Chronique de la rupture #31

* pour ne rien oublier dans les mois qui viennent, nous republions régulièrement les premières chroniques 3 ans après, telles qu’elles furent écrites depuis mai 2007 *

En route donc pour le merveilleux pays de la Sarkozye triomphante, où classe, exemplarité et efficacité se conjuguent au service du « Tout possible ».

Mai 2008

Réforme des institutions : grogne dans tous les rangs, de l'opposition à l'UMP. Manifestement personne ne semble pressé de voir le Président venir s'agiter à la tribune du Palais Bourbon. Pour les vraies réformes institutionnelles, le statut pénal du chef de l'état,  le renforcement des pouvoirs du parlement, la suppression du 49-3, la mutation du sénat, la proportionnelle, la  limitation du cumul des mandats, le statut de l'opposition, le statut de l'élu, bref la 6° république, il faudra attendre encore un peu.

Loi OGM : un couac monumental avec le rejet de la loi par 136 voix contre 135 à l'assemblée nationale. Des députés UMP n'ont pas pris part au vote. Se sont-ils souvenus des engagements pris lors du Grenelle de l'environnement  ou ont-ils plutôt craint pour leur prochaine réélection ? Loi finalement adoptée grâce à l'utilisation expéditive par le premier ministre d'une procédure de secours.

Pouvoir d'achat : la solution passerait par le renforcement de la concurrence entre les supermarchés. Naïveté, amateurisme, incompétence, idéologie de bazar ? Sans doute tout cela à la fois. Parce que bien évidemment, dans toute zone de chalandise il y a de la place pour une deuxième ou une troisième supérette, ou pour un hard discounter, et que cela va suffire à faire baisser les prix. Ou que les gens vont aller faire leurs courses 300 mètres plus loin, à pied bien évidemment, et parce qu'ils n'ont que ça à faire lorsqu'ils rentrent du boulot. Mais qui peut penser un instant que cela pourra fonctionner ? En Allemagne les prix sont de 20 à 30% inférieurs à ceux pratiqués en France, sait-on pourquoi ?

Lorsqu'il y aura des supérettes partout, le café ou l'éclair au chocolat, qui sont passés de 5 F. à 2,2 ? vont baisser bien sûr. Mais comment se font les marges ? Où sont les abus ? Quand va-t-on s'attaquer à la racine du problème, qui va oser ? Faudrait-il en revenir à un certain contrôle des prix ?

Grogne dans l'enseignement autour de la réforme voulue par le ministre Darcos et sa désormais célèbre « La Règle de Trois n'aura pas lieu ». Lors de la grève du 15 mai, quelques municipalités UMP zélées tentent de mettre sur pied le fameux service minimum sensé assurer la garde des enfants. Sarko n'attend même pas la fin de la journée pour annoncer que scrogneugneu, puisque c'est comme ça, une loi obligeant les municipalités à fournir ce service minimum sera votée avant l'été, non mais. Ça c'est un chef, un vrai.

Ainsi donc lorsqu'il y aura grève dans l'enseignement, ce sont les gardes champêtres et autres personnels municipaux qui vont assurer la garde des enfants. Louable intention certes. Ils y sont bien évidemment formés et n'ont rien d'autre à faire (puisque par définition ce sont des faignants de fonctionnaires qui à raison d'un sur deux n'ont pas besoin d'être remplacés), en dehors du mercredi où ils s'occupent du foot, des ateliers d'éveil musical, des cours de macramé et autres joyeusetés.

Eh bien, qu'est-ce qui empêcherait nos amis de la FEN ou du SNESSUP de programmer la prochaine grève dans le secondaire ? un mercredi. Enfin de la rupture !

En septembre, il s'agissait de faire lire la lettre de Guy Môquet, en Janvier, il décide du parrainage d'un enfant juif victime de l'holocauste, ce mois-ci, il inscrit l'esclavage à l'ordre du jour des programmes du primaire. Peut-il ainsi décider à sa guise de ce que l'on enseigne ? Qui décide des programmes ? Rappelons qu'il y a deux ans, il soutenait une loi quasi-révisionniste sur les bienfaits de la colonisation.

Et donc comme à chaque fois que cela tangue, le Président repart visiter des usines pour y aller de ses petits couplets populistes sur la hausse des prix, le travailler plus et la protection de l'emploi.

A Orléans, il s'en prend à la Région Ile de France, responsable selon lui de « tous ces pov'gens entassés dans le RER A ». Précision utile, le STIF, organisme de tutelle de la RATP, n'est passé sous l'autorité de la région qu'ne 2006. LE retard d'investissement dans le RER date de bien plus longtemps, d'une époque où le président fut ministre du budget, de l'intérieur, de l'économie, dans des gouvernements que rien n'empêchait de penser à ces « pov'gens ».

A peine si l'on se souvient du dernier couac trois jours après : Devedjian veut la peau des 35 heures, le ministre du travail (élégamment surnommé « Bienvenue chez lèch'cul » par le Canard Enchainé) et Sarko disent le contraire. Puis soudainement en fin de mois, à la faveur de l 'adoption de la loi sur le représentativité des syndicats, on vote en catimini un amendement stipulant que la durée du travail relève dorénavant d'une négociation dans l'entreprise.

Tout cela sonne de plus en plus creux, de plus en plus faux. Le cynisme se mêle à l'amateurisme qui n'a plus qu'à laisser s'exprimer et s'épanouir  les incompétences naturelles.

Ils auraient bien tort de faire différemment d'ailleurs puisque ce temps là au PS …

Combien de temps cela va-t-il encore durer ?

Ça va mal finir, dit l'un

Il faut qu'il parte, rétorque un autre

Allez, chiche, on commence à y
croire ?

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