Le 15 septembre 2008,
Chère Martine, Cher Pierre,
Vous excuserez l’usage solennel de l’écrit, mais je crois que les
circonstances le justifient amplement : pendant que la droite formate le
pays selon ses valeurs de l’argent, de la religion, de l’individualisme,
nous présentons un Parti Socialiste en miettes, miné par les conflits
d’ambition, incapable de s’unir et laissant le champ libre au Modem et
au NPA.
Vous comprendrez pourquoi l’impératif de rassemblement n’a jamais été
plus important qu’aujourd’hui. Pour nous les Rénovateurs, la question du
congrès est d’abord celle de nos divisions en écuries multiples et en
innombrables conflits de chapelles.
Le premier problème à régler est celui du grand danger que représente
l’affrontement des présidentiables qui achèverait le Parti dans une
guerre épuisante de désignation. Notre Parti et toute la gauche, ne s’en
relèveraient pas. Il faut donc la conjurer en désarmant ceux qui
souhaitent faire du PS le lieu clos de l’affrontement permanent pour la
désignation du candidat.
Nous avons, à cet effet, cher Pierre et chère Martine, construit
ensemble, dès le 1er juin, une force d’interposition, en proposant aux
militants une offre alternative à la guerre des candidats à la
présidentielle. Nous avons imaginé cet été, et signé, je le rappelle,
tous les trois avec Marylise Lebranchu, un texte commun proposant un
leadership de travail et une mutation très importante du Parti à travers
la création d’une primaire ouverte sur la société qui règlerait plus
tard et dans un autre cadre le choix de notre candidat.
C’était là ton exigence, cher Pierre, et c’est là une idée à laquelle tu
t’es ralliée, chère Martine.
Voilà donc un point fondamental qui nous réunit et qui nous emmènera, si
nous le réalisons ensemble, vers un nouveau Parti Socialiste.
Le deuxième problème qui est à régler est celui de l’orientation
nouvelle de notre futur nouveau Parti. L’issue du congrès ne peut nous
faire déboucher ni vers une gauche centriste, apeurée d’elle-même,
soumise aux thèses de la droite, ni vers une radicalité sans débouché
crédible.
C’est donc une nouvelle synthèse qu’il faut fabriquer ensemble à partir
des problèmes nouveaux que la société place sous nos pas.
On peut construire cette nouvelle orientation avec tous ceux qui sont
prêts à faire évoluer le Parti et dépasser les anciens désaccords
(première et deuxième gauche, le oui et le non, notamment).
C’est le sens de nos rapprochements de l’été. Ainsi, les Rénovateurs et
moi-même avons décidé de fusionner notre courant « Rénover Maintenant »
avec « Socialisme & Démocratie ». Nous aurions pu ajouter une division
et une ambition supplémentaire ! Au contraire, nous avons choisi
d’accomplir courageusement un premier effort de rassemblement pour en
préparer d’autres encore plus larges. Nous avons, vous avez, cher Pierre
et chère Martine, signé ce texte de rassemblement plus large dès le
début du mois d’août. Ce protocole préfigurait des perspectives
importantes de mutation du Parti et l’équipe que vous pouviez former
ensemble était magnifiquement complémentaire.
Il ne reste donc à régler que la question de savoir qui sera Premier
secrétaire. Franchement, c’est une question dont personnellement, comme
des milliers de militants, nous nous sommes lassés. Réunissez-vous !
Déjeunez ou dînez ensemble ! Et faites une équipe comme dans les sports
collectifs ! Mettez-vous d’accord et nous vous entourerons et vous
aiderons à réussir.
La seule question qui nous importe est celle de savoir si nous pouvons
sauver le Parti Socialiste et s’il sera encore possible de militer en
son sein.
Des dizaines de milliers de militants vous regardent. Des millions de
Français attendent. Vous êtes responsables de la suite.
Je compte sur vous.
Affectueusement à tous deux.
Arnaud MONTEBOURG