Congrès : comment s’en sortir ?

Avec ce mode « rénové » de désignation de son premier secrétaire et de ses premiers fédéraux, le PS s'est mis une belle épine dans le pied.

 

En ce qui me concerne, je prends pour hypothèse que personne dans cette histoire n'est vraiment mal intentionné.

 

Et si, tout simplement, le parti dans sa globalité s'était involontairement piégé ? Souvenons-nous :

 

  • Une réforme votée par les militants fin 2009, confirmée par la direction du parti en juillet 2010, une réforme qui entérine en autres le non-cumul des mandats et un nouveau mode de désignation du futur dirigeant, dans le but de mieux y impliquer les militant(e)s. Personne ne s'est soucié à l'époque du mode de désignation des premiers signataires des motions. Ce changement de mode de désignation (et le retour à une logique purement « proportionnelle » et « parlementaire ») avait pour but
    1. de lever toute ambiguïté sur le leadership du parti (signataire motion ou 1er secrétaire élu) 
    2. de remettre en cause le caractère et de refaire des motions des vrais textes d’orientation politique et non des paravents à des compétitions de personnes 


  • Ensuite tout s'enchaîne : Des victoires  au printemps 2012 , à la présidentielle puis aux législatives, les cadres du parti absorbés pour la plupart d'entre eux par l'action gouvernementale, et enfin ce congrès de Toulouse dont la date ne fut décidée qu’en juin 2012.

 

  • Une envie, louable au demeurant, de ne pas rejouer la guerre des chefs en public, à l'heure où la tension sociale s'aggrave, où le gouvernement se concentre sur le redressement du pays, et où dans le même temps l'UMP s'étripe et ne parvient même pas à mettre un paravent idéologique devant sa guerre des chefs. C'est cette envie de « bien se tenir » (une vraie innovation au PS) qui conduit au dépôt d'une motion gouvernementale. Le problème étant maintenant qu’avec cette motion annoncée ultra-majoritaire, le vote parait confisqué.

 

 

  • Et là, lorsque l'on met tout cela bout-à-bout : 

 

 

[Réforme de 2010] le premier signataire de la motion arrivée en tête devient premier secrétaire  

+

[contexte 2012] une motion quasi-unique

=

un congrès aux allures nord-coréennes

=

le piège.

 

La situation est d'autant plus inextriquable, que les instances de gouvernance du PS, tant au niveau national qu'au niveau départementaux, sont composées à la proportionnelle des voix recueillies par les motions. S'il y a motion unique ou largement majoritaire, la proportionnelle est biaisée, le piège se répercute à tous les niveaux locaux de la même façon. Et en guise de débat, ne pourront s’exprimer que des individus en quête de mandats fédéraux.

 

Le vrai souci côté démocratie réside aujourd'hui, tant au niveau national qu’aux niveaux départementaux, dans ce mode de désignation du premier-signataire-de-la-motion-quasi-unique-appelé-à-devenir-premier-secrétaire.

 

Je le répète, on ne prête de mauvaise intention à personne, je veux croire que le PS s'est bien involontairement « auto-piégé ». Reconnaissons humblement que personne à l’époque n’a songé au « mode de désignation du premier-signataire-de-la-motion-quasi-unique-appelé-à-devenir-premier-secrétaire. »

 

Là, c’était flou, il y avait un « loup », que personne (personne ?) n’a su voir et à fortiori relever.

 

Harlem Désir a proposé la semaine dernière une désignation du premier secrétaire au suffrage direct des militants : c'est élégant, mais non conforme à la réforme de 2010, donc contradictoire et de ce fait difficilement jouable.

 

Alors, comment sortir de l'ornière ?

 

A l’issue d’un congrès de Reims contesté, la Première Secrétaire n’avait pas vraiment réussi son entrée. A la veille d’un congrès de Toulouse frustrant, elle ne se rattrape pas avec sa sortie. C’est une page qui se tourne. C’est le début d’une vraie-fausse rénovation qui s’achève. Qu restera-t-il de cette période ? les primaires, grâce à qui nous savons. Le non-cumul des mandats, peut-être.

 

Doit maintenant venir le temps de la rénovation profonde, réfléchie, aboutie, innovante.

Ce temps doit venir dès le lendemain du congrès de Toulouse. D’ici là, serrons les dents, travaillons localement à la mise en place d’appareils fédéraux qui complèteront ce travail largement inachevé de rénovation. Ça prendra longtemps, ce sera dur, tant les anciennes pratiques et leaders locaux sont bien ancrés. A nous, militants rénovateurs, de faire le maximum pour peser dès novembre sur le destin du parti et d’oeuvrer à sa transformation.

 

Mais cette question du congrès et du parti paraissent tellement dérisoires, en regard des enjeux auxquels sont confrontés le pays et le département. Nos combats, notre énergie doivent être ailleurs.

 

Le gouvernement et les parlementaires ont travaillé tout l’été, pris des premières mesures déjà effectives (enseignement, impôt, loyers par exemple), enclenché des réflexions en profondeur, fait vivre la concertation sur les questions sociales, sur le logement, sur la politique industrielle, sur l’envoronnement, sur la fiscalité, sur la réduction du déficit.

 

Et tout ça pour se faire traiter de « nuls » par un hebdo obsolète, jadis nouvel, jadis allié de la Gauche, jadis respectable, aujourd’hui sevré ? comme pas mal de ses confrères ? d’agitation sarkozyste, et uniquement préoccupé par son tirage.

 

Ce sentiment d’inaction, relayé par les perroquets de l’UMP et par cette presse en mal de lectorat, ce congrès « d’un autre temps » sont en train de gâcher la rentrée et sont la cause, au sein de la population comme chez de nombreux militants, de cette impatience, de cette crainte lancinante de l’échec, de ce malaise chaque jour de plus en plus poisseux.

 

Seules une communication et une pédagogie « de mobilisation », expliquant en d
étail ce qui est engagé en référence aux 60 propositions de François Hollande, présentant les hypothèses, partageant les options, évoquant les priorités, sincère sur les échéanciers, permettra d’évacuer rapidement ce sentiment d’inconfort.

 

Mettons-nous y, tous, militants, journalistes d’investigation, essayons de bien comprendre ce qui se passe, ici et maintenant, et parlons-en.

Ça nous redonnera le moral, à nous et comme à nos concitoyens !

 

Et en passant, le PS sortira ainsi « par le haut » d'une situation bien embarrassante. Et nous tous également.

 

 

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