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Les entrepreneurs avec François Hollande

Elles et ils sont chefs d'entreprise, dirigeant(e)s, on les classerait plutôt « à droite », et pourtant ils sont de plus en plus nombreux à soutenir François Hollande.

 

Leurs valeurs ? L'économie de marché, la saine concurrence et la performance économique, mais aussi et surtout la justice sociale, l'équité dans le management et dans la redistribution des richesses créées, l'économie coopérative et solidaire, la confiance dans l'être humain et dans l'intelligence collective.

 

Leurs activités ont immanquablement souffert de la crise économique depuis 2008 mais ils ont tenu et gardé espoir. Car cette crise est avant tout celle d’un système néolibéral qui pendant des années s’est bercé d’illusions, a laissé les actionnaires des grandes entreprises s'enrichir au détriment des salariés et des sous-traitants, a regardé les banques spéculer au lieu de financer l'économie réelle.

 

Le laxisme ou la complicité des dirigeants politiques face à ces dérives ne doit en rien décourager celles et ceux qui pensent que l'action politique a encore un sens. Le décalage entre le discours et les actes ou le laisser-faire de Sarkozy, la concurrence mondiale, la pression permanente à la baisse des prix, le chantage aux bas salaires et aux délocalisations, les subventions et dispositifs fiscaux tels le Crédit Impôt Recherche dont profitent principalement les groupes du CAC 40 : autant de situations qui ne sont plus tolérables et qui doivent nous amener à refuser le statu quo.

 

Le contrôle du système financier, l’innovation et la mutation écologique, la revitalisation de notre industrie, sont des leviers essentiels  pour transformer le monde du commerce et de l’entreprise.

 

Il s'agit pour les entreprises européennes de pouvoir de commercer à armes égales avec leurs concurrents asiatiques, indiens ou américains, et de pouvoir fabriquer à proximité des lieux de consommation de leurs produits. Les orientations permises par le projet de François Hollande en matière de régulation, d'investissement, de fiscalité ou de partage des richesses, transformeront le contexte dans lequel évolueront les entreprises, et redonneront aux dirigeants des marges de man?uvre pour relancer l'économie.

 

15 des 60 engagements de François Hollande concernent directement le monde du travail et de l'entreprise, et sont de nature à permettre à la France de retrouver le chemin de l'emploi et de la croissance. Découvrez les ici et sur www.françoishollande.fr

 

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Chronique de la rupture #86 – Février 2012 : du président-candidat au candidat-président

 

Lors d’un déplacement dans le Tarn le président-pas-encore-candidat en remet une couche sur la prétendue destruction de la politique familiale, et de son ton faussement courroucé il prend l’auditoire à témoin.

« Soixante ans pour faire une politique familiale qui fait l’admiration du monde entier, qui permet aux femmes d’être libres, d’avoir des enfants et une activité professionnelle, pourquoi vouloir le démolir? Pourquoi vouloir casser, vouloir détruire? Par idéologie? Par sectarisme? Pour faire plaisir à qui? A ceux qui n’ont jamais cru à la famille? », 

République irréprochable : Eric Woerth, ancien Ministre du Budget de la « République irréprochable » qu’avait promis Nicolas Sarkozy en 2007, ancien Trésorier de l’UMP, est mis en examen  pour trafic d’influence passif, puis pour recel d’une somme de 150 000 ? en liquide, qui aurait pu servir au financement illicite de la campagne du Président de la République en 2007 selon l’ex-comptable de Liliane Bettencourt.

Vrai-faux suspense autour des parrainages de la candidature MLP, qui s’écrasera au sol quelques jours plus tard en direct face à François Lenglet puis Jean-Luc Mélenchon sur France 2.

Guéant au congrès de l’UNI, en prospecteur de voix FN déclare que « Nous devons protéger notre civilisation ? Contrairement aux socialistes, je pense que toutes les civilisations ne se valent pas ».

Puis vient le jour tant attendu où le Président se déclare candidat, lors du 20h sur TF1. Petite déclaration qui ne soulève aucun enthousiasme, à part chez les perroquets UMP préprogrammés.

Début du festival, de la reconquête, de l’hallali espéreront certains.

Au comble de leur ridicule, Boutin, Morin puis Nihous abandonnent et se rallient au sortant. Sa cote monte de 0,01% dans les sondages.

