Tourner la page et maintenir la pression …

Je suis choqué d’avoir vu hier les retraités défiler dans la rue. J’en serai pourtant dans quelques années mais je ne me reconnais pas dans leur discours égoïste et aigri.

Cela fait près d’un an que le nouveau pouvoir est en place. Les réformes relatives à la transparence de la vie publique, à l’école, aux universités, au travail, au chômage, à la formation professionnelle vont globalement dans le bon sens même si certains aspects en étaient à mon sens perfectibles ou auraient pu être traités différemment (voir précédents articles sur ce blog). J’attends avec intérêt celles qui porteront sur les déserts médicaux, l’hôpital public, les conditions carcérales et le mille-feuille territorial.

Le transfert de charges sociales des salaires vers la CSG a été évoqué depuis des années et faisait quasi-consensus, alors attendons quelques mois et les effets de la suppression ciblée de la taxe d’habitation pour hurler au martyr des retraités. Fillon et Sarkozy avaient fait bien pire en supprimant la demi-part fiscale des veuves et veufs, sans parler de la Lybie, de Tarnac ou de bien d’autres scandales.

La SNCF et la RATP peuvent, doivent changer (comme l’ont fait Air France ou d’autres en leur temps) à condition que les carences décennales d’investissements soient compensées et que le service public soit maintenu sur tout le territoire. Nos institutions doivent également évoluer afin que le parlement soit en mesure de jouer pleinement son rôle. Le projet de loi PACTE sur l’entreprise (prise en compte dans son objet des impacts sociaux et environnementaux, entreprises à mission, participation accrue des salariés aux conseils d’administration) augure d’avancées majeures même si leur portée initiale sera d’ordre symbolique.

Le ministre de l’économie, libéral autoproclamé et assumé, a pris la mesure des enjeux industriels européens. Qu’il s’agisse des travailleurs détachés, de la taxation des GAFA ou des distorsions de concurrence imputables au protectionnisme des Américains et des Chinois, son action se traduit par un discours quasi keynésien, par des intentions, des orientations et des actes qu’un de ses prédécesseurs à marinière n’aurait pas renié. Et enfin, évoquer la notion de régulation au niveau communautaire, dans la perspective des élections européennes de 2019, n’est plus un gros mot.

Ce gouvernement s’attaque à tous ces désordres que nous n’avons cessés de déplorer depuis 15/20 ans, sur lesquels Chirac n’a rien fait, Sarkozy n’a gesticulé qu’en en vulgarité ou en trompe l’oeil, et Hollande a gâché le mandat que nous lui avions confié.

Et en même temps, le Président et son gouvernement nous déconcertent parfois :

  • Pourquoi jouer la provocation par des déclarations à l’emporte-pièce ou en recourant à nouveau aux ordonnances en 2018 ?
  • Pourquoi ternir l’image d’hospitalité de notre nation par la manière dont est menée la réforme du droit d’asile et d’accueil de populations opprimées ?
  • Pourquoi avoir octroyé ce cadeau fiscal aux plus aisés en réformant ainsi l’ISF et la fiscalité des revenus du capital ? Il en résulte un manque à gagner de 5 MM€ par an alors que la SNCF en a besoin de 3 pour se remette à niveau. Le prétexte en était de faciliter l’investissement dans les PME, louable intention. Il suffisait pour cela de relever le plafond de l’ISF/PME et de rationaliser certaines aides, ou bien de s’attaquer courageusement la grande réforme fiscale inspirée par Thomas Piketty et promise par François Hollande.

Dans le même temps, les oppositions populistes rivalisent d’outrance et de démagogie, et les modérées tentent péniblement d’exister en contestant plus ou moins mollement des mesures qu’ils avaient promises, qu’ils auraient pu mettre en œuvre ou soutenir ces dix dernières années. Ceux-là doivent admettre qu’ils ont perdu la partie, tel le PSG ou le XV de France versions 2018.

Que vient faire un Wauquiez à la tête du parti gaulliste ? Comment les « constructifs » du centre-droit peuvent-ils exister ? Que peut faire un Olivier Faure, pro-Macron en 2017, à la tête d’un Parti Socialiste crépusculaire, coincé sur sa droite comme sur sa gauche ? Comment Benoit Hamon et son mouvement Génération.s peuvent ils contribuer utilement, autrement que par une réponse utopique au souvenir nostalgique d’une époque révolue ?

Il m’attriste d’écrire ces lignes, pour avoir côtoyé dans un passé récent certains d’entre eux, que je respecte et admire profondément, et dont je regrette que le destin ne leur ait pas été plus favorable. Ce changement de vie sera difficile et je compatis au deuil qu’ils vont devoir surmonter. Il est temps pour eux de tourner la page, de renoncer à leur existence médiatique, d’aller ou de revenir travailler dans la société civile, tout en maintenant s’ils le désirent leurs engagements associatifs et locaux, et de laisser la place aux jeunes générations, en vue d’un jour, inéluctable, où la roue aura tourné et où celles-ci pourront à nouveau prétendre au pouvoir.

A mon modeste niveau de patron de TPE, je veux bien en embaucher un ou deux et porter gracieusement assistance à d’autres dans leur reconversion.

Surdose d’ordonnances, accueil des migrants, affaiblissement de l’ISF : 3 boulets irritants dont le pouvoir Macron aurait pu se dispenser, et qui ternissent son premier bilan. Attendons quelques semaines, maintenons une pression calme et déterminée, gardons l’espoir qu’il saura rectifier la trajectoire.

Et prenons soin des anciens camarades.

