Chronique de la rupture #61 ? 9 janvier 2010

 

Meilleurs voeux à tous !


En fin d'année dernière, nous évoquions au figuré le déchaînement tragicomique des bras-cassés de la majorité présidentielle. On ne saurait résister à la tentation de noter que le premier conseil des ministres de l'année nous en montre certains au sens propre même-si, convenons-en, ces deux là (Laurent Wauquiez et Frédéric Mitterrand), ne sont pas les pires. Souhaitons-leur un rapide rétablissement.

Toujours au chapitre « pas de chance », le changement de cap du gouvernement sur la politique de vaccination contre la grippe H1N1 : annulation de commandes, accès via le généraliste. On calme le jeu et on banalise. Relation de cause à effet avec la non-candidature de la ministre aux régionales, ou ajustement normal ?


Bien plus grave est l'état de notre république et de son régime hyperprésidentiel. Des séances de v?ux surréalistes, prétexte à je ne sais quel forum ou colloque de ceci ou de cela, monté de toutes pièces pour mettre en scène une fois de plus le Président et les pages d'Histoire qu'il croit écrire chaque semaine. Il se contente en  fait de ré-écrire son histoire à son avantage. Pour seul exemple cette thèse défendue sans cesse, selon la quelle la France se sortirait de la crise mieux que ses voisins : « Si nous avons évité le pire, c'est parce que nous avons décidé d'agir et non pas d'attendre? » déclare-t-il à Cholet le 6 janvier lors des « V?ux au forces économiques ».


Désolé M. le Président : si le pire a été évité, c'est parce que ce modèle social, que vous n'avez eu de cesse de vilipender et de détruire depuis trente ans, a tenu bon. Si le pire a été évité, c'est parce que vous n'avez pas eu le temps matériel d'implanter en France le modèle ultra libéral  néo con de Reagan, Thatcher et Bush dont vous vous revendiquiez tant durant la campagne présidentiel. Tel l'opportuniste de Dutronc, tel le Tartuffe moyen, vous avez retourné votre veste du bon côté et feignez d'être le sauveur.


Et puisque vous revenez sur « les décisions qui se sont avérées être les bonnes décisions malgré les polémiques? » et vous targuant d'avoir « évité le pire : une faillite de l'ensemble du système bancaire », pourquoi vous être contenté de prêts à ces banques, en vous satisfaisant tel un usurier de ce que cela rapporterait en intérêts, au lieu de redonner un chance à la collectivité en les nationalisant ou au moins en y imposant une participation significative de l'Etat ?


Pourquoi avoir cédé du Medef en détaxant les heures supplémentaires et en renforçant le bouclier fiscal ? Cela n’a rien relancé du tout .


Pourquoi avoir cédé au lobby de la Restauration  en réduisant le taux de TVA ? Cela n’a fait baisser aucun prix ou très peu, ou alors au détriment de ce que l’on trouve dans son assiette.


Prise de participation de l'état dans les banques assistées, abrogation de la loi TEPA, maintien de la TVA à 19,6% dans la restauration: trois actes de courage politique à côté desquels vous êtes passé, trois actes qui certes ne solutionnaient pas tout mais auraient en tout cas arrangé les comptes publics de quelques dizaines de milliards par an.


Sans oublier que pendant ce temps-là, l'industrie s'écroule par la faute d'une Europe devenue libérale et impuissante, incapable de s'imposer. Une politique industrielle nationale, gonflée de patriotisme économique et laborieusement portée par des serviteurs zélés n'y suffira pas, et vous le savez.


Cela s'appelle entre autres le sens de l'état, le sens de l'intérêt commun, et non le sens de son clan. Ce n'est pas ce bon Philippe Séguin, qui a quitté la scène prématurément cette semaine, qui vous l'aurait reproché, loin de là.


32% de satisfaction dans les sondages, le verdict est sans appel.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.