Sarkozy en élève docile de Merkel fait approuver par le parlement français le MES, Mécanisme Européen de Stabilité budgétaire.

Le candidat-président nous gratifie de déclarations enflammées sur le patriotisme économique. Pendant ce temps Renault localise à Tanger une production concurrente à sa fabrication française, et mène en interne des études sur l’attrition et la « low performance ». On va tout droit vers une situation digne des Ressources Humaines de France Telecom il y quelques années.  Le président-candidat ne dit rien, l’état actionnaire laisse faire : Jamais l’écart entre les paroles et les actes n’a été aussi flagrant.

Le candidat-président se plait à inventer des propos prétendument tenus par son rival François Hollande afin de mieux dénoncer, dans son habituel français impeccable, des mensonges « professés » par le candidat socialiste. J’aurai bien aimé rencontrer son « proféreur » de Français.

Enfin ça, c’est pour les jours pairs parce que les jours impairs, il nous remet un vieux disque usé et prétend que les socialistes n’ont pas d’idée.

Il a mis à genoux l’industrie photovoltaïque Française mais il vient sauver Photowatt en la faisant racheter par EDF.

Il tente une barbouzerie capitaliste avec la complicité de Proglio, PDG d’EDF, visant à propulser ce bon Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia, mais le coup est éventé et l’histoire fait pshiiit !

Il prétend avoir sauvé la raffinerie Petroplus, mais le patron de Shell France Patrick Roméo l’affirme : « Nicolas Sarkozy n’a pas joué de rôle particulier ».

Le candidat-président bafouille en direct lorsqu’on l’interroge à la télévision sur sa soirée du 6 mai 2007 au Fouquet’s : « Si c’était à refaire, je ne referais… ne reviendrais pas dans ce restaurant puisque que ça été vraiment le feuilleton ».

Ce mois de Février se clôt sur 3 faits marquants :

·    Le président-candidat annonce de façon prématurée l’évacuation au Liban d’une journaliste blessée en Syrie, puis se rétracte deux heures plus tard

·    Le candidat promet de rompre avec les actes du président puisque s’il est élu, il mettra fin au non-remplacement d’un professeur sur deux.

Tant qu’à faire, et puisque c’est si important d’être élu, pourquoi ne promettrait-il pas de démissionner dès le lendemain de son élection ?

L’amateurisme cynique s’impose définitivement comme marque culturelle de Sarkozy, qu’il soit Président ou candidat.

Chez Sarkozy, une repentance chasse une promesse, un mensonge chasse l’autre, on peine à suivre. Ainsi il prétend avoir voté à l’Assemblée Nationale l’acte unique européen en 1986. Il ne fut élu député pour la première fois qu’en juin 1988.

Ce qui ne l’empêche pas, lui d’avoir des idées toutes plus originales les unes que les autres. En fait il reprend juste la campagne de 2007 là où il l’avait laissée : referendum, abrogation des retraites chapeau etc. Tout ce qu’il n’a pas fait depuis 5 ans, cela devient son programme.

Il se présente comme le « candidat du peuple ». Mais de quel peuple ? Celui du Fouquet’s, du CAC40, des Familiers de Deauville ou de St Tropez, des lecteurs du Figaro et de Paris Match ?

Dans un peu plus de deux mois, tout cela sera fini, espérons-le. Mais restons concentrés, revoyons le film « La Conquète », relisons les « Chroniques du Règne de Nicolas 1er« de Patrick Rambaud, ou bien encore « OFF », de Domenach et Szafran ou tout simplement : rappelons les promesses de 2007 et comparons-les à ce qui s’est passé dans les « 1699 jours en Sarkozye » [Pub!] qui ont suivis.

 

Chronique de la rupture #48

* pour que ne rien ne soit oublié dans les semaines qui viennent, nous republions régulièrement les premières chroniques, 3 ans après, telles qu’elles furent écrites depuis mai 2007 *

En route donc pour le merveilleux pays de la Sarkozye triomphante, où classe, exemplarité et efficacité se conjuguent au service du « Tout possible ».

 Samedi 7 février

Il a parlé. Devant des journalistes triés sur le volet, bien peignés, transparents ou sur le retour, tous bien élevés…

Ses propos : du vent, du bluff, de l’esbroufe.

