Chronique de la rupture #87 ? Mars 2012 : Interruption momentanée du programme

En début de mois, le président-candidat est en campagne à la radio. A défaut de programme, son discours concerne celui de son principal rival et s’articule autour du triptyque : mensonge, assistanat, impôt. Il prétend que les mesures fiscales annoncées la semaine dernière par François Hollande vont faire fuir les riches : « Qu’est ce qui restera en France quand les riches seront partis ». Ce matin Sarkozy interpelle, contre-questionne, agresse dès qu’il se sent en difficulté pour répondre à une question.

Et il en sera ainsi durant toutes ses interventions audiovisuelles de cette première quinzaine de mars : l’anathème et l’instulte comme principaux arguments de campagne. Son bilan est un boulet, son programme n’existe pas, alors que lui reste-t-il ? Ses armes principales

Par deux fois la vulgarité du président-candidat atteindra des sommets, ou touchera le fond, au choix du lecteur :

? Un « quel couillon va ! » à l’encontre d’un jeune journaliste qui lui demande pourquoi il a fait envoyer des gaz lacrymogènes sur des délégués syndicaux d’Arcelor Mittal venus à sa rencontre devant son siège de campagne

? Il se montre cassant et méprisant avec la rédactrice en chef de France Inter. D’un geste de la main, « chuuuut », il lui intime de se taire alors qu’elle vient de lui poser une question.

En résumé, sa parole lors de ces émissions télévisées se résume à : Tout ce qu’il a fait, il n’aurait jamais dû le faire, et tout ce qu’il n’a pas fait, cela constitue son projet pour 2012.

Grand discours à Villepinte, l’UMP rapporte une affluence triple de la contenance de la salle. Une annonce-choc de plus, en direction des souverainistes : « Si je devais constater que dans les douze mois qui viennent il n’y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen jusqu’à ce que les négociations aient abouti. »

 

Puis surviennent à Montauban et Toulouse le dramatique assassinat de trois enfants et de quatre adultes par un tueur isolé. Deux jours plus tard, le terroriste est assiégé puis abattu par la police à son domicile. Tons haletants, bandeaux « édition spéciale », défilés d’experts sur les plateaux : les TV dont les chaines info en font trop.

Une question subsistera a jamais : au lieu de s’occuper des fadettes des journalistes ou d’épiciers bios, le commandement de la DCRI qui avait depuis longtemps identifié cet individu comme dangereux, aurait-il pu agir préventivement et éviter le drame ?

Et pendant tout ce temps-là, la justice tente de faire son travail : la trace d’un retrait de 10 Millions d’Euros retrouvée en Suisse la veille d’un dépôt en France, les mises en examen qui se poursuivent? Ségolène Royal aura le mot juste en déclarant que le président-candidat a peur de perdre l’élection parce qu’il a « absolument besoin d’être réélu pour être couvert par l’immunité présidentielle ».

Finalement, cela semble facile d’être président-candidat : On invente les propositions de son adversaire (à défaut d’en avoir à exposer), on comprend ce qu’on veut, on caricature, on s’insurge bruyamment, on annonce qu’on fera le contraire.

Les énormités finissent par payer, les courbes des sondages se sont rejointes pour le premier tour.

J-22, et toujours pas de programme de l’UMP et de son candidat.

Nous entamons, espérons-le, le dernier mois entier de sarkozysme.

 

 

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