Conseil Municipal du 1er février 2018 – Question Orale

Ville de Boulogne-Billancourt – Conseil Municipal du 1er février 2018

 

Question Orale posée par M. Vincent Guibert

Conseiller Municipal du Groupe « La Ville Citoyenne »

 

Monsieur le Maire, chers collègues,

Notre ville compte de l’ordre de 6500 demandeurs d’emploi, inscrits à Pôle Emploi en catégories A ou B, à savoir ne travaillant pas ou bien travaillant à temps très partiel. Parmi eux, environ 40 % sont privés d’emploi emploi depuis plus d’un an, soit de l’ordre de 2500 personnes. S’y ajoutent celles et ceux, sans doute aussi nombreux, qui ont renoncé à retrouver une activité professionnelle et qui donc ne sont pas comptabilisés pas dans les statistiques.

Le projet « Territoire Zéro Chômage Longue durée » (TZCLD, en abrégé TZ) a pour ambition d’éradiquer ce fléau et ainsi de permettre à tout chômeur qui le souhaite de reprendre une vie sociale digne et normale via un retour à l’emploi. Une expérimentation est en cours depuis janvier 2017 sur 10 territoires habilités par la loi n° 2016-231, du 29 février 2016 (dont le rapporteur était Laurent Grandguillaume, à l’époque député de la Côte d’Or). Les territoires visés par la loi ont été autorisés à créer des « Entreprises à But d’Emploi (EBE) » ayant pour vocation d’embaucher l’exhaustivité des chômeurs longue durée du territoire. La loi a créé un fonds d’expérimentation (co-présidé par Louis Gallois et Michel de Virville) dont l’objet est de subventionner une partie du démarrage de l’activité des EBE, par dérogation exceptionnelle aux lois françaises ou européennes relatives à la concurrence. En un an, 800 chômeurs de longue durée ont ainsi retrouvé un emploi en CDI. Les media en font d’ailleurs de plus en plus largement écho, comme l’ont montré les reportages diffusés ces jours-ci suite aux journées portes ouvertes du 25 janvier dernier.

Une deuxième loi est en préparation pour l’année 2019. Cette loi habilitera une nouvelle série de plusieurs dizaines de territoires d’expérimentation ou généralisera le dispositif. A terme, le fonds serait remplacé par l’affectation directe au soutien financier des EBE de sommes actuellement allouées à l’indemnisation du chômage. A titre personnel, j’y vois une option bien plus valorisante et bien plus efficace que celle consistant à mettre en place un revenu universel inconditionnel.

Depuis plusieurs mois Monsieur le Maire, j’ai tenté d’attirer votre attention sur le projet TZCLD en vue pour notre ville de se porter candidate dans le cadre de cette deuxième expérimentation :

  • Je vous en ai parlé lorsque nous nous sommes croisés en septembre lors du forum des associations, et vous ai remis le dépliant présentant le projet. Nous sommes alors convenus d’un rendez-vous de principe pour approfondir le sujet.
  • De septembre à novembre, deux courriels et deux appels téléphoniques à votre cabinet m’ont indiqué que le rendez-vous allait se tenir incessamment ; je n’ai pas insisté davantage, par courtoisie d’une part, mais aussi en raison du deuil qui a frappé nos services à cette même période et qui justifiait tout à fait un certain report de ce rendez-vous.
  • Nous en avons reparlé de façon informelle en marge de la réunion des commissions précédent le conseil municipal du 28 septembre dernier, puis à nouveau en fin de conseil municipal le 7 décembre dernier. Avant les commissions du 4 décembre, un membre de votre cabinet m’a confirmé que le rendez-vous aurait bien lieu. Tout cela est resté sans suite.
  • Entre temps, et je l’en remercie, Madame Marie-Laure Godin, Maire adjointe aux Ressources humaines, à la Vie associative et à la Politique de la Ville, également 4e Vice-présidente du Conseil départemental des Hauts-de-Seine (en charge des Affaires sociales, solidarités et insertion), avait bien voulu me recevoir. Elle a manifesté un intérêt certain pour ce projet, en m’indiquant que localement une décision d’engagement relèverait du territoire, territoire GPSO, faut-il le rappeler, dont vous êtes Président, Monsieur le Maire. Au niveau départemental, dont vous êtes également Vice-Président, la situation est incertaine tant que les réformes relatives à la Métropole du Grand Paris et à a disparition éventuelle des départements ne sont pas finalisées, ce que nous comprenons tout à fait.
  • Le projet a été présenté succinctement le 12 décembre lors de la conférence organisée par l’association InVivo dont le thème était « Le travail à l’ère numérique : progrès ou régression ? » et lors de laquelle Laurent Grandguillaume, président de l’association TZCLD était notre invité.
  • La question a été abordée en commission territoriale « Développement économique, politique de la ville » le 13 décembre dernier, à l’initiative d’un représentant de votre majorité municipale, et je l’en remercie. La suggestion a été formulée, de proposer que le projet TZ soit présent au prochain forum emploi organisé par notre ville sous l’égide de Seine Ouest Entreprise et Emploi, agence de développement économique du territoire GPSO dont les compétences et l’efficacités sont, à juste titre, reconnues. Relevant semble-t-il de votre arbitrage et relayée à vos services, cette demande est restée à ce jour sans effet.
  • Enfin Monsieur le Maire, je vous ai laissé un message téléphonique le mercredi 24 janvier dernier, vous demandant de me rappeler ou de me recevoir afin d’évoquer ce projet et sa présence éventuelle au Forum de l’emploi du 15 février. Il n’en a rien été.
  • Je tiens à préciser que cette démarche a le support entier de l’association nationale et qu’il n’en coutera rien d’autre à la ville que de mettre une table et deux chaises à notre disposition dans l’Espace Bernard Palissy où se tient cette manifestation, et d’indiquer dans la mesure de ce qui est encore possible à deux semaines de l’évènement, que l’association TZCLD y participe.