Côté pile, une volte face sidérante à l’égard du modèle libéral anglo-saxon tant adulé hier, un discours social démocrate totalement assumé. Cher lecteur, relisez entre autres la motion 5 du congrès PS du Mans, à cette époque où il y existait encore de véritables rénovateurs; à cette époque où on nous traitait, à droite, d’archaïques, d’ânes bâtés qui n’avaient rien compris au monde qui change; à cette époque où l’on nous traitait, dans notre propre parti, de trublions ou de complices de la droite parce que nous osions parler de réguler la mondialisation au lieu de l’interdire par la loi, parce que nous écrivions des propos tels que ceux-ci :


sans commentaire.

 

 

Côté face, une politique inepte qui perdure :

  • Le chômage en hausse, et un encouragement continu à la défiscalisation des heures supplémentaires.
  • Un manque de moyens dans l’éducation, à l’hôpital, et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux afin de financer entre autres la limitation d’impôts des classes les plus aisées.
  • La suppression de la Taxe Professionnelle annoncée pour 2010 (sous évaluée de façon mensongère à 8 Milliards d’euros par an), sans contrepartie demandée aux entreprises, sans financement alternatif pour les collectivités territoriales (histoire de pouvoir mettre les hausses d’impôts locaux sur le dos de la gauche qui gère la majorité des villes, des départements et des régions).
  • Rien sur la régulation des revenus des dirigeants des entreprises soutenues par l’état.
  • Rien pour inciter à court terme les entreprises à préserver voire à créer de l’emploi.
  • Rien sur une plus juste répartition de la Valeur Ajoutée entre Salaires et Profit (rappelons que la part de VA consacrée aux salaires diminue régulièrement et est passé en dix ans de 75% à moins de 65%)
  • Rien dans les faits ou dans les annonces sur une répartition plus équilibrée des profits entre salariés et actionnaires, juste une vague allusion à la règles des trois tiers.
  • Rien, des paroles, du vent, du bluff.


Détail amusant :

Sondage La Pravda, pardon, Le Figaro – Opinionway : 53 % de Français satisfaits des propos du président (des fans de voile sans doute)

Sondage Le Parisien – CSA : 36% de satisfaits



ILLUSIONS ET MENSONGES

Visite du Président au Salon de l’Agriculture

Accueil chaleureux dès les abords du parc des expositions, badauds en liesse tendant leurs mains vers le Président, pas de pov’ con à l’horizon, une bien belle visite en somme. Et pour cause puisque de nombreux reportages, notamment sur Canal +, montrent que ce public ébaubi est composé… de militants UMP dépêchés sur place en Autocar pour l’occasion.

Encore un, pardon, « En Corée, hein ? »  peu et les enfants de écoles auront doit à un jour de congé chaque fois que le Président se déplace…

Nominations à la tête de la Caisse d’Epargne – Banque Populaire

Sarkozy a déclaré que la nomination de l’un de ses proches à la tête de la future grande
banque était approuvée par la commission de déontologie.

Selon Yahoo, Il semble que le président de la République prenne ses rêves pour la réalité. Car la Commission n’a pas été saisie du cas Pérol. Et ne s’est pas réunie pour en discuter. «On n’a jamais évoqué le cas de François Pérol, assure un membre de la Commission interrogé par Libération, puisque notre prochaine réunion est prévue pour le 11 mars».

