A défaut d’être un chef sioux, Arnaud Montebourg, a porté les voix du rassemblement, ce lundi au sommet du Mont Beuvray. Il veut que les positions de certaines tribus de parlementaires et du Gouvernement convergent. Un discours mobilisateur derrière le Premier Ministre et le Gouvernement dont il est un poids-lourd.
C’est entouré de plus de 200 militants et sympathisants qu’Arnaud Montebourg a célébré les 10 ans de l’ascension du Mont Beuvray, à la limite de la Saône-et-Loire et de la Nièvre.
A son arrivée à Bibracte, interrogé sur la présence de Christian Paul, député de la Nièvre et de Philippe Baumel, député de Saône-et-Loire, clairement marqués comme appartenant à la gauche du Partin Socialiste, le Ministre a assuré qu’il ne s’agissait pas d’un rassemblement de la gauche de la gauche : «C’est la gauche qui est ici rassemblée au Mont Beuvray» (lire notre premier article).
Dans son discours tenu sous le soleil, là où François Mitterrand avait déclaré le Beuvray, «site national» en septembre 1985, Arnaud Montebourg a tenu un discours aux connotations de rassemblement et de sixième république. Remarquant que c’est à Bibracte qu’en 52 avant Jésus Christ, Vercingétorix avait unifié des gaulois dont les tribus n’étaient pas toutes d’accord entre-elles, il a plaidé pour le rassemblement des socialistes. «C’est dans l’union que l’on doit agir».
A ses côtés, on pouvait noter les présences de plusieurs élus de Saône-et-Loire, dont Cécile Untermaier, député de la Bresse, Rémi Chaintron, président du Conseil Général de Saône-et-Loire, Dominique Commeau, conseiller général et Maire d’Etang sur Arroux. Sans oublier l’inévitable René Fortin, le parrain des socialistes dans le Morvan… A noter aussi, pour la première fois, la présence de Patrice Joly, président du Conseil Général de la Nièvre.
Alain BOLLERY et Nicolas AKCHICHE (Creusot Infos)
Arnaud Montebourg
« Depuis une décennie nous nous retrouvons dans ces lieux romanesques, poétiques où Vercingétorix a réussi à rassembler les tribus gauloises qui étaient pourtant divisées. Notre engagement politique à tous, c’est le sens du progrès. Comment ne pas faire front avec les 2 députés qui viennent de s’exprimer ? Il nous faut travailler à rechercher une nouvelle croissance. Il y a des obstacles considérables mais nous pouvons imaginer des chemins différents de la pensée dominante. 6 ans après la chute de la Banque Lehman Brothers, la zone Euro a réussi la performance d’être la dernière zone au monde en terme de croissance économique.
Alors que les Etats-Unis ont près de 3% de croissance, la Grande-Bretagne qui est hors de la zone Euro prévoit une croissance de 2%, la zone Euro est toujours à la traîne. Nous devons insuffler une nouvelle dynamique à la zone. Nous devons faire évoluer les pensées.
l y a un an j’avais plaidé pour un euro moins cher et moins fort. Le Premier Ministre l’a repris dans son discours de politique générale. Même des industriels allemands sont pour. Quand on constate que dans les pays européens le chômage a augmenté de 4 millions de personnes alors que dans le même temps il a baissé de 4 millions aux Etats-Unis, alors oui il faut changer les choses.
La banque européenne a jeté aux orties des dogmes. C’était utile, mais cela ne suffira pas.
La Banque centrale a enfin jugé utile de suivre notre position et pour une fois je l’en remercie. Quand on a des idées neuves, on peut progresser. À notre devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité », j’ajouterai « Créativité » car c’est dans ce domaine que nous réussirons.
Partout où l’austérité à été organisé en Europe (Italie, Portugal, Grèce et Espagne) cela a été destructeur. On a la responsabilité de convaincre qu’organiser l’austérité est destructeur ! Et il faut que ce soit le FMI et les grands économistes internationaux qui montent au créneau pour que la zone Euro comprenne que l’austérité n’est pas la bonne solution.
En démocratie, le pouvoir se partage et s’équilibre. En reprenant la métaphore de Vercingétorix et des tribus gauloises qui avaient des différences mais qui se sont retrouvées dans un combat commun. C’est ainsi que je veux que la tribu parlementaire et la tribu gouvernementale travaillent ensemble.
Mais je le dis, il est naturel que le débat s’exerce avec les représentants de la nation. Et tout cela a un rapport avec la 6e République. Il faut écouter, modérer, pour construire ensemble l’alliance qui permettra d’avancer.