 

Dernière précision : plusieurs parlementaires des Hauts-de-Seine et de multiples associations ou institutions locales œuvrant dans le domaine de la réinsertion sont informés de notre démarche, m’ont affirmé leur soutien et sont disposés à nous aider dans sa mise en œuvre.

D’où ma question Monsieur le Maire : Quelle attention accordez-vous aux milliers de chômeurs de longue durée, mais aussi ceux de plus courte durée, jeunes comme seniors, qui résident à Boulogne-Billancourt ? Comment envisagez-vous apporter un soutien au projet TZCLD ? Etes-vous disposé à envisager une étude préalable à une éventuelle candidature lors de la deuxième expérimentation en 2019 ?

Et plus généralement : est-il permis d’avoir des idées ou de suggérer des initiatives allant dans le sens du bien commun et d’une meilleure qualité de la vie pour nos concitoyens lorsque l’on siège dans votre opposition municipale ?

 

Je vous remercie.

VG


Extrait du PROCES VERBAL DE LA SEANCE DU CONSEIL MUNICIPAL DU 1er FÉVRIER 2018

 Réponse de Monsieur Pierre-Christophe BAGUET, Maire

M. BAGUET : Merci, Monsieur GUIBERT, pour l’amabilité de votre propos. Je vous remercie surtout d’avoir évoqué les très nombreuses occasions d’échanges entre nous. Vous évoquez même notre échange téléphonique sur mon téléphone portable. Or, je ne suis pas certain que tout le monde possède mon numéro. Je prends même cela comme un hommage à ma grande disponibilité vis-à-vis des Boulonnais et de leurs élus. Merci donc d’avoir rappelé tout cela dans le détail.

 

Je ne suis pas certain qu’il soit très convenable de rappeler tous ces éléments dans une séance publique. Ceci dit, c’est votre choix et vous l’assumez. J’aimerais quand même vous dire quelque chose Monsieur GUIBERT. Connaissez-vous la loi n° 2013-907 du 11 octobre 2013, relative à la transparence de la vie publique ? Celle-ci a adopté une obligation générale d’abstention et de déport dans toutes les situations de conflits d’intérêts. Une situation de conflit d’intérêts est constituée dès lors qu’il existe une interférence d’intensité suffisante entre l’intérêt public qu’est chargé de défendre un élu, et des intérêts publics ou privés de nature à influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif de son mandat. Je pose donc la question suivante : Monsieur GUIBERT, est-ce le conseiller municipal qui parle, est-ce le président d’ACDE Conseil, est-ce le membre de l’association RESSEO ou est-ce le militant socialiste ? Je crois, Monsieur GUIBERT, qu’il n’est pas raisonnable de tout mélanger et de tout confondre.

 

Sachez que Monsieur GUIBERT s’est présenté à Seine Ouest Entreprise en tant que conseiller, président d’ACDE Conseil, conseiller de RESSEO et conseiller municipal de Boulogne-Billancourt. Il a d’ailleurs comme partenaire l’association RESSEO sur son blog, dans lequel on retrouve des clients qui renouvellent leur confiance. Or, il s’agit comme par hasard des mêmes associations. L’équipe RESSEO est également présentée et l’on s’aperçoit que Monsieur Vincent GUIBERT dirige la société ACDE Conseil, spécialisée dans l’accompagnement des transformations d’entreprises. Enfin, j’ai également un autre document intitulé « Territoire zéro chômeurs, la Ville citoyenne Boulogne–Billancourt-RESSEO », dans lequel Monsieur GUIBERT est encore cité.

 

De plus, lorsque nous avons échangé ensemble, je vous ai dit qu’il fallait patienter jusqu’à l’année prochaine, car vous étiez arrivés une fois le Forum organisé. En effet, je ne voyais pas pourquoi, au nom de l’équité, les anciennes associations et nos anciens partenaires seraient situés au premier étage de l’espace Bernard Palissy, et pourquoi vous vous installeriez au rez-de-chaussée à coté du bureau d’accueil – c’est-à-dire à la meilleure place –, alors que vous étiez arrivés en dernier.

 

Monsieur GUIBERT, prenez du recul sur ce dossier, et ne nous donnez pas de leçons sur ce que la Ville et GPSO font pour les chômeurs. Ce forum est un véritable succès. Il sera d’ailleurs renouvelé cette année et le sera les années suivantes. Nous l’avons expliqué aux entreprises. Je rappelle également que Seine Ouest Entreprise réalise un travail de fond considérable. Toutes les associations de chômeurs sont les bienvenues, mais je me pose des questions concernant la vôtre, entre votre métier de conseil et votre fonction de conseiller municipal. Bref, je vous invite véritablement à prendre du recul. Merci de votre attention. Je lève cette séance.

 

L’ordre du jour étant épuisé, Monsieur BAGUET lève la séance à 20h50

Meilleurs voeux pour 2018 !

En ce lendemain de fêtes j’adresse à chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos proches, mes vœux les plus sincères de santé, de bonheur et de réussite.

Que souhaiter d’autre en cette nouvelle année ?  Que cessent les désordres qui n’ont que trop duré : la corruption, la cupidité et le populisme qui font des ravages dans le monde entier, des peuples qui en souffrent et cherchent à fuir leur pays, des dirigeants crétins qui jouent à qui aura le plus gros bouton.