Communiqué de S Royal suite à visite du candidat Sarkozy chez Alstom

Voici le communiqué que Ségolène Royal a fait à l'occasion de la visite – mise en scène de Nicolas Sarkozy dans sa région, près de La Rochelle. La France qui souffre des promesses non tenues de Nicolas Sarkozy Le candidat Sarkozy s’est rendu à Alstom, là où, tout va bien, notamment grâce aux commandes de trains des Régions. Il devrait retourner là où la France souffre de ses promesses non tenues. Ségolène Royal a donné dans une PME innovante de La Rochelle, des exemples de promesses non tenues et s’est entretenue par téléphone avec Edouard Martin, délégué syndical d’ArcellorMittal dont l’usine de Florange est menacée de fermeture. Exemple 1 ? Entreprise New Fabris (Chatellerault) – « 400 emplois promis ». Résultat : L’entreprise a fermé. Exemple 2 – Fonderies du Poitou Alu (Ingrandes) – « Des commandes de Renault et annoncées par Besson sont toujours attendues ». Entreprise en très grande difficulté. Exemple 3 ? Aubade (Saint Savin) – Entreprise de lingerie délocalisée. Exemple 4 – Tempête Xynthia – Mars 2010 – Sarkozy promet sur place 3 500 kilomètres de digues neuves en France et 150 kilomètres de digues en Région. On en est très loin. Exemple 5 – Dégâts sur le PME du secteur photovoltaïque ? 800 000 logements mal isolés rénovés promis lors du Grenelle. Bilan : 100 000. Mars 2011 : faillite des entreprises photovoltaïques suite à la baisse des prix. Exemple 6 ? Heuliez (Cerizay) ? La promesse de participation au capital de 10 millions d’euros par la FSI n’a pas été tenue. C’est la Région qui l’a fait. Exemple 7 – Crédits aux PME : promesses du 20 octobre 2008 non tenues. Exemple 8 ? Entreprise CAMIF (Niort) ? Chatel promet sur place le reclassement de 70 % des 600 salariés. Résultat 17 % seulement ont retrouvé un emploi. Exemple 9 ? Visite en Charentes le 9 juin 2011 avec les agriculteurs. Trois annonces face à la sécheresse : · SNCF et armée pour le transport du fourrage, · 200 millions d’euros de prêts, · réduction de l’irrigation sur 14 000 hectares. Aucune n’a été tenue. La détresse des éleveurs a seulement a été mise en scène. Exemple 10 – « ALSTOM doit aussi beaucoup aux commandes de train passé par les Régions ». 166 trains commandés le 27 octobre 2009 et payés par les Régions représentant 900 emplois chez Alstom et ses sous-traitants. Conclusion : le candidat Sarkozy devrait avoir le courage d’aller aussi à Gandrange et Florange. Trois ouvriers – Édouard Martin (ArcellorMittal, CFDT) en duplex par téléphone depuis Gandrange, Dominique Duval (NewFabris, FO) et Jean-Luc Huet (Fonderies du Poitou Alu, CGT) – se sont exprimés pendant la conférence de presse. Ce qui a contraint le candidat Sarkozy a répondre « qu’il allait s’occuper de Florange » ! Avec mépris et en s’énervant, le candidat Sarkozy a dit aux salaries d’Alstom que « la dame de la région ne voulait pas que je vienne vous voir » ! Rien n’est plus faux. Ségolène Royal a dit que c’était facile d’aller là où ça va bien grâce aux régions qui ont commandé 160 trains mais pas courageux de ne pas aller à Gandrange, Newfabris, Fonderies du Poitou etc. Là où ses promesses non tenues ont fait beaucoup de dégâts. Voilà la vérité.

1699 jours en Sarkozye

Une narration sans concession de la présidence Sarkozy

Boulogne-Billancourt, le 22 février 2012.

Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy remporte l’élection présidentielle à l’issue d’une campagne électorale magistralement placée sous le signe de la « rupture ». Pourtant, moins de dix-huit mois après la crise des banlieues et du CPE, on se plaisait à penser dans l’opposition d’alors  que c’était une élection « imperdable ».

Le slogan de la campagne électorale était : « La France d’après? ». Les électeurs aurait-ils eu la mémoire courte ? Des promesses hardies, un orateur brillant, une remarquable stratégie  de communication ont permis d’inverser la tendance et de laisser croire que « Tout est possible » ?

Un citoyen, militant de base, ayant activement participé à la campagne de Ségolène Royal, demeure toutefois sceptique sur le réalisme des promesses et les chances de succès du programme vainqueur. Il décide alors d’ouvrir un blog afin de conserver petit à petit la mémoire de cette « rupture » tant annoncée.

Du 7 mai 2007 au 31 décembre 2011, 1699 jours se sont écoulés. Du Fouquet’s à Gandrange en passant par St-Jean de Latran, l’EPAD, les affaires politico-financières et les multiples atermoiements d’un gouvernement tentant d’imposer la fameuse « rupture »,  1699 jours en Sarkozye (Chroniques de la rupture) retrace ces presque 5 années de sarkozysme, semaine après semaine, mois après mois, sous forme d’articles très courts écrits à chaud et publiés au fil de l’eau sur le blog de l’auteur.

 « J’ai voulu bien modestement contribuer à ce que, le jour venu, la mémoire collective ne soit pas une fois encore balayée par de nouveaux discours et d’improbables promesses, mais je dois avouer en toute humilité que je n’en attendais pas tant ….» admet l’auteur, qui ne revendique pas l’objectivité.

