Idée reçue #6 : La gauche ne propose rien en matière de sécurité

Article complet paru dans Le Monde du 3 septembre 2010

 

Le « pacte de tranquillité publique » repose sur une nouvelle méthode et de nouvelles propositions. Sur la méthode : élus de gauche et élus de droite, élus nationaux et élus locaux, magistrats, policiers et gendarmes, enseignants et éducateurs, doivent rechercher ensemble des solutions concrètes. Il est devenu indispensable de mobiliser toute la société pour faire reculer la violence et la délinquance. Certes, toutes les solutions ne seront pas consensuelles mais ce qui peut l’être doit être identifié comme tel, faire l’objet d’un accord au profit de la population.

?

La baisse continue des effectifs est devenue une plaie : moins 10 000 policiers en trois ans sur le terrain et dans les commissariats, ce sont des milliers d’infractions qui auraient pu être évitées. Mais il faut insister sur la nécessité de réduire les inégalités territoriales les plus manifestes. Pourquoi Paris a-t-elle 1 policier pour 172 habitants, quand Aubervilliers en a 1 pour 418 ? Le débat doit être ouvert de manière transparente et contradictoire.

?

Mais je ne doute pas qu’un accord de bonne volonté puisse se dessiner pour remettre les policiers sur le terrain, en les faisant vivre parmi la population, dans la population, pour la protéger par une présence permanente, à la fois dissuasive et confiante. C’est un travail de reconquête patiente qui prendra du temps et nécessite un accord dans la durée et un compromis politique durable.

 

REDONNER DU POUVOIR AUX HABITANTS

La sécurité doit devenir l’affaire de tous. Chacun a son rôle à jouer dans le recul de la violence. Parents, professeurs, éducateurs, psychologues, travailleurs sociaux sont autant de veilleurs qui voient ce qui se passe et doivent pouvoir alerter. Ils doivent nous permettre de retrouver un minimum de consensus et de sérénité sur le problème de la délinquance des mineurs. Les adolescents doivent apprendre le respect de l’autorité, mais ils ne sont pas des adultes et aucune situation n’est identique à une autre. Il doit y avoir sanction, mais elle doit retrouver progressivité et pédagogie, ce qui suppose de remobiliser toute la société des adultes et remotiver chacun autour de la recherche collective de solutions concrètes.

Au-delà de ces premières orientations, qui peuvent susciter l’adhésion de tous les républicains, je fais également la proposition que nous progressions dans une direction plus radicale encore, qui me paraît à ce jour seule susceptible de répondre aux attentes de la population. Nous devons redonner du pouvoir aux habitants, qui doivent être associés à la lutte contre la délinquance. Non pas une rapide enquête de satisfaction, ou une réunion de veille d’élection, mais un dispositif qui s’inscrira dans le temps et la confiance.

?

Nous avons besoin de forces de sécurité publique plus proches de la population et des territoires, mais nous ne voulons pas d’une municipalisation, qui provoquerait trop d’inégalités entre communes. Mais les préfets s’intéressent-ils vraiment aux besoins de la population ? Au niveau local d’autres solutions sont possibles dans la mise en mouvement des forces de l’ordre. Examinons-les.

Forte de l’aspiration au changement qui traverse le pays, la gauche veut des idées neuves pour la France. La sécurité fait partie de ces transformations, dans le respect de nos valeurs respectueuses des êtres humains et de leurs libertés. Mais veillons à restaurer les conditions d’une réussite dans la durée. Tel est le sens de ce « pacte de tranquillité publique » que je propose.

 

Arnaud Montebourg, député PS et président du conseil général de Saône-et-Loire

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.