Notre pays a connu une année politique inédite en 2017, les partis traditionnellement aux responsabilités depuis 60 ans ayant été balayés par En Marche.

Le Président de la République, son Premier Ministre et son Ministre de l’Economie semblent déterminés à réformer certains aspects du fonctionnement de l’Union Européenne, par de nouvelles règles portant sur les travailleurs détachés ou sur l’importation de produits provenant de pays à moindre exigence sociale, fiscale ou environnementale. En d’autre temps, nous parlions d’un « protectionnisme européen raisonné »…

A l’heure où se profile une nouvelle loi « entreprise », il serait question, selon des propos tenus par le Premier Ministre en décembre dernier, de « faire évoluer l’objet social des entreprises, qui ne peut plus être le simple profit, sans considération aucune pour les hommes et les femmes qui y travaillent, sans regard sur les dégâts environnementaux ».

Il est également à l’ordre du jour de simplifier le « millefeuille territorial » pour lequel chacun s’accorde à reconnaître que certains des 5 échelons (commune, territoire, département, métropole, région) pourraient être fusionnés ou supprimés.

On ne peut que s’en féliciter et souhaiter que de telles réformes voient rapidement le jour.

Et en même temps, il y a tout lieu d’être inquiet et de demeurer vigilant à l’écoute de certaines déclarations à l’emporte-pièce ou à l’examen de certaines mesures au bien-fondé économique discutable et à l’impact social incertain. La barémisation des indemnités pour licenciement abusif semble avoir pour effet une recrudescence des licenciements prétendus « pour faute grave », et la suppression des trois-quarts de l’ISF, au-delà du message idéologique qu’elle véhicule, va indirectement pénaliser le financement des jeunes entreprises par la réduction de fait de l’ISF-PME. Et tout parlementaire a toujours la possibilité d’octroyer un emploi fictif à quiconque n’est pas de sa famille.

Certaines autres réformes (transferts de financement par accroissement de la CSG, fusion des Instances Représentatives du Personnel, assouplissement du dialogue social) étaient proposées ces dix dernières années par le Parti Socialiste ou par l’UMP/LR. Ils n’ont pas été capables de les réaliser lorsqu’ils en avaient la possibilité et aujourd’hui ils les critiquent. Cette attitude d’opposition est sans doute leur seule façon d’exister mais je ne peux m’y reconnaître et encore moins la soutenir.

Dans ce contexte, quel sens et quelle forme donner à une action politique ?

Dans notre ville seuls semblent compter les ratios et les rivalités. Pourtant, des projets tels que l’accueil des migrants, la construction de zones piétonnes et de pistes cyclables, la résorption du chômage de masse (par exemple via « Territoires Zéro Chômage Longue Durée www.tzcld.org » ) devraient naturellement mobiliser l’ensemble des acteurs politiques locaux et des citoyens. A nous d’y œuvrer ensemble tout au long de cette année.

A très bientôt !

Vincent

2012-2017 : Le grand gâchis

Ce livre est une narration du quinquennat de François Hollande, tel que vécu par un militant socialiste issu de la société civile. Cinq années, quinze en comptant celles qui ont précédé 2012, de soutien, de réflexion, d’actions, de déceptions, de frustrations, et de quelques satisfactions.

Citoyen de base devenu militant puis élu local, j’ai consacré, comme tous mes camarades, un temps et une énergie considérables à assister à de nombreuses réunions, à écrire des multiples contributions et à faire campagne sur le terrain, en soutien d’un projet qui avait porté François Hollande, le Parti Socialiste et la gauche aux responsabilités en 2012. En retour de ces soirées et de ces week-end pris sur le temps familial et sur les loisirs, nous étions en droit d’attendre que le pouvoir en place applique le projet pour lequel il avait été élu ou qu’il explique les raisons pour lesquelles il s’en écartait. Il n’en a rien été, ou très peu. Aussi m’a-t-il paru légitime de mettre en forme et de partager ce que j’ai pu modestement constater et comprendre de l’action gouvernementale ces cinq dernières années.

A aucun moment je n’ai regretté mes choix : ni celui d’avoir fait campagne pour Arnaud Montebourg lors des primaires de 2011 puis lors de celles de 2017, ni d’avoir soutenu François Hollande et d’avoir voté pour lui en 2012. Je n’ai pas non plus regretté ni d’être resté fidèle à mes convictions et aux propositions sur lesquelles François Hollande l’avait emporté, ni d’avoir fait campagne pour Benoit Hamon. Je n’aurai pas à regretter non plus d’avoir opté pour la démocratie le 7 mai dernier en votant pour Emmanuel Macron…

Disponible en version brochée sur papier (116 pages – 10€ ) :  

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Dimanche prochain, #QuelquesPas…

Conseiller municipal de Boulogne-Billancourt, j’ai l’honneur de faire partie des grands électeurs qui voteront dimanche 24 septembre lors des élections sénatoriales. J’ai quitté le Parti Socialiste en juin dernier et ai depuis repris toute liberté de vote.

Je n’en reste pas moins fidèle aux valeurs de justice sociale et d’émancipation humaine sur lesquelles j’ai depuis toujours fondé mes engagements. Chef d’entreprise, j’accepte les principes d’une concurrence réellement libre, non faussée, régulée, et je revendique une certaine liberté sans pour autant défendre ni le libéralisme échevelé ni le laisser-faire économique.

Comme en 2012, le début de ce quinquennat est émaillé de réformes volontaristes, mais aussi de couacs, d’atermoiements et de traces d’amateurisme amplement relayés par les media.

