Les boulets, c’est maintenant ?

Le gouvernement est à l’œuvre depuis 5 mois. Des promesses ont été tenues et de nombreuses actions sont engagées dans de bonnes directions : retraites, emplois d’avenir, contrats de génération, contestation de plans sociaux, logement, éducation, accès à la nationalité… Mais il n’y a pas matière à euphorie.

De discussion en discussion, avec des camarades militants, des collègues, des amis, se dégagent 7 points récurrents avec lesquels le gouvernement ne peut tergiverser plus longtemps. Nous courrons le risque d’oublier voire de renier les propositions du candidat, et par conséquent de durablement nous décrédibiliser. Pire, il y a risque d’échouer.

Par exemple sur la question du traité européen (promesse 11) : le mal est fait, le traité a été adopté tel quel, sans être renégocié, la promesse n’a pas été tenue. L’UMP en a fait ses choux gras. La communication autour des 120 MM€ du pacte de croissance ne comble qu’une partie du fossé.

Sans céder au pessimisme, pourraient se profiler 4 années absurdes où nous, militants sur le terrain, risquons de passer notre temps à défendre l’indéfendable et à justifier l’injustifiable. Chaque renoncement, chaque reniement, constituerait un boulet entravant d’autant les actions futures et nous exposant sévèrement lors des échéances électorales de 2014/2015. Ces « boulets potentiels », quels sont-ils ?

  • Le non-cumul des mandats (58) : les barons locaux rechignent, les militants grognent, les dirigeants du PS parlent peu. Comment le gouvernement et le parti vont-ils faire pression sur les cumulards récalcitrants ?
  • Le droit de vote pour les citoyens étrangers (promesse 50) : suffit-il qu’un ministre dise que ce n’est pas le moment pour qu’on y renonce ?
  • La réforme fiscale (promesses 3, 9, 14, 15) : fusion IRPP/CSG, suppression des niches fiscales, modulation de l’IS en fonction de la taille de l’entreprise, taxation des œuvres d’art ou des plus-values de cession : les pigeons ont crotté partout, les atermoiements et reculades sont nombreux et inquiétants. Quelle est la feuille de route ?
  • La réforme du système bancaire (promesse 7) : aucune nouvelle, qui y travaille, avec quel objectif ?
  • La faveur à la production et à l’emploi en France, les relocalisations (promesse 3) : au-delà de prises de positions, de mesures de sauvegardes sur des dossiers emblématiques, de la création de la BPI et de la campagne de communication autour du « Made-in-France », qu’en est-il de la politique industrielle devant orienter les projets de sauvegarde, de développement et de relocalisation ?
  • Le protectionnisme européen, rebaptisé « juste échange » puis « réciprocité » (promesse 13) : au-delà de la réaffirmation publique de positions de principe, quelles exigences ont été formulées, envers qui et sous quelle forme ?
  • La compétitivité des entreprises et le financement de la protection sociale. Cette question n’apparaissait pas explicitement dans les 60 engagements. Elle a émergé à l’occasion de la conférence sociale de Juillet et s’est inscrite de fait à l’agenda gouvernemental. Le destin du futur rapport Gallois, tel qu’il semble se profiler, ne laisse présager rien de bon.

Cette liste n’est sans doute pas exhaustive. Et je ne parle pas ici de ce mal endémique des « prises de positions à titre personnel » et autres « points de vue qu’il convient de relayer » de la part de ministres qui se voient déjà ou que la presse place d’emblée dans un autre siège que celui qu’ils occupent actuellement.

Dès juillet nous disions ne pas vouloir, dans 4 ans, regretter de ne pas nous être attaqués à telle ou telle question (comme par exemple la réforme des retraites sous l’ère Jospin). Mon sentiment est que nous y allons tout droit.

D’une façon générale, si l’on considère l’ensemble du programme de FH, de ses 60 engagements (qui en fait se décomposent en 195 promesses élémentaires), qu’en est-il ? Quel ministère ou quel organisme a la responsabilité de quelle promesse ? Quels plans d’actions ont été élaborés ? Quelle forme prendront « les changements » ? Incidemment, comment est-on certain qu’aucune action ne reste « orpheline » ou qu’à contrario deux entités différentes ne travaillent pas en concurrence sur un même sujet ? Bref, qui en assure la coordination globale ? L’Elysée, le PM, le CAS, le PS, personne ?

Nos électeurs s’impatientent, la presse à droite comme à gauche ne laisse rien passer. Nous avons soutenu le programme de FH, nous sommes solidaires de son application, nous devons lutter fermement contre toute forme d’oubli ou de renoncement.

Il est tout à fait possible que des actions aient été entreprises en vue de concrétiser ces engagements, mais soit nous ne le savons pas, soit il en ressort une impression d’approximation.

Il est donc urgent que ces doutes et ambiguïtés soient levés, et que nous soyons en capacité d’expliquer et de défendre avec fermeté une action gouvernementale allant dans le sens de ce qui a été promis et de ce qu’attendent nos concitoyens.

Dans trois jours, l’argument de la priorité donnée au congrès aura vécu. Dans 3 semaines, cela fera six mois, 10% du quinquennat déjà, que le gouvernement s’est formé. A la fin de l’année ou au plus tard à la fin de l’hiver, soyons lucides, tout sera largement joué, la trajectoire à 5 ans sera déterminée avec peu de possibilités de l’infléchir.

Alors, sur ces 7 points fondamentaux comme sur le reste des 60 engagements, que fait-on ?

On se prépare à ramer à contresens, ou on prend le taureau par les cornes ?

** congrès de Toulouse **

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