Il nous faut emprunter des chemins innovants pour relancer l’économie, il nous faut construire une force pour avancer.
Vive la VIème République naissante, Vive le Gouvernement de Manuel Valls, Vive le Redressement Productif et Vive la France ».
Christian Paul
« Nous sommes ici sur un lieu de rassemblement où à l’époque de Vercingétorix il y avait une grande ville gauloise de près de 10000 habitants dont il ne reste plus rien. Les villes s’effondrent comme les empires, les dogmes et parfois même les partis politiques. Oui les partis politiques sont mortels. Aussi les grandes idées que nous défendons dans notre engagement politique pourraient s’effacer. Il est de notre responsabilité de tirer les conséquences des 2 chocs des élections. Aux municipales, des décennies de travail ont été mises mal à mal et certains de nos camarades en ont payé le prix. Et pour les Européennes, le temps d’une soirée électorale, le temps d’une journée, le Front National est arrivé en tête d’une élection. Cela doit nous amener à nous interroger. Comment faire que nos idées, les valeurs que nous défendons et nos engagements ne soient pas effacés par l’Histoire? Les politiques qui ont été menées depuis 2 ans ont déçu les Français. Avec une bonne centaine de parlementaires PS nous allons proposer de nouvelles solutions et de nouvelles orientations. Notamment en direction des plus fragiles, à travers une relance fiscale pour donner du pouvoir d’achat aux plus faibles. Et pour une nouvelle croissance, il nous faut mieux contrôler les marges de manoeuvre des entreprises plus petites plutôt que de donner aux entreprises qui vivent plus sur la rente. Nous n’allons pas faire une VIème République comme cela en 2 minutes. Il y a eu 2 années difficiles, on vous demande à tous un soutien loyal pour offrir des années de bonheur aux Français et retrouver la croissance et la confiance ».
Philippe Baumel
« Après le coup de bambou des dernières élections municipales et européennes, cela fait chaud au coeur de vous voir si nombreux pour cette montée du Mont Beuvray. Dans les 3 années qu’il reste dans le quinquennat, il faut que tous ensemble nous arrivions à faire infléchir la ligne politique actuelle. Malgré nos différences, nous sommes tous des camarades politiques et il nous faut travailler ensemble. Il nous faut entendre les citoyens et répondre à leurs attentes qu’ils ont exprimé à travers les résultats des dernières élections.
Pour preuve, je veux prendre l’exemple de la réforme territoriale qui est voulue par l’Etat et attendue par les citoyens. Mais la problématique telle qu’elle a été exposée ne semble pas avoir été prise par le bon bout. Car ce n’est pas la préoccupation principale de nos concitoyens, ce n’est pas leur sujet prioritaire.
Pour également redonner confiance aux citoyens dans les institutions politiques, il faut une évolution de notre vieille Vème République. Il faut à l’avenir une dose de parlementarisme et un pouvoir moins présidentiel dont certains ont usé comme Nicolas Sarkozy notamment.
Et il y a la question de l’Europe dont j’ai peur qu’elle ne passe dans la case « Pertes et Profits » ; après le terrible séisme des élections européennes, la célébration des 70ans du Débarquement en Normandie semble avoir mis en sourdine la question européenne. Il faut dissiper la crainte de ne pas réussir à donner une nouvelle ambition européenne. Car dans ma circonscription, au Creusot se trouve Alstom et General Electric, il faut donner des réponses claires au monde du travail qui est dans l’incertitude. Et cela sans céder aux sirènes du monde de la finance, de l’argent qui tue ou sacrifie des emplois sur notre territoire ».
Jérôme Durain
1er secrétaire fédéral PS 71
«Ici on prend de la hauteur et de la distance. Il en faut en cette période. Les troupes sont endolories par les résultats des derniers scrutins. Il faut se rassembler. Mais quand le doute s’installe, certains sont tentés par des aventures en dehors du Parti Socialiste. Je leur dis que les Français attendent plus que des divisions».
Sylvain Mathieu
1er secrétaire fédéral PS 58
«Depuis 2004, les rénovateurs du PS se retrouvent ici, dans ce coin du Morvan qui était une terre de résistance. Et en cette année du 70e anniversaire du débarquement, je veux rappeler que le Morvan comptait 20 maquis qui ont notamment libéré Nevers.
Aujourd’hui, force est de constater que la 5e République n’en finit plus d’agoniser. Mais il ne faut pas baisser les bras. Il y a du boulot pour les combats à mener».
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