J’observe attentivement les actions engagées depuis juin dernier par le Président et le nouveau gouvernement. Dans l’ensemble l’analyse de la situation et des facteurs de blocages de notre société est pertinente. Toutefois, quelques postures inquiétantes et quelques orientations idéologiques exigent une attention et un recadrage immédiats.

 

1 – Certaines déclarations du Président

Ses dernières sorties sur « les feignants » pour n’en citer qu’une, sont inutiles et contre-productives. Elles nuisent non seulement à sa popularité mais surtout à la crédibilité à l’efficacité des actions entreprises. Qui plus est, ces déclarations sont émises lors de voyages officiels à l’étranger. Autant j’ai approuvé le discours prononcé en Pologne sur l’Europe et les travailleurs détachés, autant j’ai désapprouvé celles sur les réformes. Le Président le sait pour avoir été dans le système et à Bercy suffisamment longtemps : ce sont certains hauts-fonctionnaires, lobbies et syndicats qui constituent des obstacles aux réformes, pas « le peuple ». Ce genre de déclaration doit cesser.

 

2 – Les premières réformes  : « moralisation de la vie publique » et « travail – dialogue social »

Sur la moralisation : l’interdiction d’employer un proche est une mauvaise réponse à un vrai problème. Le problème étant le caractère fictif des emplois, et non leur côté familial.

Sur la loi travail : Dans l’ensemble, le contenu des ordonnances est de nature faciliter la vie des entrepreneurs, en particulier en TPE/PME, plus qu’elle ne va faciliter l’embauche. La création d’emploi n’est pas liée à une prétendue facilité à licencier. Elle est avant tout dépendante du carnet de commande et de la capacité à trouver les bonnes compétences. La prééminence qui semble demeurer pour les branches va dans le bon sens, en revanche la barémisation des dommages et intérêts pour licenciement abusif est une mesure largement idéologique, qui absout et encourage une absence de management réel des salariés.

 

3 – Les dotations aux collectivités territoriales et les contrats aidés

Des mesures ont été prises brutalement et provoquent un tollé au sein des collectivités locales. A l’approche des élections sénatoriales on aurait pu être plus subtil. La baisse des dotations fournit du petit lait aux maires clientélistes qui ne manquent pas une occasion de fustiger ces baisses, tout en se lamentant dans les media de la trop forte part des dépenses publiques dans le PIB. La posture trop libérale de Bercy doit être rééquilibrée au profit d’un renfort de l’Etat stratège et d’un soutien aux investissements productifs, en commençant par un recours massif à la commande publique pour soutenir l’innovation et le « Produire en France » ainsi que l’activité des TPE/PME locales.

 

4 – La tenue du groupe parlementaire

Les media se sont repus durant juillet des atermoiements ou des flottements affichés par certains députés nouvellement élus et laissés à leur sort par un président de groupe étrangement absent. Tout cela est dorénavant passé et n’est pas si grave à condition que ces dérives soient rapidement recadrées. En revanche, députés tabasseurs, grandes gueules, filous ou magouilleurs n’ont rien à faire au parlement et des dispositions doivent être prises pour les en écarter rapidement, même si ce n’est pas juridiquement aisé.

 

Il me parait toutefois essentiel, pour le bien de notre pays et de ses habitants, que le social-libéral soit autant social que libéral, que les réformes engagées le soient de façon concertée, raisonnée, et en fin de compte aboutissent. La meilleure façon d’y parvenir après trente ou quarante ans de crise pourrait être de donner les moyens à cette majorité, ce gouvernement et ce Président de réussir. Laissons-leur cette chance, au moins pour quelque temps.

André Gattolin, sénateur sortant, est un homme compétent, intègre et sincèrement de gauche. Parmi ses colistiers et ses soutiens figurent des élus socialistes unanimement reconnus et appréciés. Des engagements clairs sur de nécessaires réformes (statut de l’élu local, simplification du « millefeuille administratif »), une volonté de soutien au développement des PME ainsi qu’à Economie Sociale et Solidaire animent cette liste aux origines politiques diverses.

Au-delà de la réforme, discutable, de l’ISF, des choix seront arrêtés lors du projet de loi de finances 2018 et des réformes sont annoncées pour le printemps prochain en complément de la Loi Travail. Ces mesures seront déterminantes pour l’avenir de notre économie productive et devront moderniser notre modèle social sans l’abîmer.

Aussi, après mûre réflexion, malgré les réserves exprimées plus haut, et sans pour autant me mettre « En Marche », je voterai Dimanche prochain pour la liste menée par André Gattolin . Ce vote est un encouragement aux transformations de la vie économique, sociale et politique de notre pays, et en même temps, il est un appel à ce que ces réformes soient réfléchies, concertées, mesurées, et à ce que les erreurs récentes du début de ce quinquennat ne se reproduisent pas.

J’ai toute confiance en la capacité d’André Gattolin et de ses colistiers à contribuer à ces changements et à leur régulation dans le respect de nos valeurs communes.

#LoiTravail : halte aux postures, place à la réflexion !

Le Président nouvellement élu avait annoncé durant sa campagne électorale qu’il réaliserait la réforme du droit du travail en procédant par ordonnances.

Certains au Parti Socialiste, que j’ai quitté en juin dernier pour en avoir été considéré comme démissionnaire, s’opposent aujourd’hui en bloc à cette réforme, sur le fond comme sur la méthode employée.

Cela appelle plusieurs commentaires.

Le recours aux ordonnances.