1699 jours en Sarkozye est disponible sur le site d’édition à la demande www.lulu.com (192 pages, – 12 €) à l’adresse suivante : 

http://www.lulu.com/shop/vincent-guibert/1699-jours-en-sarkozye/paperback/product-20059967.html

 

Les cinq erreurs du nouveau tract de l'UMP

Il est donc temps de donner les réponses de notre «jeu des cinq erreurs» sur le nouvel argumentaire de campagne UMP. Merci aux 753642 personnes (selon les organisateurs) – 11 selon le compteur du site – qui ont participé. Les cinq intox que nous avons dénichées sont décryptées sous le tract.

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1) Le tableau de la dette

En voilà un beau tableau! Qui montre que la dette française a progressé entre deux et trois fois moins que les dettes de l'Espagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis.  On avait déjà désintoxiqué ces chiffres sorti de la bouche de Nicolas Sarkozy. Car cette présentation est parfaitement malhonnête.  Selon les données d'Eurostat, la dette française est passée, entre 2007 et 2010, de 64,2% du PIB à 82,3%. Dans le même temps, celle de l'Espagne grimpait de 36,2% du PIB à 61%, celle du Royaume-Uni de 44,4% à 79,9%, et celle des Etats-Unis (source FMI), de 62% à 91,5%.

La «finesse»  (si l'on peut dire) de l'UMP est, comme l'ont relevé certains commentateurs, de se baser  sur une évolution en pourcentage à partir du niveau de la dette en 2007 en points de PIB. A ce compte, la dette française a progressé en quatre ans (jusqu'à 2010) de 28% (de 64 à 82), la dette espagnole de 68%, la dette du Royaume-Uni de 80% et celle des Etats-Unis de 50%…

Il en résulte pourtant une comparaison certes spectaculaire mais parfaitement trompeuse: l'évolution en pourcentage est d'autant plus élevée que le point de départ est bas. Ainsi, en appliquant la «méthode UMP», la dette du Luxembourg (qui a progressé sur la période de 12,4 points, de 6,7% à 19,1%) a évolué de près de 180%. Absurde.

Si l'on en reste à la seule comparaison pertinente -l'évolution de la dette en point de PIB-, la France a vu, entre 2007 et 2010, sa dette progresser de 18,1 points de PIB, contre 24,8 points pour l'Espagne, 29 pour les Etats-Unis, et 35,5 points pour le Royaume-Uni. C'est moins impressionnant. Ajoutons que la croissance de la dette française est, toujours entre 2007 et 2010, supérieure à celle de l'Italie (+15,3 points de PIB, de 103,1% à 118,4%), comparable à celle de l'Allemagne (+18 points, de 65,2% à 83,2%) et surtout à la moyenne de la zone euro (+18,9 points, de 66,3% à 85,4%). 

Conclusion : la France a alourdi la charge de sa dette dans la moyenne européenne.

2) L'explosion du pouvoir d'achat des fonctionnaires

Une hausse de 10% du pouvoir d'achat des fonctionnaires? L'argument est récurrent dans les discours de la majorité. Nous l'avions déjà repéré (et désintoxiqué) ici. Là encore, la présentation est trompeuse, bien aidée il faut le dire par l'extrême technicité du débat.

L'UMP (comme tous les responsables de la majorité sur le sujet) utilise l'indicateur le plus favorable pour mesurer la progression du pouvoir d'achat : la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP) qui, corrigée de l'inflation, a donc augmenté de plus de 10% depuis 2006. La RMPP permet de suivre l'augmentation moyenne de la fiche de paie des mêmes agents d'une année sur l'autre. Elle augmente mécaniquement pour cause de vieillissement de la population, qui bénéficie d'évolutions de carrière (progression automatique dans les échelons, promotions). Parce qu'il ne considère que les agents qui restent en poste, cet indicateur ne tient pas compte du fait que les fonctionnaires qui partent en retraite, mieux payés en raison de leur ancienneté, sont remplacés par des jeunes en début de carrière, aux rémunérations plus basses.

