La démission du Dr Xavier Emmanuelli de ses fonctions de Président du Samu Social jette une lumière crue sur l'état de délabrement avancé et le recul de l'engagement de l'Etat po

  La tâche du SAMU Social est pourtant immense. Le nombre d'appels au 115 se fait chaque année plus importante. Entre l'hiver 2008-2009 et 2009-2010, l'augmentation du nombre d'appels a été de 64%. 18 350 personnes ont été hébergées, pour un total de 1 550 500 nuitées, soit une augmentation de 6% pour les personnes isolées et de 16% pour l'hébergement d'urgence de familles par rapport à l'année 2008. Dans le même temps, le budget du SAMU social s'est réduit comme peau de chagrin avec en point d'orgue la décision prise par l'état de diminuer les crédits alloués de 24%. Les conséquences sont immédiates : l’an dernier, ces fonds ont couvert 9 364 nuités par jour sur l’année. Avec une telle diminution, seules 7 100 nuités par jour pourraient être financées alors qu'on estime à 13 000 le nombre de places d'hébergements d'urgence manquantes pour la seule Ile-de-France. C'est sur le terrain que les conséquences de cette politique de coupes budgétaires sont les plus dramatiques. Privées d'hébergement d'urgence, sans solutions de relogement, ce sont désormais des familles entières que l'on voit arriver dans les services d'accueil des urgences des hôpitaux, notamment des jeunes, des mères isolées ou des retraités aux pensions trop faibles? Alors que notre pays peut compter sur les forces vives de nombreux acteurs associatifs très organisés et très compétents, il y a là une double trahison d'un Etat qui se repose sur ce tissu associatif pour l'action et en profite pour se désengager financièrement. Nous sommes très loin de la promesse de campagne de Nicolas Sarkozy qui, le 18 décembre 2006, dans un discours à Charleville-Mézières avait annoncé « Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid. Parce que le droit à l'hébergement, je vais vous le dire, c'est une obligation humaine. » La mise en concurrence de l'hébergement d'urgence et des solutions de logements durables selon l'idée anglo-saxonne du « housing first » relève d'une idéologie dangereuse. Alors que le système d'accueil de l'urgence sociale est au bord de la rupture, une politique équilibrée doit s'appuyer sur ses deux jambes : l'hébergement d'urgence comme reprise de contact avec le système d'aide sociale avec pour perspective un logement durable le plus rapidement possible. Faire des économies sur la misère humaine est immoral et irresponsable. La situation n'est plus gérable aujourd'hui. Non seulement les plus démunis sont laissés à l'abandon, mais en plus, la politique du gouvernement met à sac le travail extraordinaire des bénévoles et professionnels de l'action sociale au service des exclus. C'est la fabrique du découragement. Comment une société peut-elle se regarder en face si elle n'est pas capable de tendre la main vers les plus démunis ? Il ne s'agit pas de promettre monts et merveilles, mais simplement de s'engager dans une politique pérenne en faveur des plus pauvres, construite sur un compromis national et menée tout au long de l'année. Les moyens doivent être assurés et l'Etat doit être le garant de la coopération des différents opérateurs privés et publics. La nation France est capable de cette solidarité élémentaire et incompressible. La balle est dans le camp du gouvernement pour que l'acte de Xavier Emmanuelli ne soit pas vain.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.