Nous avons passé une bonne moitié du quinquennat Hollande à nous plaindre du fait que le Président, sa majorité et ses gouvernements successifs s’éloignaient du programme sur lequel ils avaient été élus. Nous sommes devenus frondeurs et sommes depuis accusés des pires maux, dont celui de la responsabilité des défaites du printemps dernier. D’une façon générale, nous ne perdons pas une occasion de fustiger « les politiques » qui tournent le dos à leurs promesses.

En 1981/82 lorsque François Mitterrand et Pierre Mauroy ont mis en place, par ordonnances, les 39 heures, la 5° semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, le remboursement de l’IVG et quelques autres des 110 promesses, je n’ai pas souvenir que nous ayons protesté ou hurlé au déni de démocratie.

On a reproché au Président sortant de n’avoir pas appliqué ses promesses, on ne peut en vouloir au nouveau de chercher à mettre en œuvre les siennes rapidement.

Le fond de la réforme.

Certains points de cette réforme sont négatifs et discutables : la barémisation des dommages et intérêts pour licenciement abusif, mesure idéologique et démagogique, en est l’exemple le plus emblématique. Je m’en suis déjà expliqué ici .

Les inquiétudes que nous pouvions ressentir sur l’inversion de la hiérarchie des normes pourraient s’estomper. Certaines conventions collectives sont assez rigides aussi, vu du patron d’une TPE de 10 personnes que je suis, pouvoir organiser entre nous le temps de travail, les temps partiels ou autres n’est pas forcément une mauvaise chose. Attendons d’en savoir plus sur les décrets d’application pour nous prononcer.

Un autre point mobilise les manifestants : la fusion du CE (Comité d’Entreprise), du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) et des DP (Délégués du Personnel) en une instance unique (Conseil Social et Economique). Euh…, chers camarades, en 2015, la loi Rebsamen sur le dialogue social a autorisé cette fusion en une seule « Délégation Unique du Personnel » dans les entreprises de moins de 300 salariés, et cela n’a ému personne. Cette même année puis de nouveau en 2016, la Commission Nationale Entreprise et son groupe TPE/PME dont j’étais le secrétaire, a publié deux séries de propositions visant à généraliser cette disposition, le tout étant approuvé en Secrétariat National. A ces réunions étaient présents certains, dont je tairai les noms par charité, à l’époque pro-Valls, pro-ElKhomri voire pro-Macron, et qui aujourd’hui se répandent en trémolos dans les media sur la disparition du CHSCT.

Halte aux postures de circonstance !

Cette séquence électorale laisse le PS dans un état comparable à Saint-Martin au lendemain du cyclone Irma. Je compatis avec le désarroi de mes ex-camarades de parti qui doivent retrouver une raison d’exister et ne peuvent qu’adopter une posture contradictoire avec celle affichée il y a encore quelques mois. Mais ce n’est pas ainsi, en faisant du sous-Mélenchon, que vous y parviendrez.

Prenez le temps de la réflexion, venez visiter des entreprises, leurs salariés, leurs cadres et leurs patrons, mettons la pression sur le MEDEF et la CPME pour que leurs adhérents embauchent maintenant que les « freins sont levés », mettons la pression sur le gouvernement pour moins d’austérité et plus de relance par l’investissement productif. Et nous reparlerons de tout cela.

 

 

J’ai quitté le @partisocialiste

Lors des dernières élections législatives dans la 9° circonscription des Hauts-de-Seine, la direction nationale du Parti Socialiste a imposé une candidature « Union des Ecologistes » au mépris des militants locaux. Ayant de ce fait soutenu le candidat Nouvelle Donne, je tombe sous le coup de la circulaire édictée par l’ex-Premier Secrétaire le 30 mai dernier, et suis considéré comme démissionnaire du Parti Socialiste. Je prends donc à la lettre son ukase et confirme ma démission, après 15 ans de militantisme, de NPS et autres tentatives de rénovation qui, si elles ont donné l’illusion de réussir en 2012, n’ont su se pérenniser.

La direction nationale mais aussi les directions fédérales du PS ont fait preuve sous le quinquennat Hollande d’une incapacité persistante à écouter les Français et à maitriser la situation : un Président et un gouvernement qui s’écartent ouvertement du programme convenu, sans effet notoire sur le chômage et sur l’économie, des concitoyens qui nous en veulent et qui finissent par nous tourner le dos. Et ce malgré de multiples alertes dès 2013 puis à la suite des sévères défaites électorales de 2014 et 2015. Bon nombre de militants ont fui vers Mélenchon ou vers Macron. Les électeurs n’ont eu que faire de nos débats internes et n’ont pas fait de différence entre frondeurs et légitimistes, bref, nous avons tous a été balayés par la vague… Je m’en suis largement expliqué dans des articles précédents.

En ce début d’été, le Parti Socialiste n’a plus d’espace politique, plus de crédibilité, plus d’attractivité et quasiment plus d’existence.

Alors maintenant, chacun veut rénover, réinventer et reconstruire « ensemble », mais de son côté : les ex-Projet France de Montebourg, le 1er juillet de Benoit Hamon, Hidalgo/NVB/Taubira et même Gérard Filoche, chacun y va de sa nouvelle gauche, de sa gauche nouvelle, de son socialisme réinventé etc. Sans parler du Mouvement Commun, de Movida et d’autres que j’oublie. C’est à la fois enthousiasmant, rassurant mais également inquiétant, porteur de risques d’éparpillement et d’inefficacité. On eut préféré que ces ex-leaders, ex-ministres ou ex-candidats aux primaires qui n’ont renié ni leur parole ni leurs valeurs de gauche, qui n’ont pas basculé En Marche et qui au fond partagent les mêmes convictions se rassemblent, mettent de côté leurs ego, assument conjointement la débâcle et proposent à ce qu’il reste de leurs militants une vision claire et cohérente d’une social-démocratie moderne ne cédant pas aux mirages du libéralisme économique. Peut-être y parviendront-ils. Je leur souhaite ainsi qu’à mes camarades militants bonne chance, ils ont tout mon respect et toute mon admiration pour leur courage, leur énergie et leur motivation !

