** « Salut et Fraternité », c’est par ces termes que l’économiste Georges Villeneuve conclut rituellement ses messages, dans lesquels il nous fait part de ses commentaires, réactions et propositions. **
Message adressé au courrier des lecteurs du journal « Le Monde ».
Une erreur intellectuelle est à la base du CICE « complété par le pacte de responsabilité » (pp 6/7 du 19/8)
BJR chers rédacteurs du quotidien que j’achète au kiosque -au prix fort- depuis ma classe de première B en 1975. Je trouve votre articles : La rentrée à haut risques de François Hollande sur deux pages superficielles et légères ET j’ai de moins en moins envie de m’abonner !
On y lit : « Non seulement les résultats font défaut – la croissance est nulle , la France compte 130000 chômeurs supplémentaires » avant de changer d’idée et diverger (?) sur la communication gouvernementale. Une liaison aurait du venir à l’esprit du rédacteur . Et s’il s’agissait là de deux conséquences de la rigueur budgétaire, entamée depuis novembre 2011 par le gouvernement Fillon qui ordonna 30 milliards d’impôts supplémentaires sur l’année fiscale 2012 ? et poursuivie par le gouvernement Ayrault sur les exercices 2013/2014 ?
Ensuite l’article laisse la confusion sur la politique de reconstitution des marges des entreprises . Rappelons que le taux de marge industrielle et commerciale c’est le rapport de l’excédent brut d’exploitation dans la valeur ajoutée -produite et non vendue- est calculé hors distribution des dividendes mais qu’il finance – théoriquement en totalité. Tout chef d’entreprise, PDG ou administrateur a donc intérêt à dire à ses actionnaires que « les marges augmentent » ; ceux seront rassurés sur le paiement futur d’un dividende au titre de l’exercice comptable. Le MEDEF doit sourire de la méconnaissance du gouvernement sur l’utilisation probable de cette marge EBE/V.A augmentée par le C.IC.E ou baisse de charges : elle servira d’abord des dividendes, ensuite des dépenses publicitaires ou investissements informatiques, dans le meilleur des cas ! Des investissement industriels ou d’emplois salariés n’existent que dans la formule désuète du chancelier Schmidt qui l’énonçait dans un marché commun protégé alors qu’il n’y avait pas de mondialisation des échanges (O.M.C 1994).
Une déclaration du ministre M. Sapin au journal LIBERATION (18 août 2014) le confirme: « Les entreprises ont d’abord un problème de marge. Elles n’ont plus la capacité de faire face à la moindre difficulté, au moindre investissement ,de prendre le risque de l’innovation, d’attaquer des marché à l’étranger ». Le ministre aurait dû parler de CAPITAL ou FONDS PROPRES comptables et si l’on remplace le mot « marge » dans la phrase celle-ci devient alors financièrement correcte puisque c’est le CAPITAL qui doit supporter les risques d’exploitation et d’investissement. Mais si le ministre est convaincu -comme le voudraient les PDG du MEDEF- que les entreprises doivent se développer sans financement permanent à risque, apporté par les actionnaires, alors c’est la gestion financière des sociétés anonymes qu’il méconnaît. Ou que le ministère de Bercy tout entier méconnaît depuis six ans déjà : les sociétés de capitaux ne peuvent se passer d’augmentations de capital en numéraire. Les augmentations de marge, elles, servent à être annoncées aux investisseurs qui y fondent leur espoir de voir le cours de l’action progresser en Bourse des valeurs.
Salut et Fraternité