ne sont pas les pires. Souhaitons-leur un rapide rétablissement.

Toujours au chapitre « pas de chance », le changement de cap du gouvernement sur la politique de vaccination contre la grippe H1N1 : annulation de commandes, accès via le généraliste. On calme le jeu et on banalise. Relation de cause à effet avec la non-candidature de la ministre aux régionales, ou ajustement normal ?


Bien plus grave est l'état de notre république et de son régime hyperprésidentiel. Des séances de v?ux surréalistes, prétexte à je ne sais quel forum ou colloque de ceci ou de cela, monté de toutes pièces pour mettre en scène une fois de plus le Président et les pages d'Histoire qu'il croit écrire chaque semaine. Il se contente en  fait de ré-écrire son histoire à son avantage. Pour seul exemple cette thèse défendue sans cesse, selon la quelle la France se sortirait de la crise mieux que ses voisins : « Si nous avons évité le pire, c'est parce que nous avons décidé d'agir et non pas d'attendre? » déclare-t-il à Cholet le 6 janvier lors des « V?ux au forces économiques ».


Désolé M. le Président : si le pire a été évité, c'est parce que ce modèle social, que vous n'avez eu de cesse de vilipender et de détruire depuis trente ans, a tenu bon. Si le pire a été évité, c'est parce que vous n'avez pas eu le temps matériel d'implanter en France le modèle ultra libéral  néo con de Reagan, Thatcher et Bush dont vous vous revendiquiez tant durant la campagne présidentiel. Tel l'opportuniste de Dutronc, tel le Tartuffe moyen, vous avez retourné votre veste du bon côté et feignez d'être le sauveur.


Et puisque vous revenez sur « les décisions qui se sont avérées être les bonnes décisions malgré les polémiques? » et vous targuant d'avoir « évité le pire : une faillite de l'ensemble du système bancaire », pourquoi vous être contenté de prêts à ces banques, en vous satisfaisant tel un usurier de ce que cela rapporterait en intérêts, au lieu de redonner un chance à la collectivité en les nationalisant ou au moins en y imposant une participation significative de l'Etat ?


Pourquoi avoir cédé du Medef en détaxant les heures supplémentaires et en renforçant le bouclier fiscal ? Cela n’a rien relancé du tout .


Pourquoi avoir cédé au lobby de la Restauration  en réduisant le taux de TVA ? Cela n’a fait baisser aucun prix ou très peu, ou alors au détriment de ce que l’on trouve dans son assiette.


Prise de participation de l'état dans les banques assistées, abrogation de la loi TEPA, maintien de la TVA à 19,6% dans la restauration: trois actes de courage politique à côté desquels vous êtes passé, trois actes qui certes ne solutionnaient pas tout mais auraient en tout cas arrangé les comptes publics de quelques dizaines de milliards par an.


Sans oublier que pendant ce temps-là, l'industrie s'écroule par la faute d'une Europe devenue libérale et impuissante, incapable de s'imposer. Une politique industrielle nationale, gonflée de patriotisme économique et laborieusement portée par des serviteurs zélés n'y suffira pas, et vous le savez.


Cela s'appelle entre autres le sens de l'état, le sens de l'intérêt commun, et non le sens de son clan. Ce n'est pas ce bon Philippe Séguin, qui a quitté la scène prématurément cette semaine, qui vous l'aurait reproché, loin de là.


32% de satisfaction dans les sondages, le verdict est sans appel.

Chronique de la rupture #60 ? décembre 2009

 

En cette  fin d'année, le nauséabond débat sur l'identité national est bien installé dans son statut de déversoir de la haine ordinaire. Quelques sous-beaufs de service se répandent en propos directement issus des WC du premier café du commerce venu.


Etre français est-ce que c’est devoir parler français, chanter la Marseillaise, lire la lettre de Guy Môquet? Non, ça, c’est être con! »  résume parfaitement Eric Cantona.