Cet effet d'«entrées-sorties» est en revanche pris en compte par un autre indicateur, le SMPT (salaire moyen par tête), qui évolue donc moins vite que la RMPP. Le SMPT correspond au revenu moyen d'un agent à temps plein. Corrigé de l'inflation, il est comparable, dans sa définition, au pouvoir d'achat par personne en France. Mais les données le concernant ne sont pas disponibles après 2008. On peut toutefois remarquer que le pouvoir d'achat correspondant à la RMPP a augmenté de 25% entre 1998 et 2008, quand celui associé au SMPT a progressé de 7% dans le même temps. Un chiffre faible par rapport à la hausse du pouvoir d'achat par personne pour l'ensemble de la population (20%).

Le SMPT renferme par ailleurs un biais lié à un effet de structure : une partie des emplois peu qualifiés, à salaire faible, a été transférée vers les collectivités territoriales, ce qui a relevé artificiellement le salaire moyen dans la fonction publique d'Etat. En 2008, l'augmentation du SMPT a ainsi été de 0,5% en euros constants. Mais en excluant du calcul les 47 000 agents transférés, c'est une baisse de 0,5% qui a été constatée cette année-là. En corrigeant ce type de phénomène, on observe alors une stagnation du pouvoir d'achat entre 1998 et 2008, et depuis 2007. Loin des 10% avancés par le gouvernement, mais aussi de la forte baisse annoncée par les syndicats.

3) La revalorisation des allocations familiales en fonction de l’inflation entre 2007 et 2010

De l'art de présenter comme une mesure favorable… une mesure qui a en réalité pénalisé les familles. Le citoyen lambda tombant sur ce tract penserait que le gouvernement a préservé le pouvoir d'achat des Français en décidant d'indexer les allocations familiales sur l'inflation… Sauf que cette indexation, loin d'avoir été mise en place depuis 2007, a toujours existée… jusqu'à cette année. Le bilan de la majorité en la matière, c'est au contraire d'y avoir mis un terme, en novembre dernier. Les allocations sont désormais indexées «de 1% de manière forfaitaire, c'est-à-dire le niveau de la croissance prévue». Moins que l'inflation. Pour une économie globale de 0,4 milliard d'euros en 2012 et 0,5 en 2013.

4) Le pouvoir d'achat des Français maintenu alors qu'il baisse chez nos voisins…

Les comparaisons en matière de pouvoir d’achat sont complexes.  Il arrive au gouvernement (Frédéric Lefebvre l’avait fait, et cela lui avait valu un Désintox) de renvoyer à cet indicateur de la Commission européenne comparant les pouvoirs d'achat brut des ménages et du secteur associatif (taper 15, puis 15.3, puis real gross disposable income), qui montre que le pouvoir d’achat de la France a progressé davantage que la moyenne européenne entre 2007 et 2011… mais également moins que dans certains pays (Suède, Danemark, Pologne…)

Rappellons au passage que cette statistique est un indicateur macroéconomique mais pas une mesure de l'évolution moyenne du pouvoir d’achat des ménages.  En effet, n'est pas prise en compte l'évolution du nombre des ménages.

Ce qui nous renvoie d'ailleurs à la mauvaise habitude de la majorité en la matière, qui se borne systématiquement à communiquer sur le pouvoir d’achat du revenu disponible brut (deuxième ligne), c'est-à-dire l'ensemble des revenus disponibles, sans tenir compte de la dynamique démographique.

Mais si l'on tient compte de l’augmentation du nombre de ménages  (le gâteau grossit mais les Français sont plus nombreux à se le partager), on constate que, par personne (ligne 3), par ménage (ligne 4), ou par unité de consommation (ligne 5), le pouvoir d'achat a stagné, voire baissé (en 2008 notamment, ou en 2010 si on se fie au pouvoir d'achat par ménage).

Ajoutons que les perspectives en la matière ne sont pas réjouissantes. L'Insee prévoyant dans sa dernière note de conjoncture (p.79) une baisse du pouvoir d'achat au premier semestre 2012.