 

Mais en ce qui me concerne, au-delà de mes engagements locaux, je ne sais si, comment et où je continuerai à militer. L’été sera propice au recul et à la réflexion.

 

Bonnes vacances !

Conseil municipal du 30 juin 2017 – Question orale portant sur l’air respirable.

Monsieur le Maire, chers collègues,

 

On compte en France 4 millions d’asthmatiques et 4 millions de personnes souffrant d’insuffisance respiratoire. Les maladies respiratoires sont la cause de 48 000 décès en France chaque année, 15 fois plus que les accidents de voiture.

La semaine dernière encore avec la période de canicule, nous avons connu en Ile de France plusieurs pics de pollution.

La loi sur l’air, datant de 1996, reconnaît à chacun le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. Elle vise à rationaliser l’utilisation de l’énergie et à définir une politique publique intégrant l’air en matière de développement urbain. Cette loi rend obligatoire la surveillance de la qualité de l’air, la définition d’objectifs de qualité et l’information du public.

A tous les niveaux des dispositifs de prévention se mettent en place : circulation alternée ou différentiée, plan canicule, « plan ville respirable en 5 ans ». Ces mesures sont certes nécessaires, mais clairement insuffisantes. En effet, elles visent à atténuer les effets des pics plutôt que d’en résoudre les causes, ou bien leurs bénéfices ne deviendront tangibles qu’à long terme.

Pourtant, cette question requiert une attention immédiate et des actions à plus court terme peuvent être envisagées, nous allons en citer deux :

  • En premier, l’électrification du SUBB. La Ville, via la SPL Val de Seine aménagement, a conclu un partenariat avec le groupe Bolloré pour le rachat de la partie centrale de l’Ile Seguin. Le groupe Bolloré est un des leaders du transport par véhicule électrique, via la fabrication de la BlueCar / Autolib et celle des navettes électriques Bluebus, qui desservent la fondation Vuitton. Une opportunité de partenariat s’offre à nous : la ville peut décarbonner les véhicules du SUBB en les remplaçant par des Bluebus, tout en maintenant leur gratuité.
  • En second, un repérage local de la pollution atmosphérique : Nos concitoyens piétons et cyclistes ont tout intérêt à connaitre les parcours et les lieux les plus pollués afin de les éviter. Pour cela il est nécessaire d’élaborer une carte des zones les plus polluées de notre ville. Cette cartographie pourrait être réalisée à l’aide de capteurs simplifiés accessibles pour un cout unitaire d’environ 1000 €, soit cent fois moins qu’une station Airparif. Ces capteurs permettent de mener des campagnes de mesure très localisées. Ils peuvent être déployés en collaboration avec les habitants des quartiers concernés et avec des partenaires tels que l’association Respire.

 

Notre question Monsieur le Maire : Bluebus, capteurs, quelles mesures la ville pourrait-elle prendre à court terme pour permettre aux Boulonnaises et aux Boulonnais de bénéficier d’un air respirable ?

Je vous remercie.

 

Réponse :

En substance, Monsieur le Maire note la pertinence de nos propositions et indique que leur réalisation dépend :

1/ Pour les Bluebus, du STIF (Syndicat des transports d’Ile de France), qui a toutefois délégué au Territoire GPSO son Autorité d’Organisation des Transports. Le coût du remplacement d’un SUBB diésel par un Bluebus a été évalué, il est de 220 000€. Rappelons, s’il en était besoin, que le Maire de Boulogne-Billancourt est également Président du Territoire GPSO, et qu’il venait d’annoncer durant le conseil municipal un exercice 2016 bénéficiaire de plus de 10 Millions d’Euros.

2/Pour les capteurs, de la Métropole du Grand Paris, opérateur d’Airparif. Sur ce point nous n’avons sans doute pas été suffisamment explicites dans la formulation de notre question. En effet les capteurs évoqués ne dépendent en rien d’Airparif.

Nous y reviendrons.

Inversion de la hiérarchie des normes : un danger pour les TPE-PME

L’un des points clés de la réforme du droit du travail est ce que l’on dénomme communément « inversion de la hiérarchie des normes ». Cela signifie que l’accord d’entreprise l’emporterait sur la convention collective ou l’accord de branche dans de nombreux domaines : organisation du travail, horaires, voire rémunérations et conditions de licenciement.

Il est très difficile d’y voir clair tant certains thuriféraires de cette réforme, autant que certains jusqu’au bout-istes prétendument insoumis nous prédisent le pire si la situation reste en l’état ou si cette réforme voit le jour. A noter que vraisemblablement, très peu d’entre eux n’ont durablement travaillé dans une entreprise privée.

Certains grands groupes multinationaux sont, de par leur volume d’affaire et leurs effectifs, bien plus importants que certaines branches. Et ils disposent en leurs sein des compétences juridiques et d’Institutions Représentatives du Personnel permettant au dialogue social d’y exister efficacement. Aussi n’est-il pas incongru de leur laisser une certaine marge de manœuvre en la matière, tant que le principe l’égalité de notre constitution n’est pas bafoué.