 

On peut signer une pétition demandant la suppression du ministère de l'identité nationale et de l'immigration ici : http://appel.epetitions.net/

 

Sarko espère pouvoir jouer les Zorro au sommet de Copenhague, mais Obama annonce qu'il sera finalement présent lors de journées de clôture pour lui ravir la vedette.

 

Donc ne reste plus qu'à faire le malin dans les dîners en ville. Ici il rassemble les donateurs du premier cercle de l'UMP, à savoir ceux qui cotisent au-delà de 3000 ? par an, et il leur promet bien évidemment de ne pas toucher au bouclier fiscal. Là il se gausse d'être le DRH du PS. « Eh bouffon, au PS tu ne tiendrais pas 5 minutes, tes « camarades » auraient vite fait de te dézinguer », rétorque une voix dans le lointain.

 

Tout à son ?uvre de se venger de ces études supérieures et ces grandes écoles qui lui ont si obstinément tourné le dos, le Président tente d'affaiblir les filières scientifiques en supprimant l'Histoire-Géo des programmes de Terminales S. Comme d'habitude, aucune concertation, tollé.

 

Sur ce sort le clip lipdub des « jeunes populaires », dans lequel Rachida, Valérie et les autres, tous bourrelets dehors, tentent de ravir la vedette à Mireille Matthieu. Voilà donc à quoi le gouvernement passe son temps pendant que se creusent les déficits, que se détruisent les emplois, que se délite le système hospitalier, que s'appauvrit l'Education Nationale et que les SDF s'accumulent sur les trottoirs. Grotesque, pitoyable, ridicule, puéril, nul, indécent. Amateur en plus comme d'habitude, puisqu'ils n'ont même pas été capable de régler correctement la question des droits d'auteurs sur la fameuse chanson.

 

Dans la même veine, notons ce clip de l'UMP pour les régionales, vantant la France « modèle » à grands coups d'images made in USA. « Le retour de Sarko l'américain », à moins que ce ne soit une fois encore « Les non-pros vous saluent  » ?

 

Jouez hautbois, résonnez musettes, le grand emprunt est arrivé ! Rappelons tout d'abord que son montant 35 Milliards d'Euros, est équivalent au manque à gagner d'un peu plus de deux années de loi TEPA. C'est historique bla bla bla, jamais l'état n'a autant investit dans les universités bla bla bla, se complait la versaillaise ministre-candidate-aux-régionales Valérie Pécresse.

 

« C'est une dotation en capital, qu'elles devront faire fructifier » déclare-t-elle en substance sur France Inter peu de temps avant Noël. Tiens donc, faire fructifier ? Mais comment ? A l'américaine, en faisant payer les étudiants 30 à 50000 $ par an ? ou bien encore en les privatisant dans quelques années ? A suivre?

 

Très belle gaffe d’un sénateur centriste qui se trompe de bouton et fait capoter pour un temps la loi sur le redécoupage électoral.

 

Ridicule gaffe de Rachida au Parlement Européen, surprise par une chaine de télé alors qu’elle confesse son ennui à l’une de ses amies.

 

Grosse gaffe bien blague-blanc-beauf de la gloussante Morano : « Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ».

 

Le clip, les gaffes, on finirait presque par le plaindre notre pauvre Président, d’être entouré d’une telle bande de bras cassés. M’enfin bon, on n’a l’entourage qu’on mérite…

 

C'est alors que ressort cette terrible histoire de l'attentat de Karachi, dans laquelle le duo Balladur-Sarkozy se retrouve au centre de la tourmente, attaqué pour corruption par six  familles de victimes.

 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/karachi-balladur-sarkozy-la-66802

 

Et pour finir en beauté cette année 2009, le conseil constitutionnel retoque la loi sur la Taxe Carbone « contraire à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et créant une rupture de l’égalité devant l’impôt.», tant les lobbies industriels l'avaient dénaturée.

 

Amateurisme à son comble, ou suprême perversité d'un régime qui ne voulait finalement pas de cette taxe ?

 

Joyeuses fêtes à tous !