5) Les 500 000 emplois préservés grâce au chômage partiel

Le chiffre est rond mais ne veut strictement rien dire.  On estime (la DARES, dans cette étude) qu'au plus fort de la crise, environ 672 000 salariés ont été concernés sur une année (en 2009) par le chômage partiel. Mais établir une quasi équivalence -au doigt mouillé-  entre le nombre de salariés concernés et le nombre d'emplois préservés est une idiotie. Qu'une entreprise place ses salariés au chômage partiel n'implique pas qu'elle les aurait tous licenciés sinon. Le principe du chômage partiel est de faire partager la baisse de charge à l’ensemble des salariés… pour ne pas avoir à en mettre quelques uns dehors. Exemple chez Renault, où en 2009, plus de «30 000 salariés avaient connu au moins un jour de chômage partiel», avançait alors la direction. Soit les trois quarts des effectifs Renault SAS en France. Si l'on suit le raisonnement de l’UMP, le constructeur a donc sauvé 30000 emplois. Il n'en est rien. Renault estimait à l’époque que l'ensemble des mesures prises en 2009 pour réduire de 20% la masse salariale (chômage partiel, mais aussi modération salariale et plan de départs volontaires) avaient permis de sauver 8000 emplois. 

En 2009, Laurent Wauquiez, alors secrétaire d’Etat à l'Emploi et déjà habitué de la rubrique Désintox, avait tenté la même entourloupe, affirmant que les 350000 salariés concernés par l'activité partielle avaient été sauvés par le gouvernement.

G.La. et C.Mt

AFFAIRE WOERTH : MISES EN EXAMEN D’UN MINISTRE DE LA "RÉPUBLIQUE IRRÉPROCHABLE"

Eric Woerth, ancien Ministre du Budget de la « République irréprochable » qu’avait promis Nicolas Sarkozy en 2007, ancien Trésorier de l’UMP, a été mis en examen avant-hier pour trafic d’influence passif, et hier pour recel d’une somme de 150 000 ? en liquide, qui aurait pu servir au financement illicite de la campagne du Président de la République en 2007 selon l’ex-comptable de Liliane Bettencourt.

En toute logique, ces mises en examen aurait dû être décidées par le Procureur Philippe Courroye mi-2010, au début de l’affaire. Mais nous sommes là au coeur du débat sur l’indépendance du Parquet vis-à-vis du pouvoir en place, surtout lorsqu’il s’agit de la mise en cause de membres de ce pouvoir. Après moultes péripéties dont les suites sont encore en cours, cette affaire a due être dépaysée de Nanterre à Bordeaux en novembre 2010. Et ce sont finalement des juges d’instruction, juges indépendants, qui ont prononcé cette semaine ces mises en examen, plus d’un an et demi après la révélation de l’affaire. Rappelons au passage que le Président de la République avait annoncé début 2009 qu’il comptait supprimer cette fonction de juge d’instruction. Et rappelons également que suite aux réactions provoquées à l’époque, il s’était engagé en juillet 2010 à légiférer sur les conflits d’intérêt avant la fin de la mandature, ce qui n’aura finalement pas lieu (cliquer ici pour lire notre article à ce sujet ).

Mais depuis novembre 2010, le volet financement illicite de parti politique et trafic d’influence de cette affaire Woerth-Bettencourt semblait rester au point mort. C’est pourquoi le Conseil d’administration d’Anticor avait décidé en décembre dernier de déposer ce mois-ci une plainte avec constitution de partie civile à ce sujet, afin de jouer le rôle de l’aiguillon citoyen qui semblait manquer à cette partie de l’enquête. Or il se trouve que depuis la toute récente décision de la Cour de cassation, qui permet définitivement d’utiliser les enregistrements « pirates » de conversations au domicile de Liliane Bettencourt comme éléments de preuve, cette information judiciaire démarre réellement sans perdre de temps, avec une certaine intensité et de façon clairement indépendante. Il est donc vraisemblable que nous n’ayons finalement pas ? sauf mauvaise surprise ? à nous porter partie civile dans cette affaire, en application de nos principes d’intervention en justice que rappelait Eric Halphen, notre Président d’Honneur, lors de notre assemblée générale du 28 janvier dernier (voir vidéo sur la page d’accueil de notre site ).

Il semble que  semble que la qualification de « recel » retenue par les juges permette d’éviter l’écueil de la prescription, qui aurait pu être opposée à celle de financement illicite de parti politique. A ce stade, le respect de la présomption d’innocence s’impose pour Eric Woerth, sachant qu’on ne fait référence à la présomption d’innocence que lorsqu’il y a suspicion de culpabilité. 

Mais encore une fois, la démonstration est faite qu’en France actuellement, seule une justice indépendante peut éclaircir les zones d’ombres des affaires politico-financières, sans suspiscion de pression du pouvoir en place. A méditer pour tous les projets présidentiels se mettant en place actuellement?

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