Chronique de la rupture #86 – Février 2012 : du président-candidat au candidat-président

 

Lors d’un déplacement dans le Tarn le président-pas-encore-candidat en remet une couche sur la prétendue destruction de la politique familiale, et de son ton faussement courroucé il prend l’auditoire à témoin.

« Soixante ans pour faire une politique familiale qui fait l’admiration du monde entier, qui permet aux femmes d’être libres, d’avoir des enfants et une activité professionnelle, pourquoi vouloir le démolir? Pourquoi vouloir casser, vouloir détruire? Par idéologie? Par sectarisme? Pour faire plaisir à qui? A ceux qui n’ont jamais cru à la famille? », 

République irréprochable : Eric Woerth, ancien Ministre du Budget de la « République irréprochable » qu’avait promis Nicolas Sarkozy en 2007, ancien Trésorier de l’UMP, est mis en examen  pour trafic d’influence passif, puis pour recel d’une somme de 150 000 ? en liquide, qui aurait pu servir au financement illicite de la campagne du Président de la République en 2007 selon l’ex-comptable de Liliane Bettencourt.

Vrai-faux suspense autour des parrainages de la candidature MLP, qui s’écrasera au sol quelques jours plus tard en direct face à François Lenglet puis Jean-Luc Mélenchon sur France 2.

Guéant au congrès de l’UNI, en prospecteur de voix FN déclare que « Nous devons protéger notre civilisation ? Contrairement aux socialistes, je pense que toutes les civilisations ne se valent pas ».

Puis vient le jour tant attendu où le Président se déclare candidat, lors du 20h sur TF1. Petite déclaration qui ne soulève aucun enthousiasme, à part chez les perroquets UMP préprogrammés.

Début du festival, de la reconquête, de l’hallali espéreront certains.

Au comble de leur ridicule, Boutin, Morin puis Nihous abandonnent et se rallient au sortant. Sa cote monte de 0,01% dans les sondages.

Sarkozy en élève docile de Merkel fait approuver par le parlement français le MES, Mécanisme Européen de Stabilité budgétaire.

Le candidat-président nous gratifie de déclarations enflammées sur le patriotisme économique. Pendant ce temps Renault localise à Tanger une production concurrente à sa fabrication française, et mène en interne des études sur l’attrition et la « low performance ». On va tout droit vers une situation digne des Ressources Humaines de France Telecom il y quelques années.  Le président-candidat ne dit rien, l’état actionnaire laisse faire : Jamais l’écart entre les paroles et les actes n’a été aussi flagrant.

Le candidat-président se plait à inventer des propos prétendument tenus par son rival François Hollande afin de mieux dénoncer, dans son habituel français impeccable, des mensonges « professés » par le candidat socialiste. J’aurai bien aimé rencontrer son « proféreur » de Français.

Enfin ça, c’est pour les jours pairs parce que les jours impairs, il nous remet un vieux disque usé et prétend que les socialistes n’ont pas d’idée.

Il a mis à genoux l’industrie photovoltaïque Française mais il vient sauver Photowatt en la faisant racheter par EDF.

Il tente une barbouzerie capitaliste avec la complicité de Proglio, PDG d’EDF, visant à propulser ce bon Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia, mais le coup est éventé et l’histoire fait pshiiit !

Il prétend avoir sauvé la raffinerie Petroplus, mais le patron de Shell France Patrick Roméo l’affirme : « Nicolas Sarkozy n’a pas joué de rôle particulier ».

Le candidat-président bafouille en direct lorsqu’on l’interroge à la télévision sur sa soirée du 6 mai 2007 au Fouquet’s : « Si c’était à refaire, je ne referais… ne reviendrais pas dans ce restaurant puisque que ça été vraiment le feuilleton ».

Ce mois de Février se clôt sur 3 faits marquants :

·    Le président-candidat annonce de façon prématurée l’évacuation au Liban d’une journaliste blessée en Syrie, puis se rétracte deux heures plus tard

·    Le candidat promet de rompre avec les actes du président puisque s’il est élu, il mettra fin au non-remplacement d’un professeur sur deux.

Tant qu’à faire, et puisque c’est si important d’être élu, pourquoi ne promettrait-il pas de démissionner dès le lendemain de son élection ?

L’amateurisme cynique s’impose définitivement comme marque culturelle de Sarkozy, qu’il soit Président ou candidat.

Chez Sarkozy, une repentance chasse une promesse, un mensonge chasse l’autre, on peine à suivre. Ainsi il prétend avoir voté à l’Assemblée Nationale l’acte unique européen en 1986. Il ne fut élu député pour la première fois qu’en juin 1988.

Ce qui ne l’empêche pas, lui d’avoir des idées toutes plus originales les unes que les autres. En fait il reprend juste la campagne de 2007 là où il l’avait laissée : referendum, abrogation des retraites chapeau etc. Tout ce qu’il n’a pas fait depuis 5 ans, cela devient son programme.

Il se présente comme le « candidat du peuple ». Mais de quel peuple ? Celui du Fouquet’s, du CAC40, des Familiers de Deauville ou de St Tropez, des lecteurs du Figaro et de Paris Match ?

Dans un peu plus de deux mois, tout cela sera fini, espérons-le. Mais restons concentrés, revoyons le film « La Conquète », relisons les « Chroniques du Règne de Nicolas 1er« de Patrick Rambaud, ou bien encore « OFF », de Domenach et Szafran ou tout simplement : rappelons les promesses de 2007 et comparons-les à ce qui s’est passé dans les « 1699 jours en Sarkozye » [Pub!] qui ont suivis.

 

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