L’hypothèse s’une primauté donnée à l’accord d’entreprise en TPE/PME appelle en revanche trois commentaires :

  1. En premier, un problème de faisabilité : un parton de TPE/PME est très opérationnel au quotidien, il est au contact permanent de ses collaborateurs, il a d’autres priorités que de s’embarquer dans une négociation sociale spécifique. De plus, il n’en a pas toujours les compétences en matière juridique et s’il doit s’entourer d’avocats pour entreprendre de telles négociations, cela va représenter un coût non négligeable. Risque de s’en suivre des pertes de temps pour des résultats susceptibles d’exposer négativement l’entreprise.
  2. En deuxième, une telle inversion entrainerait en TPE/PME un certain déséquilibre du rapport de forces entre le patronat et les employés, avec les craintes ou les risques de pression et de chantage que l’on imagine, et les risques délétères en matière de qualité de vie professionnelle et de burnout. Ce ne serait bon ni pour le moral, ni pour les performances.
  3. En troisième cette disposition entraînerait nécessairement à terme des disparités sociales d’une entreprise à l’autre, distordant la concurrence et créant le contexte pour des pressions des donneurs d’ordres à plus de dumping social.

A noter enfin qu’une récente étude de l’INSEE a montré que le code du travail n’est pas le principal « frein à l’embauche ». « Les embauches sont freinées par l’incertitude sur la situation économique (barrière citée par 28% des entreprises), la difficulté à trouver de la main d’oeuvre compétente (27% des entreprises), un coût de l’emploi jugé trop élevé (23% des entreprises) et par la réglementation du marché de l’emploi (18% des entreprises) », indiquent les auteurs de la note.

Donc attention, danger, halte au dogmatisme, place au pragmatisme !

Il convient pour autant de permettre aux normes sociales d’évoluer intelligemment :

  • Par une gouvernance offrant plus de place à l’actionnariat salarié et à la participation des salariés au sein des instances CA, Conseil de Surveillance, Conseil de rémunérations…
  • Par une rationalisation et un regroupement des seuils sociaux, en en réduisant le nombre et en dédramatisant les effets de franchissement ;
  • Par une possibilité de recours raisonnable au forfait jours favorisant l’autonomie des salariés tout en protégeant leur charge de travail ;
  • Par un renforcement du pilotage managérial intégrant des conditions préalables non abusives d’éventuel licenciement.

Interdiction d’employer un proche comme assistant parlementaire : une réponse démagogique et inefficace à des abus inadmissibles.

Ces derniers temps, le grand public a découvert avec stupeur que certains parlementaires avaient employé leur épouse ou leurs enfants entant qu’assistants, et que certains de ces emplois seraient fictifs.

On a aussi découvert que d’autres parlementaires employaient ou avaient employé en tant qu’assistants des individus exerçant en fait des fonctions de permanent au sein de leur parti politique. Deuxième série de soupçons d’emplois fictifs.

 

Quel est le point commun entre ces deux abus ? la parentalité ou la non-réalité, la fiction de l’emploi ?

Pour éviter ces abus, que veulent proposer le ministre de la justice et le nouveau président ? Interdire l’emploi de proches (conjoint, concubin, enfant…) comme assistants parlementaires.

Réponse spectaculaire et démagogique, autant qu’injuste, potentiellement contournable et inefficace. Pourquoi ne pas carrément imposer le célibat aux parlementaires et leur interdire de procréer ou de prendre amants/maîtresses ? Ainsi, plus de risque de conflit de nature familiale.

Soyons sérieux. Ces abus proviennent depuis des décennies d’une situation de laxisme, de gabegie et d’incompétence que seul l’État peut s’autoriser, et qu’on ne rencontrerait jamais en entreprise.

La vie de parlementaire est exigeante et très exposée, nul ne le conteste. Un député ou un sénateur partage son temps entre les palais parisiens et sa circonscription / son département (qui souvent inclut la ville dont il est maire, mais dorénavant cela est terminé avec la fin du cumul des mandats). Lorsqu’il n’est pas élu d’Ile de France, cela signifie qu’il partage sa vie entre Paris et la Province. C’est le cas de nombreux travailleurs du privé mais ce n’est pas pour autant agréable. Donc au final, il est dommage de priver un parlementaire d’une possible collaboration avec son conjoint et d’introduire ainsi une discrimination au recrutement. Est-ce constitutionnel d’ailleurs, en regard des principes d’égalité et de droit au travail ?

Mais le fond du sujet n’est pas là. Parlementaire et assistants sont des travailleurs comme les autres et à ce titre :

  • D’une part ils doivent justifier leurs dépenses en en conservant les justificatifs, comme tout travailleur et tout chef d’entreprise.
  • D’autre part les emplois d’assistants doivent être encadrés, par une convention collective explicitant niveaux de compétences et de rémunérations, par un contrat de travail stipulant missions à remplir, salaire annuel, horaires à respecter etc.

Et enfin comme bon nombre de travailleurs dans les usines, les bureaux d’études, les agences bancaires, les services informatiques etc. l’assistant doit être assujetti à un encadrement du temps de travail. Cela peut se matérialiser par un reporting mensuel via un intranet ou par un système de badge informatisé permettant de tracer les entrées/sorties de l’assistant et d’attester ainsi mois après mois de sa présence, de la réalité du travail accompli et de la quantité d’heures ou de jours qui y a été consacrée. Fin de la fiction.

En résumé, laissons les parlementaires embaucher qui ils veulent comme assistants, mais donnons au système les moyens de tracer la réalité des emplois confiés.