Le 3 mars, sur fond de débat sur la laïcité, en visite à la Cathédrale du Puy en Velay, le Président rend hommage à « L'héritage chrétien de la France » et n'omet pas de faire allusion aux « signes les plus tangibles de notre identité » Qu'en attend-il au juste ? Un regain de confiance auprès de l'électorat catholique âgé ou de l'électorat d'extrême droite ? Une diversion de plus visant à faire du bruit ou à agacer les laïcards ? Le sait-il lui-même ?
Dans la foulée, le CFCM s'insurge contre ce débat sur la laïcité et lui oppose un NON catégorique.
Nous parviennent alors les premiers échos de la toute proche réforme fiscale : disparition du Bouclier Fiscal, revue du seuil de l'ISF. Tout cela sera parait-il annoncé en avril après les cantonales.
Les cantonales ? Trois fois rien, une élection « locale » qui se tient dans trois semaines. Il semblerait que pas mal de candidats de la majorité ne se réclament pas de l'UMP, ou ne mentionnent pas de référence à Sarkozy, et y préfèrent une discrète appellation « sans étiquette ».
Des sondages placent Marine LePen à 24% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle de 2012. Emoi.
Notre hommage mensuel à l'amateurisme : Abandon du projet de loi, annoncée à grand bruit lors du discours de Grenoble en juillet 2010, visant à déchoir de leur nationalité française les naturalisés assassins de policiers. LE conseil constitutionnel censure 13 points de la loi LOPSI2 sur la sécurité intérieure.
Affaires internationales : au mépris de son nouveau ministre des affaires étrangères, le Président décide qu'il est temps d'intervenir en Lybie. Il tente sans y parvenir de convaincre ses collègues chefs d'états européens et se retrouve assez rapidement isolé. L'ONU viendra le sauver par sa résolution 1973 instituant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
République exemplaire : Une QPC, Question Prioritaire de Constitutionalité, renvoie le procès Chirac aux calendes grecques
Amateurisme ou provocation électoraliste ? Le nouveau ministre de l'intérieur se distingue par ses sorties médiatiques :
Ø « Les Français à force d’immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale »
Ø « heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies et puis la Ligue arabe et l’Union africaine »
Ø « les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, ne doivent pas manifester une quelconque préférence religieuse », « les usagers ne le doivent pas non plus ».
Pas un mot de réaction du Président. Qui ne dit mot consent.
Elections cantonales : Abstention massive, percée du FN, valse hésitation et déchirures à l'UMP entre les deux tours. D'un côté ceux qui, en cas de duel PS/FN au deuxième tour, choisiront le « vote républicain », de l'autre les Ni-Ni qui laissent le choix à leurs électeurs. Dans une quatrième dimension, ceux qui prônent le vote blanc comme alternative l'abstention.
Moralité : 35 % pour le PS au soir du second tour, 19% pour l'UMP, et seulement 2 conseillers généraux FN, et des sondages donnant Sarko battu des le premier tour en 2012.
Une ligne de fracture similaire à la précédente sépare la droite-droite du centre droit et de nombreux gaullistes lorsque revient à l'ordre du jour le débat su la laïcité. En direct sur Canal+, le premier secrétaire Copé flingue le Premier Ministre Fillon. Dans les jours qui suivent, de nombreux dignitaire de la majorité voient leur agenda malencontreusement déjà rempli au jour et à l'heure du fameux débat, et annoncent qu'ils n'en seront pas.
Cerise sur le gâteau, les représentants des six grands cultes français publient dans Le Monde une tribune refusant l’instrumentalisation du débat sur l’islam.
Une belle baffe aux cantonales, un désaveu de l'ensemble des religions, un bon bilan en somme pour une UMP et un Président plus fragiles que jamais.